Revenir
Qu’il est étrange de revenir ici : près d’un an s’est écoulé depuis mon dernier post. Je n’ai pas éprouvé l’envie d’écrire sur ce blog, sûrement trop occupée par mes nouvelles obligations professionnelles… et depuis quelques jours, je ressens le besoin d’un retour à l’écriture. Je laissende côté cette pudeur qui m’a gagnée depuis deux ans et qui m’a empêchée de publier de nouveaux articles. Je ne parlerais pas de syndrome de la page blanche, ou de syndrome de l’imposteur, j’avais juste perdu l’envie, perdu le goût, perdu le temps, perdu la motivation aussi peut-être.
Je crois que c’est la lecture qui m’a rappelée à l’écriture. Depuis l’été dernier, j’avale les romans, moi qui n’en feuilletais plus. J’ai lu pendant un an des ouvrages sur le deuil, des livres pour m’aider, pour accompagner les enfants, pour accepter le choc de son départ, pour vivre l’absence en restant vivante. Je n’aimais plus les autres livres, s’ils ne m’étaient pas utiles. Et puis je me suis laissée tenter par un roman de gare, un truc à l’eau de rose, certes ça parlait d’un veuvage, ca commençait par une mort accidentelle, j’ai toujours eu le chic pour choisir les bons livres quand il faut. Enfin non, je crois plutôt que ce sont eux qui me choisissent, il me suffit de me balader dans une librairie, en parcourant les tables de sélection du bout des doigts pour me laisser appeler par l’un des ouvrages, sa couverture d’abord, son titre ensuite, son résumé enfin. Je sais qu’il me plaira, je ne suis quasiment jamais déçue. Alors depuis juillet, j’engloutis des histoires belles et tristes à la fois, des romans d’amour et de peine, de résilience aussi très souvent. J’aurais envie de vous les citer tous, mais le courage me manque, j’ai tellement peu de temps pour écrire, que je veux dire tout ce que j’ai sur le coeur, tout avant d’oublier.
Parce qu’il est vrai aussi que ma mémoire me fait défaut, j’ai atteint la limite de mon corps, mais aussi celle de mon cerveau. Ce veuvage et la charge de mes trois enfants ont poussé ma force à l’extrême et ma résistance à la plus grande des épreuves qu’il m’a été donnée d’affronter. J’ai un peu d’endurance, un peu de préparation aussi mais je n’ai pas choisi ce marathon, alors je marche malgré moi, je tombe et me relève sans autre choix que celui d’avancer parce qu’il ne m’est pas donné ni le temps ni l’opportunité de m’écrouler. Si je flanche, c’est tout l’équipage qui chavire. Je sens le poids sur mes épaules, au sens propre, je sers les dents, j’ai mal dans mes joues, pour de vrai, j’ai perdu l’audition en partie, je pense que j’en ai trop entendu, je m’enferme dans cette bulle de silence et d’acouphène où je voudrais rester plus longtemps. Mais il faut déjà repartir. Se (re)lever. Chaque matin, je sens le poids des années quand je pose mes pieds nus sur le parquet, je sens mes cernes d’avantage se creuser, physiquement, je les sens.
Je rêve d’une chambre d’hôtel, seule, face à la mer. Un océan de pensées, des vagues de tristesse, une plage de souvenirs et des grains de sable que le vent sème sur mon chemin. Des signes qui font sens, des signes qui font du bien. Ces rencontres avec l’invisible qui vous rassurent et vous maintiennent debout, parce que vous le savez proche, jamais très loin. Il veille, je guette. Il m’entend, j’attends. Et le reste de cette vie me semble immense, j’ai des projets, mais la force n’est plus celle de mes années avec lui. Je dois tout assumer, le meilleur comme le pire, prendre des décisions dont les enfants me reprocheront sûrement les conséquences. Renoncer aussi. Apprendre à faire autrement. Alors pour cette année 2022, je choisis le mot SIMPLIFIER. Je veux du simple, je veux faire simple. Ne plus compliquer les choses, ne plus se compliquer la vie. Et puis laisser la perfection à Pinterest, aux photos des autres. Rejeter le superflu, se concentrer sur l’essentiel, sur les petits bonheurs du quotidien qu’il est si facile d’occulter.
————
Si mon histoire vous intéresse, je vous invite à découvrir d’avantage à travers des témoignages audio grâce aux podcasts de femmes entrepreneuses qui m’ont invitée à leur micro pour partager mon expérience :
- sur le deuil et le confinement : La mort, c’est compliquée – au micro de Sophie Roux
- sur la perte de mon père et de mon mari : Sans toi – au micro de Sarah Dumont, rédactrice en chef du magazine Mortel et du site Happyendlife.com
- sur la résilience : Nothing really matter – au micro de Laetitia Derrière les sourires
Je témoigne aussi sur mon chemin de vie et ce deuil sur les sites suivants :
- Devenir une maman solo sur le blog de everythings.fr
- Elles se racontent : un portrait photos & mots sur le agnesvousraconte.com
Annelise
26 janvier 2022 at 23 h 42 minUne grande émotion à la lecture de ces mots… Encore une journée éprouvante pour moi, une jeune collègue brutalement décédée la nuit dernière, l’annonce à l’équipe, le désarroi, la stupéfaction, la tristesse, la colère… et l’intuition ce soir, pour adoucir la journée, que tu avais peut-être repris la plume sur ton blog… Bravo pour ce courage, pour ta force et ta résilience, même si, j’ai bien compris et tu le dis parfaitement, tu n’as pas le choix. Des bises salées à mon éternelle « petite tornade du marketing », qui garde force et énergie malgré l’épreuve.
Un jour, je souhaite que tu publies un livre de tout ça… avec tes beaux textes et de belles photos comme tu sais si bien les saisir… en première page la lumière de l’église où tu t’es réfugiée après l’annonce de son départ…