Rester dans le jeu
Les vacances scolaires sont toujours un peu éprouvantes psychologiquement. Non pas parce que je m’occupe de mes enfants et que cela demande une énergie importante, mais parce que chaque fois je mesure la chance que j’ai de pouvoir ne faire pratiquement que cela pendant quinze jours. Avant je culpabilisais de ne pas être assez productive pendant ces semaines de quasi-inactivité. Quand on travaille de chez soi, on jongle quotidiennement entre son activité et ses enfants, pour ma part mon mari est souvent absent et les temps alloués au travail sont souvent écourtés. Mais pendant les vacances scolaires c’est puissance dix, au point où je finis parfois par abandonner en me mettant en mode “service minimum”.
Cela fait près de dix ans que j’alterne entre période on et off. Les périodes off étant de moins en moins studieuses. J’ai décider de profiter du moment présent, de la chance que j’ai de pouvoir en faire autant. J’avais presque réussi. Mais depuis peu, un autre sentiment de culpabilité me traverse. Celui de laisser mon mari travailler, de ne pas pouvoir l’aider plus. Au sentiment de culpabilité de ne pas gagner assez d’argent pour ma famille, ou en comparaison avec les revenus de mon mari, s’est substitué un nouveau sentiment de culpabilité. Celui de ne pas mériter cette chance offerte. Celle de profiter quand d’autres n’ont pas cette chance. Trop d’empathie, pas assez d’égoïsme. Vivre pour soi en oubliant les autres, ne fait pas partie de mon mode de fonctionnement.
En en parlant avec mon mari, il a eu ses paroles qui ont fait sens : “tu ne gagnes peut-être pas d’argent mais you are staying in the game”. Pour celles qui me lisent et me suivent depuis un moment, vous savez que mon mari est anglais et en fait la phrase entière était en anglais. L’expression “to stay in the game” peut se traduire par “rester dans le jeu” comprenez que même si je ne suis toujours pas devenue millionaire, je ne perds pas mon temps, je reste active, j’entretiens ma vie professionnelle. Certes ma carrière est atypique pour une diplômée d’école de commerce mais finalement les carrières sont et seront de moins en moins rectilignes. Alors pourquoi vouloir se conformer à une seule vision du travail et de la maternité ? Devenir maman a en effet changé ma vision de la vie professionnelle…
Je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas et c’est pour cela que je souhaitais partager ici cette réflection. J’avais envie de vous dire combien vous pouvez être fières de tout de que vous entreprenez ou avez entrepris même si cela ne paie pas autant que vous le souhaitez, même si cela ne paie pas du tout en fait car cela vous servira toujours. Pensez à tout ce que vous avez appris, tenté, réussi…. ! Je sais que dans notre société, il est difficile de penser ainsi, je ne suis pas non plus naïve, certains penseront que je me rassure de cette façon, d’autres que c’est facile pour moi de parler ainsi… Il n’y a pas que de l’argent à gagner à la clé mais des compétences et des expériences.
Solenne
2 novembre 2019 at 13 h 50 minMerci pour cet article, et ce “mantra”; il est bon à entendre quand la grande majorité des gens considère que si vous ne gagnez pas d’argent, vous ne travaillez pas. Et c’est difficile à entendre, il faut savoir faire abstraction (des paroles ou des gens). Ce serait magnifique, si la donnée “argent” pouvait ne pas être prise en compte quand on est créatif!! Malheureusement, c’est rarement possible.
“I’m staying in the game”, voilà quoi répondre aux dubitatifs et aux septiques, merci!