Se préparer au départ
Ce n’est pas le genre de titre qu’on trouve en haut de mes posts sur ce blog d’habitude. Mais qui d’autre que mon blog pour accueillir mes maux. Ce n’est pas le genre de ceux qu’on envoie par la poste ou qu’on tape en sms. C’est le genre de ceux qui donnent envie de partir aussi.
Il y a des préparations à la naissance, des préparations au mariage, des préparations au baptême mais je n’en connais pas de formelles pour se préparer aux au-revoirs. Il y a des départs soudains, ceux qui ne préviennent pas, ceux qui vous prennent pas surprise et qui vous coupent les jambes. Et puis il y a ceux beaucoup plus longs, plus lents, plus cyniques encore parce qu’ils vous narguent pendant des semaines, des mois, voire des années. Depuis avril dernier, on attend, on attend que ses yeux se ferment, eux qui ne voient toute façon plus, et on prie pour qu’il n’y ait pas de douleurs. On nous dit que non, que la souffrance est absente. Il faudrait qu’on m’explique comment on peut savoir si une personne ne souffre pas quand elle ne parle plus, n’ouvre plus les yeux, ne communique plus du tout avec le monde extérieur. Je croyais pourtant qu’Alzheimer, c’était une vraie maladie, un truc du genre cancer, qu’on prend au sérieux.
Alors en France (et dans le monde), on laisse crever les gens de faim, mais on n’aide pas les gens à mourir même s’ils ne peuvent plus rien avaler. En France, tu peux juste regarder ta grand-mère se dessécher dans son lit et s’étouffer sur son yaourt protéiné parce que vous comprenez madame, il faut bien qu’elle mange quelque chose… En France, on repose une perf d’hydratation avant que le médecin ne passe pour décider (ou non) de la mise en place de soins palliatifs, parce que c’est quand même honteux de demander ouvertement et sans honte qu’on abrège les souffrances de sa maman, de sa grand-mère. Alors oui je salue le personnel hospitalier, ceux qui font leur boulot voire bien souvent plus, mais il y a aussi de gros cons qui n’ont vraissemblablement aucune idée de ce que le verbe agoniser veut dire.
On fait comment alors ? On attend ? Quelques jours parait-il… C’est assez pour faire sa valise, pour se préparer au départ en fait. Quelques jours dans une vie, c’est pas grand chose. C’est court quelques jours, après le départ, ce sera pour toujours.
sojavernon
24 février 2016 at 7 h 50 minBien exprimer plaidoyer pour une avancée vers la possibilité de mourir dignement sans aller en Suisse ou Belgique
Que les proches ne soient pas humiliés de la situation à souffrir plus que le malade qu il reste de plus beaux souvenirs de son parents
Sincères pensées
Sophie-Charlotte Chapman
29 février 2016 at 13 h 08 minoui le chemin est long et sera encore douloureux pour beaucoup de familles…
Marie-Maguelone
24 février 2016 at 14 h 04 minJe ne sais quoi te dire… Ma grand-mère est resté près de 8 ans assise sur une chaise dans la journée, en bonne santé, sans une grippe, mais sans reconnaître personne et sans parler ou presque car quoi dire à son mur de chambre… Mais tu as raison notre société a peur de la mort et donc ne l’affronte pas, on veut repousser la vie le plus loin possible car cela fait bien dans les statistiques… Mais la souffrance et l’absence pour rien est aberrante et nous devrions stopper tout cela. Je te souhaite de pouvoir juste lui dire, même si tu penses qu’elle ne t’entend pas, tout ce que tu veux lui dire et profiter de l’instant quand tu es avec elle. Courage à toi et tes proches, le départ d’un être cher est toujours difficile et il faut beaucoup de courage pour en parler comme tu l’as fait.
buschel
24 février 2016 at 14 h 09 minSOphie Charlotte J’ai vecu la meme chose que toi il y a deux ans avec ma mamie 33kg 98 ans ….l impatience et la méchanceté du personnel médical devant notre désarroi …. pour une fin atroce et un départ abrégé par une grosse voire trop grosse dose de morphine..une tete par contre consciente mais un corps anéanti….je comprends ta douleur la mienne est toujours bien la ..je t’embrasse fort Ingrid du hanneton dans le cabanon
Sophie-Charlotte Chapman
29 février 2016 at 14 h 02 minMerci Ingrid, meme tableau macabre 91 ans et 30 kg…. les mamies ne sont bien sure pas eternelles mais avec elles notre innocence et notre enfance s’envolent définitivement
Gaëlle-Anne
24 février 2016 at 14 h 18 minbeau temoignage…émouvant. Je comprend tellement….
Libertylle
27 février 2016 at 20 h 00 minTon billet est tellement touchant. Oui, que de progrès à faire pour la gestion de la douleur, des souffrances, et surtout le droit à la dignité. Avec mes derniers soucis, j’ai déjà réfléchi à tout ça: si ça tournait mal, c’est sur, j’irai en Suisse. Je ne veux pas entendre parler de soins palliatifs, je m’arrêterai avant. J’ai de la chance, je sais que je pourrai exprimer mes choix, même si ce sera dur à faire accepter. Mais quand la personne ne peut plus donner son avis, comme ta grand-mère, quel vide! Beaucoup de sujets me choquent depuis que je suis moi m^me touchée, je ne vais pas changer le monde… Ce que tu décris me fait bondir: comment est-ce possible en 2016! Je te souhaite beaucoup de courage pour cette dure épreuve et t’envoie toute mon affection, je t’embrasse, Cécile.
Sophie-Charlotte Chapman
29 février 2016 at 12 h 28 minMerci beaucoup Cecile, elle est partie, un peu soulagee dans les derneires 48h, elle laisse un grand vide, je suis physiquement et moralement vidée par son depart mais je sais qu elle sera pour toujours avec moi et veille deja sur moi….
Ber
28 février 2016 at 21 h 13 minJe vous découvre juste……..beaucoup d’émotions, de tristesse mais de force et de courage
Sophie-Charlotte Chapman
29 février 2016 at 13 h 08 minmerci à vous….
Caroline
29 février 2016 at 13 h 55 minDe même, j’admire votre travail et votre créativite optimiste, je vous ai découverte grâce à vos livres très récemment. Les épreuves de la vie sont comme des coups de massue, je ne peux que comprendre votre douleur…Je vous adresse toutes mes condoléances et je vous souhaite beaucoup de courage dans ce moment difficile.
duretz chantal
8 janvier 2017 at 14 h 45 minchantal maman 85ans en soins palliatifs souffre beaucoup et le personnel pas toujours gentil avec elle,je suis loin à 1000kms c est pas facile, les .médecins nous ignorent. janvier 2017