Le syndrome de l’imposteur
Vous peinez à dire ce que vous faites dans la vie, vous n’osez pas sortir votre carte de visite, vous ne vous sentez jamais à votre place, jamais à l’aise, toujours en décalage….. Peut-être vous reconnaissez-vous dans ces exemples ? Après mon licenciement, autant vous dire qu’il ne me restait que peu de confiance en moi et encore moi d’estime personnelle. Mes émotions avaient pris le dessus, impossible de ne pas pleurer au moindre obstacle. Rajoutez à cela deux grossesses consécutives et vous obtenez une fille paumée. Depuis, je n’ai pas repris de “travail normal”, une amie m’a demandé il y a quelques années : mais quand penses tu retravailler ? Je venais de créer mon blog, et article après article, je construisais sans le savoir ce que je suis devenue aujourd’hui. Mon blog a beaucoup évolué en 5 ans, il n’a quasi plus rien à voir avec ce qu’il était, il a grandi, il a pris de nouvelles directions et m’a emmené là où mes envies me guidaient, là où mes valeurs se retrouvaient. Il a muri et m’a aidé à m’affirmer. Avoir un blog reste encore, il me semble, une occupation marginale que peu de monde de votre entourage apprécient à sa juste valeur. Travailler de chez soi, en indépendant, commence tout juste (enfin) à se démocratiser. Nous nous savons différentes, seules parmi tant d’autres, sans homologue réel, nous ne servons qu’à nous-même. Nous n’avons comme valeur que celles que nous nous donnons puisqu’aucun manager n’est là pour apprécier notre travail. Dans une telle situation, on comprend que le doute et la dévalorisation soient des conséquences rapides et directes. Parce que pour la plupart d’entre nous, nous avons créé notre propre travail, nous nous sommes auto-formées, construites seules sur la toile avec les moyens du bord. Nous avons appris la couture, le trictot, la peinture sans avoir eu besoin d’aller à l’école pour cela.
Figurez-vous que dans une étude menée par une américaine (source : Parachute Carrière), ce complexe concernerait plus les femmes que les hommes et d’avantage les autodidactes….. (ca vous rappelle quelque chose ?). Parce que nous avons appris depuis toute petite, que la réussite se doit aux diplômes et non au mérite, nous ne nous attribuons pas les compétences et les qualités réelles que nous avons développées. Nous avons, sur nous et sur notre travail, un regard dépréciateur et nous nous jugeons souvent négativement. “Si je ne vends pas, c’est que je ne suis pas douée” : il y a pourtant 100 autres raisons pour expliquer que vous ne vendez pas, elles sont d’ailleurs certainement plus d’ordre technique que d’ordre personnel. Nous ne montrons pas nos succès (même le plus petit qu’il soit) car cela s’assimile à de la vantardise. C’est un trait culturel très français, la réussite et l’argent sont des sujets tabous qu’on n’ose aborder de peur de s’attirer les jalousies de personnes qui ne comprendraient pas bien. Je connais plusieurs auteurs de livres qui n’en parle que peu sur leur site, elles me disent avoir l’impression que ce serait trop se mettre en avant que de parler de leur ouvrage, que ce serait de l’orgueil mal placé. C’est comme si elles ne s’attribuaient pas la reconnaissance qu’elles ont pourtant gagnée. Elles pensent aussi qu’elles n’ont rien de spécial, que d’autres pourraient faire bien mieux, que beaucoup font déjà beaucoup mieux et qu’elles ont juste eu beaucoup de chance. Tout ça n’est en fait pas de la timidité maladive mais bien un complexe réel qui porte un nom : le syndrome de l’imposteur. Penser que nous ne devrions pas être à cette place, que nous ne méritons pas cette image ultra positive qu’on nous voue. Et forcément, avec tout ça, il est difficile d’avancer parce que de toute façon l’avancement n’est pas pour nous….
Comment se libérer de ce syndrome qui nous empêche de profiter pleinement de notre activité d’indépendant ? D’après ce que j’ai appris moi-même et que vous trouverez aussi sur le net en la matière, voici les clés vers votre propre affranchissement :
- Prendre conscience de ce complexe est déjà un grand pas
- Savoir que nous ne sommes pas seules, bien au contraire à “souffrir” de ce syndrome est un second pas
- Comprendre d’où il nous vient : notre éducation, notre formation, notre carrière, notre entourage, nos échecs ou réussites avortées par le passé est la troisième étape
- Accepter que nous sommes toutes différentes et que le salariat n’est pas la seule réponse à l’emploi
- Ne pas attendre des autres, ils ne vous donneront jamais la reconnaissance que vous attendez, car c’est de vous que vous attendez bel et bien une reconnaissance
- S’entourer de personnes positives qui ne jalouseront pas secrètement votre situation qu’elles n’ont pas
- Se réconcilier avec l’argent
- Vous mettre d’accord avec vous-même sur ce que vous souhaitez pour votre vie pro et votre vie perso
- Vous faire aider par un professionnel pour sortir de cette spirale
Je ne doute pas que bon nombre d’entrepreneuses expérimentent ce malaise sans en connaître le nom ni même l’existence. J’espère qu’à la lecture de cet article les personnes en “souffrance” se reconnaîtront et auront la force de suivre les étapes citées ci-dessus ou encore les solutions plus complètes et documentées que vous trouverez dans les articles listés ci-dessous.
A lire ou à écouter pour vous documenter sur le sujet :
Anaïs
12 septembre 2016 at 10 h 52 minBonjour Sophie,
Je me retrouve bien dans ton article. J’ai ouvert une boutique en ligne en juin qui a un peu de peine à démarrer. Je suis quelqu’un qui se remet beaucoup en question et qui doute énormément.
C’est vrai qu’il y a chez moi un besoin de reconnaissance assez important et plusieurs aspects de ma vie me frustrent énormément. Du coup, on s’enferme dans un tourbillon négatif, on ne voit pas de porte de sortie! Et les décisions à prendre ne sont pas forcément faciles quand on a une famille à charge. Il ne faut pas se tromper! Et c’est ça qui me bloque.
Je trouverai probablement la solution dans les semaines ou mois à venir. Du moins, je l’espère!
En tout cas merci pour cet article qui tombe à pic!
Belle journée à toutes et tous ☀☀
Calie
12 septembre 2016 at 14 h 26 minMerci beaucoup pour cet article. Travailler seule ce n’est pas toujours évident et pas toujours bien compris vu de l’extérieur. Je voudrais juste ajouter que de s’entraider ou s’entourer de personne dans la même situation, ça aide aussi (beaucoup ^^)
Belle journée et à très bientôt sur le salon Créativa 😉
Coccinelle demoiselle
12 septembre 2016 at 14 h 42 minTrès bel article et témoignage. Merci Sophie charlotte d’ avoir mis un mot sur ce drôle de syndrome. Je crois que je suis atteinte mais je me soigne! J osé parler de ce que je fais et j en suis fière. Le reste viendra en son temps…
Estampapier
12 septembre 2016 at 17 h 26 minOui c’est exactement ça, merci Sophie-Charlotte pour ces mots qui en disent long sur l’état d’esprit des gens qui nous entourent, ce qu’on fait c’est gentil…
Le blog est indispensable pour se mettre en valeur et pour moi il est mon bâton de pèlerin. Grâce à lui j’ai acquis de l’aisance dans l’écriture et la promotion de mes créations.
Je trouve ma situation géniale et ne la changerai pour rien au monde. Nous sommes des chanceuses et je suis sûre que malgré une incompréhension de notre entourage beaucoup de femmes nous envient!
Alice Balice
13 septembre 2016 at 0 h 59 minArticle très interessant, comme d’habitude 🙂
EM lespetitesscréations
13 septembre 2016 at 16 h 29 minMerci pour cet article qui exprime tellement bien ce que je ressens depuis quelques années. Après ma rupture de contrat et une douloureuse expérience de harcèlement moral, j’ai préféré m’occuper de ma première puce et une seconde grossesse est venue m’épanouir sur le plan familial. Cependant, depuis 4 ans, je m’essaie à diverses choses comme la créations de bijoux, le bénévolat dans le milieu culturel, … Je fourmille de projets en tout genre, d’idées, bref, j’essaie de trouver MA place dans ce monde où lorsque l’on a choisi de “rester à la maison” nous sommes regardé comme des ovnis. Mais tu reprends quand ? Tu vas faire quoi ? Tu ne t’ennuies pas ? Ma pauvre … C’est vrai que ces questions on les entend dès qu’on expose notre vie. Le pire c’est qu’on se justifie mais pourquoi au juste ? Pourquoi ne pas vivre comme on en a envie ? Personnellement après ce que j’ai vécu en entreprise je frêne à l’idée “d’y retourner” mais les démons ont la peau dure. C’est pour cela que je me remets souvent en question car je me dévalorise sans cesse. Heureusement que mon entourage croit en moi ça aide beaucoup en cas de coup de mous.
Merci encore pour cet article Sophie-Charlotte, ça fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seule à vivre avec toutes ses pensées 😉
Sophie-Charlotte Chapman
14 septembre 2016 at 13 h 53 mintes questions sont legitimes et seules tes reponses comptent !
cecile
3 octobre 2016 at 13 h 19 minOui mille fois merci pour cet article cela fait du bien de lire ce que l’on a dans la tête on se sent moins seule d’un coup. Personnellement je crois en ce que je fais et mes créations me plaisent (même si je cherche toujours à faire mieux) mais là où ça coince pour moi c’est la communication sur un blog, je n’y arrive pas, j’ai toujours l’impression que ce que j’écrit n’est pas intéressant ou mal tourné, et surtout je ne sais pas quoi dire. Mais bon je vais essayer c’est ma prochaine étape et c’est pas gagné…
Sophie-Charlotte Chapman
3 octobre 2016 at 21 h 04 minen fait, il y aura toujours du monde pour te lire, d autant plus si tes articles sont utiles, si tu es utile, alors les gens reviendront vers toi et t’acheteront aussi tes produits car tu ne sera pas la juste pour vendre mais pour partager aussi 🙂
Helene
26 juillet 2017 at 12 h 57 minMerci beaucoup pour cet article!