Ecrire et publier son premier livre
Il y quelques jours déjà, j’ai reçu l’appel d’une entrepreneuse créative qui avait comme projet éventuel de publier un livre. En réalité, depuis que j’écris des guides pour business créatifs ou en loisirs créatifs, cela m’est arrivé plus d’une fois de répondre à de telles demandes et c’est toujours avec plaisir que je partage mon expérience. Sandrine (Cousette Communication) et moi avons déjà publié trois ouvrages aux éditions Eyrolles depuis 2014 et sommes en train de travailler sur le prochain. L’écriture d’un livre (d’un guide dans notre cas) est un projet de longue haleine. Il s’est écoulé pour nous près (voire plus) de 12 mois entre les premières lignes du manuscrit et sa sortie en librairie. Cela peut paraître long, certains livres sont produits plus vite certes. Dans notre cas, nous co-écrivons les livres. Nous nous répartissons la charge de travail en fonction de nos préférences et expertises respectives. Nous relisons chacune les parties de l’autre et travaillons rarement en même temps. Le point fort de nos livres est l’intervention de nombreux témoins qui partagent leur expériences d’entrepreneuses et d’entrepreneurs, ce travail d’interview nous demande pas mal de temps : démarcher, questionner, rédiger… Nos guides s’adressent à une cible bien précise, celles des entrepreneuses créatives et des small business et tout le monde n’a pas pour projet d’écrire pour ce même public. Mais de ces trois publications, il est possible d’extraire plusieurs conseils qui peuvent s’appliquer dans le domaine du loisir créatif.
Etre claire sur son objectif
Pourquoi souhaitez-vous publier un livre ? Les motivations sont diverses et personnelles. Il peut s’agit d’un challenge que vous vous lancez, d’une envie de partager depuis longtemps votre savoir-faire, d’un besoin de reconnaissance, d’une volonté de vous crédibiliser auprès de vos clients. Ecrire un livre est une formidable expérience qui vous remettra en question plus d’une fois. Le doute est grand quand on se lance : est-ce que ce livre va plaire ? serai-je à la hauteur ? Un tel projet représente un investissement temps et énergie considérable qu’un raisonnement basé sur la rentabilité de votre taux horaire, ne pourra satisfaire. Beaucoup me disent que les livres que j’ai écrits ne me rapportent pas suffisamment par rapport au temps que j’y passe (les pauvres s’ils savaient combien de temps j’ai passé sur ce blog que je ne monétise pas…). Ces livres sont pourtant une formidable carte de visite et une vraie porte d’entrée pour de nouvelles missions que j’ai eu la chance de remporter. Ils me crédibilisent face à d’autres professionnels et rassurent mes clients potentiels.
Avoir une sujet différent
Vous trouverez des tas de livres sur la couture ou encore le tricot. Et pourtant les éditeurs continuent d’en publier. Ce qui les intéresse ? Un angle nouveau sous lequel votre sujet n’a pas encore été traité. Que ce soit au niveau de votre thématique, de la technique ou de l’audience, la différenciation peut se faire de différentes façons. Ainsi un livre sur le crochet pour les gauchers, un ouvrage de diy d’accessoires pour animaux ou encore un livre de recettes à faire avec les tout-petits sont autant d’idées qui positionneront votre projet de livre différemment et que l’éditeur pourra apprécier. Un second point consiste à proposer cette idée au bon moment : ni trop tôt ni trop tard et pour cela pas de recette miracle, la chance – selon moi – y est pour beaucoup. Qui n’a pas entendu l’histoire de la saga des livres Harry Potter, un livre doit son succès en partie à son époque. Il n’est pas rare d’entendre des histoires de livres ré-édités des années après leur sortie même si à l’époque ils n’avaient pas “cartonné”. Ils étaient en réalité bien trop en avance sur leur temps et le lecteur n’était pas prêt pour le lire. Les effets de mode jouent donc aussi dans l’édition, vous n’êtes pas sans avoir remarqué l’invasion de livres de coloriage depuis un bon moment maintenant ou encore les guides zéro-déchets qui se multiplient actuellement. Certaines tendances sont plus durables que d’autres. La saturation du marché arrivera plus ou moins vite selon les cas et il est important de porter un oeil attentif à ces phénomènes. Les éditeurs les repèrent en se basant notamment sur les publications anglo-saxonnes. Il est vrai que nous avons souvent quelques années de décalage face à nos amis américains notamment.
Répondre à un réel besoin
Un livre est une réponse. Il plaira parce qu’il apporte des solutions aux lecteurs qui se retrouvent dans le sujet que vous traitez. Plus vous maîtrisez le sujet, plus vous savez le communiquer de façon claire et pédagogue et plus votre livre sera agréable à lire. Il est évident que pour ce faire, il faut être à l’aise avec l’écriture et l’orthographe (et même en maitrisant ces deux dernières, les fautes arrivent toujours à se glisser entre les lignes!). Nos livres sont arrivés à un moment où de nombreuses créatrices se lançaient, portées par le statut nouveau de l’auto-entreprise et l’avénement des plateformes de vente pour créateurs du fait-main). A cette époque (en 2014), aucun livre pour les conseiller dans leurs démarches et les accompagner dans le développement de leur business créatif n’existaient sur les étagères des libraires français. Notre premier guide répondait à un réel besoin émis par ces entrepreneuses. Il leur apportait les réponses aux questions qu’elles se posaient toutes à un moment ou un autre de leur activité. Nos guides sont conçus sous forme de chapitres indépendants, il est possible d’aller piocher dedans selon la problématique rencontrée à l’instant t. S’ils se veulent intemporels, notamment Le guide des entrepreneuses créatives, ils prennent de l’âge et une réédition peut être nécessaire pour mettre à jour les textes de lois, les chiffres ou les témoignages.
Etre prête et organisée
Contacter un éditeur avec une idée ne suffit pas. Il voudra savoir qui vous êtes et si vous êtes légitime sur le sujet que vous lui proposez. En quoi êtes vous la meilleure personne pour en parler ? Bénéficiez -vous déjà d’une communauté active qui vous suit et vous apprécie pour vos propos ? Il faudra pouvoir démonter, arguments en main, que ce que vous avancez est vrai, qu’il existe un réel intérêt pour votre sujet. Arriver avec un manuscrit déjà fini est un plus mais cela suppose de devoir vous avancer sans aucune garantie de publication. Un plan détaillé sera donc nécessaire, on parle de “syllabus”. Si votre livre requiert des photos, avoir un photographe sous la main est un avantage ou maîtriser vous-même la photographie vous permettra d’économiser sur ce budget pas toujours pris en charge par l’éditeur. De cette façon, vous pourrez aborder les maisons d’édition préparée. Mieux vous pouvoir les rencontrer en “vrai” lors de salons notamment. S’adresser à la bonne personne, vous fera gagner du temps. Il est tentant d’être publié par une grande maison d’édition mais ne négligez pas les autres, notamment celles qui se lancent sur de nouveaux marchés (comme Glénat sur les loisirs créatifs par exemple ou Rue de l’échiquier sur les albums jeunesse) ou qui se spécialisent sur un segment particulier (comme La plage sur les sujets “écolos”). Prenez donc le temps d’observer ce que proposent déjà ces éditeurs, ce qui se passent en rayon en faisant un tour à la Fnac, chez Cultura mais aussi bien entendu dans toutes les belles librairies indépendantes que nos villes ont encore la chance d’avoir.
Publier un livre est pour beaucoup la réalisation d’un rêve, une réelle consécration. C’est en réalité une sacrée aventure. Des milliers de caractères tapés sur son écran, des centaines d’heures de travail et des coups de bourre de dernière minute pour les corrections de relecture. Mais le travail de l’auteur ne s’arrête pas (plus) à l’écriture et la relecture de son livre. Il est aussi en charge de la promotion de son livre – même si c’est aussi le travail de l’éditeur – un auteur a tout intérêt à s’impliquer un maximum dans la communication nécessaire au succès de son livre. Je vous recommande de suivre actuellement le compte de Manon, alias @mcommemuses sur Instagram, qui vient de sortir son premier ouvrage “Créer le meilleur de soi” et qui donne d’ailleurs le meilleur d’elle C’est en effet l’auteur d’un livre qu’on viendra voir sur un salon ou lors d’un atelier créatif. Les créatives ont souvent du mal à se mettre en avant et c’est pourtant leur personnalité aussi que l’on achète à travers un livre. Se rendre disponible et accessible pour ses lecteurs est aujourd’hui indispensable d’autant que les réseaux sociaux nous aident à cultiver ce lien de proximité au quotidien. Si vous êtes lectrices, n’hésitez pas à rentrer en contact avec vos auteurs préférés via Instagram ou leur blog et si vous avez un projet de livre, n’hésitez pas à leur poser vos questions, la plupart aiment comme moi partager leur expérience !
Sophie
11 octobre 2017 at 18 h 35 minSuper article merci ! As tu un plan d’attaque pour démarcher les éditeurs ? J’écris et j’arrive pas mal au bout de mon premier draft après plusieurs mois de travail. Je ne sais pas trop comment m’y prendre, je me sens gauche dans mes tentatives de contact ? Doit on accepter de montrer beaucoup (sommaire, chapîtres entiers) ?
Merci
Xoxo Sophie
Sophie-Charlotte
4 novembre 2017 at 13 h 23 minoui ils aiment voir pas mal de choses pour savoir où ils vont, le mieux c est de les rencontrer en personne, lors de salon notamment mais pas toujours evident de tomber sur la bonne personne au bon moment !
Jijihook
12 octobre 2017 at 14 h 35 minMerci pour ce super article !
Touré Samba
8 décembre 2021 at 20 h 53 minmerci pour cette article il m’éclaire sur beaucoup de choses …