Cher commerçant
Je m’adresse rarement à mes lectrices (s’il y a des lecteurs qu’ils se montrent surtout) en les tutoyant, ce n’est juste pas mon style mais une fois n’est pas coutume, j’ai envie de m’adresser à toi le commerçant. Toi qui a une petite (ou grande) boutique en ville (et même dans un village), toi qui as pignon sur rue comme on dit. Toi qui croules sous les charges locatives et qui dénonces la concurrence déloyale d’internet et les fins de mois difficiles. Toi commerçant d’aujourd’hui et pourtant encore d’hier – et là ça y est je sens que tu me maudis – que tu maudis Google et tout le web entier pour avoir révolutionné ton métier sans ne rien te demander.
Toi qui, hier, était le seul en ville à vendre cette marque, toi qui avais l’exclusivité, le carnet d’adresses des fournisseurs qu’on ne trouve que sur les salons, tu n’es plus tout seul car d’autres culottés sont venus piétiner ton herbe verte sans se fatiguer, le cul sur leur chaise, derrière leur ordinateur. Je comprends que tu l’aies mauvaise, si si même si je suis une accroc du net, je reste petite-fille et fille de commerçants.
A toi qui t’exaspères devant le client qui se sert de ton magasin comme d’un showroom et d’une cabine d’essayage sans scrupule aucun, ne l’insulte pas mais profite qu’il soit là, chez toi avec une envie d’acheter. Fais ton boulot de vendeur et démonte ses objections une par une, car non le net n’est pas (toujours) moins cher. Utilises la parade des frais de port, des livraisons en retard, des erreurs de commande, des objets cassés. Fais ton boulot de conseiller et montre lui que : oui le magasin c’est bien. Parce que dedans il y a des humains. Parce que toi tu connais ton métier et tous les objets que tu vends (normalement). Parce que si tu ne sers à rien, derrière ta caisse, tu donnes raison à Amazon et les autres méchants du web.
A toi qui déplores tes quelques visiteurs qui te disent à peine bonjour et au revoir, le nez dans leur smartphone, dis leur que toi aussi tu en as un, de smartphone et qu’en plus tu kiffes Instagram, qu’il peut prendre une photo de ta vitrine et la poster sur les réseaux avec le bon tag et le bon hashtag. Arrêtes de maudire Face de book, comme tu l’appelles, et réalises combien cet outil pourra t’aider à ramener du monde dans ta boutique.
Toi qui ne supportes plus que tes clients fassent leurs courses sur le net le soir depuis leur canap’, dis lui que toi aussi tu as un site web et même un blog sur lequel tu publies tes actus et tes nouveautés. Dis lui qu’il peut se faire livrer en boutique et que tu proposes même des facilités de paiement. Ah ba oui c’est sûr ça en fait du changement, mais rassures-toi : ça ne va faire qu’empirer. Même moi j’ai l’air d’une cruche quand on me parle de Snapchat…
Mais dis toi bien que tu n’as plus le choix, que même si avant vous faisiez sans, avant c’était avant. Comprends bien que ce n’est pas juste une mode et que ça leur passera. Je t’invite d’ailleurs à aller lire l’étude sur le sujet de Catherine Barba. Elle te dira, mieux que moi, que non “Le magasin n’est pas mort”. Elle te dira que si toi aussi tu t’y mets au net, tu auras toutes les chances de survivre mais que si tu refuses ce virage parce que “dans le temps c’était mieux”, tu te tires tout seul une balle dans le pied.
Bon, je crois que je t’en ai assez dit et que si je ne t’ai pas convaincu d’accepter la réalité, je peux juste te conseiller de t’inscrire sur Google Business pour que le gentil client puisse te trouver facilement depuis son lit et venir te dire bonjour un de ces jours !
Amélie
4 février 2016 at 8 h 26 minMouahaha, mais tellement ! Autant je ne mets plus un pied dans les grandes chaines qui m’insupportent (juste à voir comment sont traités les employés), mais qu’est-ce que j’adore les petits commerçants, ceux qui te reconnaissent, prennent le temps, écoutent … et ça va de la boulangère à l’épicier en passant par le cordonnier et la marchande de thés !
C’est drôle, mais justement, à l’ère d’internet, je suis repassée à une consommation locale de quartier (okay, je suis à Lyon, c’est facile). C’est surement car je suis aussi plus ou moins commerçante du quartier, et que j’ai beaucoup plus en tête les préocuppations qu’ils peuvent avoir et je préfère les soutenirs eux. Finalement, je fonctionne à l’inverse, je me renseigne sur internet et j’achète chez mes commerçants adorés !
Sophie-Charlotte Chapman
4 février 2016 at 13 h 03 minvoila ! alors explique leur qu internet ne pourra que les aider 🙂
Marie-Maguelone
4 février 2016 at 10 h 37 minJ’adore!! Je n’aurais pas dis mieux!! Bravo et oui il faut vivre avec son temps sinon on ne vit pas ou tente de survivre !!
Utiliser les outils du net est un atout à ne pas négliger et le facteur humain qui se cache derrière est bien le plus important!! Certains l’ont compris, d’autres non… Tant pis pour eux! Merci pour ce coup de gueule !! Et Belle journée !
my french touch
4 février 2016 at 13 h 12 minC’est bien dit je trouve, il faut juste savoir rebondir.
Carole
coccinelle 92
4 février 2016 at 13 h 44 minOK je suis d’accord, le commerce de proximité c’est bien … quand ça marche, qu’il y a l’amabilité et que les prix sont intéressants … Dans mon quartier, il y a une boulangerie qui a une époque fonctionnait très bien et le dimanche matin et le soir en semaine il y avait du monde et tout était bon. Depuis qu’ils ont vendus et ensuite cela a été revendu on ne trouve plus de gâteaux même le dimanche. L’épicerie autrefois un Félix Potin c’était génial, depuis les gérants ne cessent de “passer” et j’ai appris dernièrement qu’à la place il y aurait un kebbab ou un truc de ce genre … je n’ai rien contre mais les jeunes vont se regrouper autour et faire un peu le bazar … Ces commerces pourraient tenir s’ils y mettaient du leur … il y a l’amabilité mais c’est tout : trop cher, pas assez varié … Voilà c’était mon coup de gueule à moi … bonne journée à tous
Gaëlle-Anne
4 février 2016 at 21 h 47 minBien dit! Bravo