10 bonnes idées pour aider un conjoint endeuillé
Cela fera six mois dans quelques jours que mon mari est parti. Six mois que je revis ce fameux processus de deuil qui prend de toute façon toute un vie et qui selon moi ne se terminera qu’avec ma propre fin. Mais l’idée de ce post n’est pas là… De mon humble expérience et de tout ce que j’ai pu voir et découvrir en réel ou en ligne, je me suis dit que ce qui m’a fait plaisir, ce qui m’a aidé depuis tous ces mois, confinement y compris, peut aussi aider d’autres parents qui comme moi, ont perdu leur moitié.
Ce post est cependant destiné aux “aidants”, à ceux qui vivent le deuil “à côté” et se sentent souvent impuissants face à la détresse d’un maman ou d’un papa désormais seul adulte à s’occuper de ses enfants. Alors oui on nous dit qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, que les portes nous sont toujours ouvertes, qu’ils seront là pour nous si on en a besoin, mais la vérité est telle qu’on n’a pas toujours la force de demander, car même se laver les dents est une épreuve, qu’on ne sait pas toujours quand on a besoin d’aide, même quand on est au creux de la vague et que quand on demande malgré tout cela et qu’un non se pointe (non personnel et juste logistique), cela peut nous anéantir en quelques minutes.
Je liste donc ici 10 idées qui m’ont fait plaisir, en vrac, et non par ordre de priorité. J’ai essayé de construire cette liste plusieurs fois dans ma tête mais mes trous de mémoire m’empêcheront de finir ce post d’une traite, qu’à cela ne tienne, je reviendrai ici finir cette liste autant de fois qu’il faudra avant de réussir à la publier.
Partagez cette liste auprès de ceux qui en auront besoin, ceci n’est qu’une maigre contribution.
1. Préparer un plat à manger
C’est une amie qui a débarqué peu de temps après le décès ave un plat de lasagne et un tiramisu, qui est restée peu de temps car mes enfants pleuraient au même moment. C’est une autre amie qui a débarqué avec son appareil à raclette et tout ce qu’il faut (jambon, patates et fromage) pour se faire péter le bide même si on ne peux rien avaler. Parce que ce plat est chaud, convivial et ludique pour les enfants. Je n’ai rien eu à faire, juste à mettre les pieds sous la table. Je me rappelle que même si le contexte était difficile, on a passé une bonne soirée à regarder le fromage fondre et les habitudes de chacun pour une raclette de saison.
2. Faire une surprise, débarquer à l’imprévu, venir passer une soirée
C’était le jour de Pâques, je le passais seule avec les enfants, confinés un 12 avril, aucune visite possible. J’ai vu une voiture se garer devant mon portail, une femme sortir avec une masque noir sur le visage, Covid oblige, je ne l’ai pas reconnue et elle a dit quelque chose comme “surprise” avec les bras chargés de paquets de la boulangerie pour les enfants. Quasi aucun adulte extérieur à mon impasse ne m’avait rendu visite depuis un mois, cette intention m’a énormément touchée. Oui il y avait les règles du confinement mais ces mêmes règles l’autorisaient à se déplacer avec une attestation pour acheter du pain, et même si elle habitait loin, elle a choisi ma boulangerie (car elle est top) et a “pris le risque” de venir me voir. Elle est restée derrière le portail, nous n’avons pas parlé longtemps, elle a déposé les paquets et est repartie. J’ai souri.
3. Lister les aides et organismes existants pour soutenir les veufs/veuves
Le monde du veuvage est un monde administratif aussi. La France est assez bien faite pour cela. Il existe de nombreuses aides mais le système n’est pas limpide, et cela est encore moins facile quand on a le cerveau et le coeur en vrac. Il existe des assistantes sociales qui peuvent aussi vous guider. Mais selon les régions, les villes, il peut exister des associations locales qui peuvent aussi vous dépanner, vous épaules, physiquement ou psychologiquement. CAF, CPAM, mutuelle, organismes locaux…. il faut tout explorer pour bénéficier d’aides tout en s’armant de patience.
4. Prendre un enfant quelques jours en vacances, pour une soirée ou même une activité un après-midi
C’est la maman d’un bon ami de mon fils qui m’a proposé de le prendre 3 jours en vacances entre chez elle et la mère. Il a pu passer un chouette moment loin des soucis de notre quotidien avec son copain. C’est une autre maman qui lui a proposé un tour en vélo, ou encore quelque heures de jeu pour mon petit dernier chez son meilleur ami. Ces mamans me proposent même de venir les chercher et de les ramener pour m’éviter le déplacement (comme j’habite en dehors du village). Je vois bien combien les enfants ont besoin d’être avec des personnes de leur âge surtout après cette longue et dure période du confinement où la rupture sociale a été pour eux encore plus douloureuse.
5. Inviter le parent et ses enfants en vacances en proposant des options de dates.
On t’attend, la maison est dispo de telle date à telle date. Tu ne prends que le nécessaire, on a tout ce qui faut ici, on viendra te chercher à la gare en voiture avec les enfants…
Tu fais quoi ce week-end ? Viens tu peux même ramener ton chien. Les enfants s’amuseront, on ira voir la mer.
Ce qui me touche le plus dans ces invitations, c’est la prise en charge par les autres de notre détresse, en m’écoutant, en nous laissant le choix, en n’imposant rien. En passant un moment chez eux, la charge des tâches quotidiennes est allégée et cela fait toujours du bien.
6. Envoyer des messages ou des cartes postales pour donner des nouvelles sans avoir peur de déranger le parent
J’ai reçu et je reçois encore des messages inopinés qui ne font suite à aucun de ma part. Juste pour savoir comment je vais, ce que je fais, où je suis même s’ils se doutent que toute façon la situation n’est pas facile, ces personnes témoignent par leurs mots de leur présence.
Il y a aussi toutes ces occasions, les fêtes de l’année, les premières sans lui, qu’on n’a nous même pas ou mal anticipées. Ce sont autant de moments douloureux que d’occasions de manifester sa présence à celle ou celui qui devra les affronter seul.e avec ses enfants.
Je crois aussi que cela fait d’autant plus plaisir quand on reçoit ces marques d’affection de personnes “lointaines” qui ont osé se manifester (car malheureusement nombreux sont ceux qui ne savent pas quoi dire ou pensent à tort que ce n’est pas leur place).
7. Partager son vécu, ses découvertes sur le deuil (lectures, podcasts, témoignages, groupes de paroles)
Sans penser mieux savoir que nous bien entendu, il ne s’agit d’ailleurs pas de connaissances ou de compétences mais bien de soutien.
J’ai trouvé ce livre, j’ai pensé que ce podcast te parlerait, il existe ce type de supports… Tous ne nous aideront pas mais ils ont le mérite d’exister et l’un ou/et l’autre pourront à un moment donné, nous aider, nous servir, nous faire réaliser que nous sommes loin d’être seul.e à traverser une telle épreuve, même si bien sûr le deuil reste personnel et que la perte d’un être cher reste différente pour chacun.
Pour ma part, j’ai apprécié la lecture du livre qui m’a été conseillé : Quand la mort sépare le jeune couple, aux éditions Albin Michel. Je me suis retrouvée dans beaucoup de témoignages, mes réactions sont naturelles si nous sommes si nombreux à vivre la perte d’un conjoint de telle ou telle façon. Je l’ai pris au format e-book, pas besoin de s’afficher dans le train en lisant cela devant les enfants… Il comporte une dernière petite partie sur comment aider ces jeunes veufs quand on vit en tant que témoin un tel drame.
On m’a aussi conseillé les ouvrages de Stéphane Alix dont : Le Test (aux éditions Albin Michel et dont j’avais déjà entendu parler avant la mort de mon mari) qui sera sans doute ma prochaine lecture quand j’aurais retrouvé un peu de motivation et de courage.
8. Laver la voiture, tondre la pelouse, laver le linge…
C’est un ami chez qui j’avais laissé ma voiture en partant en vacances qui a eu pitié de moi m’a-t-il dit en rigolant et qui a passé ma voiture au kasher. C’est mon voisin qui me tond mon talus sans que je demande quoique ce soit. C’est ma mère ou ma belle-mère ou encore ma soeur qui me lave un peu de linge ou étende une machine. Ce n’est pas grand chose mais ces petites aides au quotidien sont d’un grand soutien, car l’énergie physique nous fait souvent défaut. S’il y a des jours où nous avons l’impression qu’on pourrait déplacer des montagnes, il y a des jours où les gestes les plus simples sont une montagne à eux seuls.
Il n’y a pas de petite aide, tout compte parce qu’on sait que pour une bonne partie de notre vie il faudra désormais tout faire tout seul.e et que dans quelques années notre veuvage sera entré dans la normalité de la vie des autres.
9. Soutenir financièrement
Ne nous mentons pas et ne soyons pas hypocrite, la mort d’un conjoint signifie aussi d’un point de vue purement matériel : la perte d’un revenu. Pourras-tu garder ta maison ? Vas-tu vendre sa voiture ? Comment vas-tu faire pour ton travail ? Ces questions se posent très vite à nous et des fois même ce sont les autres qui les anticipent pour vous, à tort et à raison, il faut accepter que la maladresse s’empare du post-mortem quoiqu’on y fasse. Toujours est-il qu’un décès représente un manque à gagner et des dépenses non-prévues conséquentes.
Donner ou prêter de l’argent à ce moment peut paraître déplacé, mais dans mon cas, c’est un geste que j’ai grandement apprécié. Tu me rembourseras quand tu pourras. Même si l’argent ne remplace rien, il est malheureusement souvent au coeur des problèmes inhérents à un décès, surtout si comme moi votre conjoint “représentait” le revenu principal du foyer.
10. Parler de lui ou d’elle, de ses souvenirs qui vous font sourire
La mort reste un tabou dans notre société. Comme si parler des morts faisait mourir. Les autres sont souvent plus gênés que nous alors que parler de lui ou d’elle est tout ce dont nous avons besoin. J’ai reçu une carte de condoléances avec une petite mention anodine et qui pourtant m’a fait le plus grand bien. Cette personne n’avait rencontré mon mari qu’une seule fois, mais elle a su en quelques mots me remémorer ce moment, ce qui l’avait marqué, elle, et ce qui représentait tellement mon mari. Des petites anecdotes, des souvenirs simples, une boutade de sa part, une image, une remarque, un commentaire, tout cela nous aide à continuer de parler de lui, ou d’elle, à vivre après eux mais pas sans eux.
Je vous parle d’ailleurs d’un concept de livre photos souvenirs qui répond à ce besoin : Une Rose Blanche dans une autre post.
Ce post est pour moi l’occasion de remercier anonymement toutes ces personnes qui ont contribué à leur échelle à m’offrir des petits moments de douceur, de joie, de repos, de tranquilité. D’autres moments difficiles arriveront encore, je le sais, c’est inévitable mais je sais que de nombreuses jolies petites intentions m’attendent le long du chemin. Et long il sera….
Fanny
10 août 2020 at 22 h 55 minVoilà voilà je pleure !
Je ne savais pas que ma carte t avais profondement touchée. … et j en suis tres touchée à mon tour. Je n aurais probablement pas ecrit la meme chose, de ce chouette souvenir avec Ben, avant le décès de maman (sept. 2019) Nous avons recus tellement de cartes…..mais certaines (vraiment peu) m ont vraiment touchées, celles qui racontaient un joli souvenir, une anecdote rigolote,… celles-ci me restent en memoire et m’ont portées.
Tes conseils sont exactement ce que j aurais pu écrire, c est exactement ça. Je prenais tout ce qu on me proposait. Un jour, en mode automatique j ai fait les courses, genre 3 jours apres l enterrement…. sur le parking en sortant j etais un zombie qui cherchait sa voiture, une maman de l’ecole m a vue…. elle a tout mis dans mon coffre. C est rien hein, mais c est ENORME pour quelqu un qui vient de perdre tout ces reperes, et de vivre une experience attroce.
C etait debut septembre, j ai eu des “obligation scolaire” qui ont rythmées mes journées.
Si je peux rajouter un conseil :
N écrivez pas “courage” … j en ai eu horreur! Ca n a aucun sens dans cette situation. Mais à vrai dire c est “moins pire” que ceux qui ne se sont jamais manifestés !
Je t’embrasse fort ainsi que les kids❤