Doit-on rechercher la perfection à tout prix ?
La réponse à cette question vous semblera sans doute évidente : bien entendu nul n’est parfait et nul n’est tenu à la perfection, ni même selon moi à la recherche de la perfection. Pourquoi ce sujet aujourd’hui ? Ce post est en réalité inspiré d’une expérience vécue cette semaine sur Instagram. Ce post est un coup de gueule mais aussi une réflexion personnelle qui j’espère vous incitera vous aussi à vous poser certaines questions sur vous et sur les autres.
Ce post est ma façon à moi de ne pas tout envoyer valser parce qu’UNE personne, UN jour, a laissé UN commentaire désagréable. A vrai dire, il n’y avait pas d’insultes dans ses mots, et c’est déjà bien mais en réalité on sentait dans son expression, une pointe d’agacement et un reproche auquel je ne me serais jamais imaginée être confrontée. On m’a reproché le contenu léger de mes contenus téléchargeables par le passé, on m’a reproché de tout monétiser, on m’a reproché le prix de mes prestations mais on ne m’avait pas encore reproché le point qui va suivre.
J’en viens donc à cette remarque reçue cette semaine sur Instagram. J’avais publié quelques jours auparavant sur mon feed le visuel de la formation en ligne que je co-anime en janvier prochain autour de notre livre Organiser des ateliers créatifs pour celles (et ceux – attention on pourrait aussi me reprocher mon sexisme…) qui souhaitent se lancer dans l’animation d’ateliers créatifs. Le texte sous ma photo est celui que vous pouvez retrouver sur la fiche produit de cette formation en ligne pour animatrice d’ateliers créatifs (et animateurs !!!). On y trouve donc le fonctionnement et les modalités de participation. Jusque là tout va bien. On y trouve aussi le prix : 60 euros au lieu de 90 euros pour les premières inscrites. Et non ce n’est pas le prix qui cloche ici. En fait, là où j’ai vraisemblablement fauté, c’est dans le fait d’avoir recours à un groupe privé Facebook. Ce groupe privé est en effet l’endroit où les participantes à la formation viennent rendre leur “travail” des semaines précédentes, poster leurs questions, lire nos réponses et nos commentaires mais aussi ceux des autres participantes. Le groupe reste ouvert après la formation et nous sommes chaque fois ravies de voir de chouettes rencontres se faire entre entrepreneuses créatives.
Cet outil a l’avantage d’être gratuit, accessible et facile d’utilisation par tous. Mais voilà : c’est Facebook. Et Facebook c’est le mal. Facebook ne censure pas l’information quand il le faudrait, Facebook permet l’infox, Facebook colporte les fakenews et permet à des présidents terribles d’être élus, Facebook ne déclare pas ses revenus comme il le faudrait et ne paie pas autant d’impôt qui le devrait, Facebook fait la loi (aux côtés d’Amazon, de Google et d’Apple). Facebook est un gros méchant loup en somme et moi petite entrepreneuse qui aura passé une sale année 2019 côté revenus professionnels indépendants a le toupet d’utiliser Facebook. Vous me direz sans doute de ne pas relever ce type de commentaire négatif (dont le but précis m’échappe encore), de supprimer ce commentaire et de passer à autre chose (et c’est ce que j’ai fait, du moins pour la suppression du com) mais je n’ai pu m’empêcher de lui répondre en essayant de mettre les formes (et dieu sait combien le fond de ma pensée n’en avait que faire des formes…). Je ne peux pas m’empêcher non plus d’aller plus loin dans ma réflexion. Il existe d’autres outils moins “corrompus” que Facebook. Pourquoi ne pas les utiliser me demanderiez-vous peut-être ? La réponse est simple et économique : nous avons à coeur de proposer aux entrepreneuses créatives des formations à des prix accessibles car nous savons combien leur budget peut-être serré, surtout lors du lancement de son activité… En fait, je pourrais aller plus loin dans l’explication de la motivation de nos choix mais en réalité je n’ai pas envie de me justifier.
Ce qui me chagrine ici c’est cette recherche perpétuelle de la perfection qu’il faudrait pouvoir satisfaire pour satisfaire la terre entière. Etre irréprochable pour tout, partout, tout le temps. Oui je prône avec Pitimana l’importance des achats fait-main, la responsabilité que nous avons chacun à consommer de façon pensée et posée pour éviter la surconsommation, le devoir que nous avons de soutenir l’économie locale, le commerce indépendant et l’entrepreneuriat féminin, le savoir-faire français, le travail manuel et la transmission de nos apprentissages individuels aux plus jeunes pour que le relais s’effectue sur des générations… oui j’ai des valeurs, mais je ne suis pas parfaite. Oui je défends et j’encourage les autres à les suivre aussi mais en rien je ne les impose, en rien je ne critique celles et ceux qui ne placeront pas du fait-main sous le sapin. Nous ne sommes pas grand chose sur cette Terre, nous ne sommes pas parfaits, nous essayons chacun à notre façon de contribuer d’une manière ou d’une autre à un monde meilleur. Des petits pas, des petits gestes, souvent maladroits, jamais méchants. J’ai l’impression qu’aujourd’hui il n’y a plus de place pour l’erreur. Nous devons toutes être parfaites, irréprochables. Depuis quand être entrepreneuse doit-il rimer avec être vertueuse ? Depuis quand devons-nous être des modèles de perfection absolue ? La perfection est dangereuse : c’est un idéal mathématique qui appartient au domaine de l’impossible selon moi. La recherche de la perfection vous rendra malheureuse.
A contrario, essayer de faire de son mieux est tout autre chose. Le “mieux” est relatif à chacun. Je fais de mon mieux et c’est déjà pas mal. Se contenter de son mieux c’est déjà énorme en fait ! Rappelez-vous qu’en tant qu’entrepreneuse : le seul contrat que vous avez avec vous même est celui de l’amélioration et non de la perfection. J’ai lu cette année l’ouvrage “Délivrez-nous du bien” de Natacha Polony. C’est son titre, à la référence catholique “Délivre nous de tout mal Seigneur” qui a fait écho et m’a intrigué en passant devant l’étagère des nouveautés littéraires. Vous apprécierez ou pas l’auteur (je ne la connaissais pas avant la lecture de cet ouvrage), vous pourrez vous offusquer de son contenu. Mais à travers ses lignes, on comprend combien la société d’aujourd’hui nous pénalise et nous incrimine si nous ne sommes pas “parfaits” : parfaits citoyens, parfaits laïques, parfaits écologistes, parfaits parents…. et la liste est longue… parfaites entrepreneuses pourrais-je rajouter. Non, nous n’avons pas à être parfaites, la perfection est une extrémité du bien et comme toute notion extrême, cette perfection est dangereuse. Contentons-nous de nos efforts quotidiens en souhaitant continuer la poursuite de nos efforts un peu plus chaque jour : demain je ferai un peu mieux, un pas après l’autre. Mais quand on sait combien il est difficile de survivre aujourd’hui en tant qu’entrepreneuse, dites-vous aussi, surtout à la veille de votre bilan personnel 2019 et à la veille de cette nouvelle année qui s’annonce, que vous ETES toujours là, et c’est déjà beaucoup.
Sophie
15 décembre 2019 at 14 h 48 minTrès intéressante analyse Sophie.
1 – Oui, facebook c’est le mal tralalala, mais si la personne s’était enlevée ses oeillères elle aurait compris que le point clef dans cette formation n’est pas le fait de prôner Facebook. Mais plus l’apprentissage et la collaboration et l’entraide qu’une telle plateforme correctement utilisée peuvent apporter et c’est le cas dans cette formation. La réactivité dont Sandrine et toi faites preuves grâce à ce média et dans le groupe, c’est aussi un succès et rassurant pour les participantes. Il n’y est pas fait de propagande et tout est fait dans la bienveillance. Je le sais pour avoir fait partie de la 1ere batch de cette formation en ligne et y avoir beaucoup appris.
2 – On est à l’air du fastfood thinking et du jugement facile. Il est oh combien facile de mettre des étiquettes, et la pression quand on ne fait pas, quand on n’a pas de choix à faire et surtout quand les conséquences de nos décisions/actions/mots ne nous touchent pas directement.
3 – La perfection est une illusion de la créativité humaine qui vient répondre à des peurs. Perso je prône l’imperfection 😉 Il n’y a pas si longtemps que ça la pensée unique et le besoin de perfection a mené aux camps de concentrations et aux pires atrocités humaines. Il est important de se le rappeler parfois…
Laure
16 décembre 2019 at 18 h 30 minOh Sophie-Charlotte, un immense merci pour cet article ! Il fait écho à ce que j’ai vécu cette semaine et me fait du bien, vraiment ! J’ai aussi reçu des critiques cette semaine qui m’ont fait douter, avoir envie de tout arrêter, et en fait, non c’était pas légitime ! Donc merci merci merci, je suis tellement heureuse que tu nous partages ce que tu vis, et cela m’aide tellement !