ENTREPRENDRE, Vente

Réussir sa campagne de crowdfunding

C’était en juin dernier, l’exposition photographique, signée Sarah Couturier, ouvrait ses portes à la galerie L’Etabli, à Rouen. Trois jours d’expo qui mettait à l’honneur 12 femmes normandes entrepreneuses et créatives. Mais si cette expo a pu voir le jour, c’est grâce à beaucoup de paramètres qui se sont accordés pour un parfait résultat (selon moi et en toute modestie lol). Ce projet est né un peu de nulle part, d’une rencontre d’il y a si longtemps que je ne saurais dire quand avec Sarah, de son coup de fil en panique pour son stage, de cette idée floue que j’avais dans un coin de ma tête. C’est aussi le fruit de 11 autres rencontres avec ces femmes qui ont accepté de recevoir Sarah et de jouer le jeu le temps d’une demi-journée dans leur atelier. Exercice pas toujours évident. C’est l’histoire de centaines de clichés. Au début, c’était juste une mission. Rien de figé, tout dépendrait du résultat. Et comme des photos que personne ne voit, ça ne sert à rien et qu’elles n’avaient clairement pas vocation à rester dans leur coin, l’idée d’une expo s’est imposée d’elle-même.

Mais une expo, c’est un budget : le tirage des photos en différents formats sur du papier de qualité pour un rendu à la hauteur de la photographe, des cadres corrects qui les mettent aussi en valeur, la location de la galerie, l’impression des flyers et des affiches pour communiquer sur l’événement… J’ai commencé par lister tous ces postes de dépenses et à les chiffrer. J’ai sorti un premier jet à la louche en faisant des recherches sur le net et puis au fur et à mesure j’ai affiné mes chiffres en demandant plusieurs devis en local. J’ai sorti un premier budget rapidement trop élevé à mon goût. J’ai revu les quantités (avait-on vraiment besoin de 200 cartons d’invitation ? devaient-il forcément être recto/verso ? avait-on besoin d’un sticker grand format pour la vitrine). Je suis donc descendue à 1500 euros tout frais compris.

J’ai ensuite étudié les différentes plateformes de crowdfunding. Je n’était pas sans les connaitre, nous en parlons dans notre guide des entrepreneuses créatives (ed. Eyrolles) mais je n’avais encore jamais testé ce processus par moi-même. J’ai donc demandé aux créatrices qui étaient déjà passées par là de me conseiller d’après leur expérience. C’est de cette façon que mon choix s’est tourné vers Ulule (la plateforme Bulb in town me plaisait bien aussi pour leur côté local et proche de nos territoires régionaux). Et là, j’ai pris conscience du travail qui m’attendait : concrétiser sa campagne en ligne, lui donner forme, trouver les bons mots, les bons visuels, les bons arguments… et les bonnes contreparties ! Je m’y suis donc prise à plusieurs reprises, en me donnant le temps de la réflexion et en sollicitant les 11 autres entrepreneuses qui avaient pris part au shooting. Leurs remarques et leurs suggestions m’ont permis de peaufiner mon texte. A ma grande surprise, j’ai été contactée par une “conseillère” Ulule, qui a pris connaissance du projet et a commencé à pointer du doigt ce qu’il manquait sur la page de la campagne, comment je pouvais l’améliorer. Au début, je n’y ai pas plus fait attention que ça et quand j’ai réalisé ce qui m’attendant, que 1500 euros ça ne se trouve pas comme cela, surtout pour un projet local, sans envergure nationale ou cause sociale/humanitaire. J’ai alors suivi ses conseils et je dois dire que chaque fois cela “payait”.

Le choix des contreparties n’a pas été non plus une mince affaire. Que proposer ? A quel prix ? J’ai de nouveau fait appel aux créatrices leur demandant si elles pouvaient offrir l’une de leurs créations. La photographe a aussi accepté d’offrir des séances photos. J’ai proposé des séances de coaching et comme nous allions travailler avec un imprimeur compétitif, il y aurait aussi des sets de cartes postales de l’expo (pour rester dans le thème de la photographie et comme cela se fait beaucoup dans les expos et les musées). Tout était donc prêt. J’avais 30 jours pour récolter 1500 euros. J’avais bien compris que si je n’arrivais pas à convaincre mes proches de m’aider même avec 5 euros il serait difficile de convaincre des moins proches voire des inconnus. J’ai donc :

  • envoyé des emails personnalisés à chaque contact que je savais susceptible d’être interessé par ce projet et les ai relancés
  • profité de ma présence online pour diffuser l’information au plus grand nombre
  • contacté les personnes dont j’avais relayé les campagnes de financement ou auxquelles j’avais participé
  • sollicité la participation des entrepreneuses de l’expo et les ai tenues informées quasiment chaque semaine de l’avancée de la récolte d’argent pour qu’elles relaient elles aussi de leur côté
  • enrichi la fiche sur Ulule une fois l’affiche réalisée
  • suivi les chiffres et les actions à mener au jour le jour
  • contacté la presse locale (il faut savoir qu’elle utilise les plateformes de crowdfunding pour trouver des sujets régionaux intéressants)
  • relu les conseils donnés par Ulule pour essayer de les appliquer à la lettre

Une fois l’objectif atteint, j’ai relâché la pression alors qu’il restait un peu de temps avant la fin de la campagne et ce, malgré les conseils d’Ulule. Il faut savoir que leur service a un coût : 7% de l’argent que vous récoltez (ce qui n’est pas négligeable : pour 1500 euros trouvés vous leur reversez 105 euros), chose que je n’avais pas prévue/vue/lue (il faut bien qu’ils se rémunèrent quelque part et sans eux et leur outil je n’aurais pas obtenu cette somme). J’ai cependant apprécié leurs encouragements tout au long de la campagne, un peu comme un coach sportif qui vous accompagne jusqu’à la fin et même après la course.

Ma campagne est encore accessible et consultable à cette adresse :  https://fr.ulule.com/portraits-dentrepreneuses/. Je vous invite à faire un tour sur les fiches d’autres projets pour voir comment elles sont conçues et articulées, cela vous donnera très certainement des idées pour la votre notamment en terme de description et de contreparties. Un dernier conseil : je pense qu’une campagne ne peut sensibiliser les gens que s’ils peuvent s’identifier au projet. Le mien avait un but informatif et pédagogique : montrer qu’on peut se créer un travail de ses mains. Se faire financer un voyage juste pour le plaisir serait un peu plus difficile… Je ressors satisfaite de cette expérience et vous encourage à tester ce mode de financement ouvert à tous.

2 Commentaires

  1. Regardez Demain, le film | Ma Petite Valisette - Le Blog

    30 janvier 2017 at 13 h 14 min

    […] n’étais pas allée le voir en salle mais j’avais suivi sa genèse ou tout du moins son financement participatif sur la plateforme Kisskissbankbank. J’avais lu tous les commentaire surper enthousiastes sur […]

  2. Donner son temps – Vivre de sa créativité

    4 mai 2017 at 20 h 02 min

    […] à y passer ses nuits ou ses week-ends, c’est le principe du Crowdtiming (inspiré du crowdfunding). Vous trouverez ainsi de chouettes de projets bénévoles à rejoindre sur la […]

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