Reprendre après le choc
Le matin même de son hospitalisation, je devais rencontrer une ommenthouette entrepreneuse créative qui travaille la créativité avec les tout-petits. Par précaution et devant l’état de santé de ma fille, j’avais annulé notre rendez-vous. Nous devions nous voir pour échanger sur une idée de projet commun, toutes deux mamans d’enfants bi-culturels. Les articles sur le sujet sont nombreux mais traitent pour la plupart de l’apprentissage des langues, hors le développement cognitif et social d’un enfant bilingue ne se réduit pas à un double vocabulaire. Aujourd’hui, cette idée reste en suspens, trop peur de m’engager si le temps me manque, incertaine de ce que demain sera fait et de ce dont ma fille aura besoin. Je reste figée comme cette nuit où j’ai décidé de l’emmener aux urgences, seule devant la baignoire où son corps amaigri essayait d’apaiser la douleur d’un ventre vide depuis des mois. Je suis restée deux semaines en arrière, comme un énorme jet lag, comme un blanc depuis.
Le syndrome de la page blanche est un problème bien connu chez de nombreux auteurs et autres créateurs de contenu print ou web. Comme beaucoup d’autres situations difficiles, ce blocage n’arrive pas qu’aux autres. Ecrire sur le sujet du blocage est en réalité le seul sujet qui me vient à l’esprit alors que je n’ai pourtant aucune envie d’écrire. Je réalise cependant que ce blocage est symptomatique, il est la conséquence directe de ce que nous vivons actuellement avec ma fille d’à peine onze ans. Ce qui affecte nos enfants, nous affecte forcément et ce qui chez elle se traduit par des troubles alimentaires importants, se traduit chez moi par un autre blocage. Si elle n’arrive pas à digérer “littéralement” ce qui se passe pour elle à l’école, pour ma part je n’arrive pas à alimenter ce blog depuis. Vous me direz très certainement qu’à chaque jour suffit sa peine et que ce blog n’est pas ma priorité du moment. Je réalise pourtant que plus j’attendrais pour reprendre le rythme des publications, plus le retour ici sera difficile tout comme pour elle, il était bon de ne plus attendre pour la remettre en classe. Forcer n’aide en rien, se forcer est un peu différent… parler et s’exprimer sont par contre les deux pistes que j’essaie de privilégier avec elle. Alors je m’efforce d’écrire ces phrases anodines les unes après les autres comme le suggèrent de nombreux articles que j’ai pu trouver en ligne sur le sujet de la panne d’inspiration. Le meilleur moyen de reprendre l’écriture serait d’écrire, écrire n’importe quoi mais écrire. Un mot après l’autre, comme on remonte à cheval après une chute même si la peur est là et le dos toujours douloureux, comme l’appétit reviendra en mangeant, une bouchée après l’autre même si le goût nous semble amer…
J’arrive à me confier plus facilement du côté d’Instagram. J’avais suivi quelques comptes de mamans vivant des périodes difficiles et j’avais admirer leur courage à en parler, la simplicité de leurs mots semblait les aider dans leur cheminement. D’épreuves comme la notre, de la souffrance et du manque, peuvent naître de belles idées. J’avais voulu évoquer ce point dans mon livre aux ed. Eyrolles “Réveillez votre créativité” et mon éditrice m’avait recommandé de ne peut-être pas explorer cette piste particulière. Je pense qu’il était en effet plus sage de se concentrer sur les choses positives qui nous permettent de travailler au quotidien notre créativité. Nul besoin de chercher à exploiter nos peines pour créer, la vie s’en charge d’elle-même. Je voudrais pouvoir utiliser ce que nous avons vécu ces derniers jours et ces derniers mois pour que notre expérience, son expérience, puissent servir à d’autres. Le web est un endroit merveilleux plein de partages qui permet souvent de moins se sentir seule(e) face à nos problèmes. Si d’autres ont vécu pareille bataille alors ces mêmes pourront aussi nous conseiller. Je ne suis pas du genre à me taire et pourtant il est difficile d’ordonner mes pensées et d’y mettre l’ordre nécessaire à une transmission efficace. Comme toujours, le temps est la denrée qui changera la donne, qui permettra la transition et la transformation du problème en solution.
A lire sur le sujet du temps, de l’inspiration, de l’acceptation : Le blog de Vie de Miette
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