Développement, ENTREPRENDRE, VIVRE SLOW

Se créer un travail qui a du sens

En novembre dernier au salon Créations et Savoir-Faire, je rencontrais encore de nouvelles porteuses de projets venues assister à l’une de nos formations pour entrepreneuses créatives. Elles avaient toutes une passion, une idée, un projet… toutes à des stades plus ou moins avancés dans la réflexion ou dans la concrétisation même de leurs envie d’entreprendre. Ce qui m’a marqué parmi ces participantes, c’est leur dénominateur commun : cette quête de sens. Ce besoin de donner du sens à leur vie. Elles sont pour la plupart salariées ou récemment licenciées d’un emploi qui les a usées ou déçues et elles se disent que c’est le moment, que si elles ne tentent pas maintenant l’aventure entrepreneuriale, elles ne le feront jamais. Après tout, avec le statut de l’auto-entrepreneur tout est devenu plus accessible, limite plus facile… en apparence du moins. Sans rentrer ici dans les détails de la faisabilité de tous ces projets qui naissent dans la tête de ces femmes créatives (et pas seulement d’un point de vue manuel), il y a la formation d’un mouvement plus grave. Celui qui vous pousse à vous poser d’autres questions que celles purement financières. S’écrivent alors des équations ou plutôt inéquations totalement subjectives qui prennent en compte des facteurs comme la qualité de vie vs la course quotidienne contre la montre , la stabilité de son couple vs les agendas croisés, le temps passé avec ses enfants vs les temps de garde facturé, l’épanouissement personnel vs la carrière professionnelle et on se rencontre que tout ça pèse dans la balance, du côté que l’on n’aurait a priori pas soupçonné. Parce que tout cela ne nous a pas été dit, pas expliqué, pas démontré comme on démonte une théorie mathématique et on se retrouve désemparée devant un choix réduit à deux options, qui ne nous semblent pas ou du moins plus compatibles. Toutes celles qui comme moi auront connu une (ou plusieurs maternités), une licenciement ou encore un burn-out (ou les 3 à la fois, c’est possible aussi) voient alors l’entreprenariat comme une solution ou tout du moins un début de réponse.

Entreprendre c’est reprendre le contrôle. C’est devenir acteur de sa vie, quand beaucoup la subissent et vous répondent qu’ils n’ont pas le choix. Alors oui comme me le rappelait récemment une amie : “il faut être réaliste” et bien se rendre à l’évidence que toute activité indépendante ne paie pas autant qu’on le souhaiterait, pas tout de suite, pas en quelques mois, ni même en quelques années. Celles que je suis et j’observe en silence, celles qui “réussissent” sont là depuis des années, elles ont pris des risques, elles ont investi, et peu ne sont pas déjà trompées… L’entreprenariat c’est avant tout un choix avant une opportunité, celui de donner du sens à son existence en se construisant un travail qui nous correspond, parce que ceux disponibles ne nous conviennent pas ou plus. Quand tu ne te retrouves plus dans ton job quotidien, quand tu n’as aucun pouvoir décisionnaire dans ta boîte, quand tu penses faire ce qui est juste pour ton client et que la hiérarchie te sanctionne, quand tu donnes ton avis alors qu’il n’est pas le bienvenu, quand tout ça mis bout à bout te fait douter de tes propres capacités mais quand tu reprends finalement le dessus et que tu comprends que tout cela n’a plus aucun sens, tu te mets en alors en quête de sens et c’est ce qui caractérise vraisemblablement la Génération Y à laquelle j’appartiens (ceux nés entre le début des années 80 jusqu’au milieu des années 90) qui ne se retrouvent plus dans l’entreprise actuelle et tente leur chance en montant la leur. J’ai un peu de mal avec cette description très narcissique que l’on trouve un peu partout sur le net (je vous invite à lire cet article du Huffington Post qui s’applique aussi chez nous), limite moqueuse de notre enfance, probablement écrite par ceux qui nous ont élevés, jettant la faute sur les réseaux sociaux avec lesquels nous aurions grandi (doit on rappeler la date de création de Facebook  ? … 2004 – pour ma part j’étais déjà en train de préparer mon mariage). Toujours est-il que nous sommes plus nombreuses à vouloir nous lancer, non pas parce qu’on se dit que si les créateurs de Facebook ou encore Blablacar ont réussi, nous pourrions aussi le faire, mais parce que ce que nous vivons actuellement n’a juste pas de sens : payer quelqu’un pour s’occuper de nos enfants, acheter au lieu de créer nous-même, porter des vêtements faits en Chine et se plaindre de la fermeture de nos usines textiles qui ont fait la fierté du Nord de la France…. Alors tout cela tu ne le réalises bien sûr que quand tu as le temps de te pencher sur la question (merci le burn-out et le licenciement), quand tu te rends compte que tu n’as pas besoin d’autant pour vivre parce que tu n’as pas besoin d’acheter tout cela et que si tu deviens acteur de ta consommation, tu deviens aussi un meilleur gestionnaire de ton portefeuille et là tout commence à prendre un sens, celui dans lequel vous souhaitez aller… En sachant désormais ce que vous ne souhaitez plus faire, vous aurez une meilleure idée de ce que vous souhaitez faire….

Ce sens est bien entendu personnel, ce qui vous fera vibrer a peu de chance d’être la même motivation que celle qui m’anime. Cela fait plusieurs fois que l’on me pose cette question ” mais qu’est ce qui te fait le plus vibrer ?” ou encore “mais quelles sont les valeurs auxquelles tu es le plus accrochées ?”. Y répondre n’est pas chose facile et pourtant réussir à formuler la réponse est la clé de voute d’un travail qui vous comblera. L’entreprenariat ne peut donc pas être la seule réponse, les pièges existent autant qu’en entreprise et beaucoup déchantent par manque de préparation, de temps, d’investissement, de réalisme mais souvent par excès d’optimisme et c’est bien là le plus frustrant. (lire le témoignage de ces 4 entrepreneurs qui ont échoué). Soyons donc un plus honnête avec nous-même sur nos intentions premières, plus humble sur nos prétentions en terme de rémunération, repensons nos priorités perso avant de repenser notre vie pro.

7 Commentaires

  1. Line

    25 janvier 2017 at 16 h 58 min

    Derrière cet auto-entrepreneuriat se cachait une remise en question profonde…
    Chacun ses priorités et il est vrai que nous n’avons pas tous la même vision de la réussite. Certains vivent à travers leur vie professionnelle, d’autres avec leur vie personnelle ! Combiner les deux pour trouver son équilibre est une bonne idée 🙂
    Je suis jeune auto-entrepreneuse et j’espère ne pas “échouer” dans ma démarche ! Et même si c’est le cas, cette expérience restera enrichissante à bien des niveaux !

  2. du Plessis

    26 janvier 2017 at 12 h 35 min

    Merci Sophie-Charlotte (prénom original mais très jolie) pour ce témoignage criant de vérité et où je me reconnais à 300% !
    Je suis née dans les années 70 mais la réalité est la même pour moi : Après 15 ans d’expériences dans les médias, un métier qui était devenu peu valorisant à mes yeux et qui m’ennuyait profondément avec une grande impression de tourner en rond (comme un poisson rouge), une hiérarchie professionnelle souvent humiliante et sans humanité avec qui je ne trouvais aucune issue de secours possible… Forcément, le “Burn-Out” pointe son nez… Une grosse remise en question perso et pro et une recentrage sur les choses essentielles de la vie resurgissent…
    Le besoin d’un métier qui représente un SENS à notre folle Vie de Parisienne, avec surtout un grand besoin d’AUTONOMIE, d’épanouissement, de créativité ainsi que vouloir partager des idées, un projet créatif, une passion… c’est long une reconversion…
    Depuis 1 ans 1/2, je consacre beaucoup de temps à ma famille, composée de 3 enfants- l’essentiel- Et aujourd’hui,après cet équilibre retrouvé, je vais enfin pouvoir m’épanouir dans un travail/passion… donc il ne faut jamais baisser les bras et se dire qu’il n’y a pas d’âge pour se reconstruire une vie professionnelle et s’adonner à ses envies et ses projets, c’est chouette !
    Bravo pour ce BLOG ! A très bientôt, certainement 😉

  3. Juliette

    26 janvier 2017 at 17 h 15 min

    Bravo pour ce joli texte dans lequel je me reconnais en tout point. Je suis à l’aube du nouvelle vie, je vais également me lancer en tant qu’entrepreneur après plus de 10 ans comme salariée, et j’ai enfin le sentiment de reprendre le contrôle de ma vie 🙂

  4. J’ai refermé la porte | Ma Petite Valisette - Le Blog

    1 février 2017 at 10 h 01 min

    […] pas ou plus se faire plaisir, de ne pas s’épanouir. Faire des choix, prendre des risques, donner du sens, entreprendre en 2017 … profitons de cette […]

  5. Aleksandra Yoga & Tea

    10 février 2017 at 13 h 43 min

    J’ai adoré te lire Sophie-Charlotte ! Merci ! Même sans activité artistique, je me considère comme une entrepreneuse créative et je me reconnais dans ce portrait Y, car issue d’une famille où la créativité avait une large place et par un parcours professionnel dans le domaine.

    Pour moi, la créativité, tout comme la débrouillardise, sont des qualités que les femmes ont le mérite d’avoir largement développés dans le temps et je suis ravie de voir les filles autour de moi s’y (re)mettre, qu’elle soit salariées ou entrepreneuses. C’est une manière de prendre les rennes de nos vies !

    Par ailleurs, il me semble qu’au sein de la famille, et donc dans la société, ce sont toujours les femmes qui ont “donné” le sens, à la vie, au quotidien, par l’éducation des enfants et la gestion de la maisonnée. C’est elles qui donnent le ton général, qui insuflent la direction, et prendre la mesure du ce rôle crucial est vital pour tout le monde. Rien n’est facile, mais tout est possible 🙂

    1. Sophie-Charlotte Chapman

      10 février 2017 at 13 h 47 min

      Merci pour ton passage ici et ravie que mes mots te parlent !

  6. Le SLOW Entreprendre | Ma Petite Valisette - Le Blog

    13 février 2017 at 21 h 14 min

    […] somme, le SLOW c’est (re)donner du sens. Et c’est bien là, le but de cet article : (re)donner du sens à votre travail, donner du sens à vos créations, vos prestations et votre […]

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