C’est en février dernier que j’ai rencontré Fabienne à Rouen, lors du salon Yes Mum ! J’étais loin de savoir que je perdrais mon mari une semaine seulement après cela…. J’ai oublié une bonne partie des choses qui se sont passées dans ma vie les deux semaines qui ont précédé sa mort et ma rencontre avec Fabienne, fondatrice de Pépite Digitale, aussi connue sous le nom de QueenMama sur Instagram, en faisait partie. C’est en remontant mon fil d’emails sur ma messagerie que j’ai (re)découvert notre échange, je ne me rappelle même plus lui avoir répondu que je ne serais pas réactive compte tenu des circonstances… mais je reprends le blogging peu à peu et voici donc ses réponses à mes questions concernant son parcours.

1. Quel est ton parcours ?

J’ai toujours dessiné. Depuis l’âge de 5 ans, j’avais toujours un crayon et un carnet à dessin que j’emmenais partout avec moi. J’imaginais que je serais une artiste plus tard. Mais au moment de choisir mon orientation après le lycée, mes parents en ont décidé autrement. Ils m’ont vivement conseillé de me diriger vers un métier plus stable financièrement et plus « sérieux ».

Je me suis donc lancée dans des études de droits par dépit, pour finalement finir par touver un poste au service back office d’une banque.

J’avais un CDI, une paie qui tombait tous les mois, une carrière toute tracée, mais au fil des mois et des années, je mourrais à petit feu. La dépression commençait à pointer le bout de son nez. Je me sentais pas à ma place. Ce que je faisais était en total décalage avec mes réelles aspirations. C’est alors que j’ai pris la décision de faire un bilan de compétence. Ce bilan réalisé  avec une coach très compétente et très à l’écoute  fut une véritable révélation. Ces quelques séances ont fait ressortir une partie de moi que j’avais enfouis depuis des années.  Ma créativité.

Parallèlement à ce bilan, j’avais repris le dessin et ouvert entre temps un blog où je partageais mon expérience de maman à travers des petites BD humoristiques. Voilà comment j’ai tout doucement remis les pieds dans l’univers de l’illustration.

Cela pourrait être étonnant, mais après mon bilan de compétence, j’ai décidé de me diriger vers les métiers de la communication digitale. J’ai alors entrepris un master à l’école SUP de Pub à Paris en alternance. J’étais très attirée par ces nouveaux métiers du numérique, et le fait d’ouvrir mon blog et de partager mes créations sur les réseaux sociaux m’avaient fait découvrir le monde du web.

2. Que fais-tu désormais dans cette “nouvelle vie” ?

Aujourd’hui j’exerce deux activités. Celle d’illustratrice et celle de consultante en communication digitale.

J’aime ces deux aspects de ma vie professionnelle et dans mon cas ils se complètent parfaitement. Un certain nombre de clients pour lesquels je fais du consulting, finissent par me commander des illustrations pour leur communication.  Je tire donc mes revenus de ces deux activités. Un mois ne fait pas l’autre mais globalement, je gagne mieux ma vie qu’à l’époque où je travaillais en banque.

3. Quelles ont été les grandes étapes de ce changement et de cette prise de conscience ?

La plus grande étape de mon parcours : le jour où j’ai intégré le master en communication digitale.

Une ex banquière, la trentaine bien entamée, maman de deux enfants, entourées de tous ces petits jeunes de 22 ans en mode digital native… je vous laisse imaginer le tableau. Je me souviens m’être demandée ce que je faisais là !

Après 8 ans à gérer la paperasse administrative dans une banque… Cela m’a fait un choc de découvrir un univers aux antipodes de ce que j’avais connu jusqu’à là. Mais une fois que le professeur a débuté son cours,  j’étais tellement excitée ! Ma nouvelle vie commençait ! J’étais à ma place finalement!

Une autre grande étape, celle-ci plus liée à mon métier d’illustratrice :  J’avais certes repris le dessin et que je partageais régulièrement mes illustrations sur mon blog, mais je continuais à croire que le dessin ne permettait pas de générer de revenus.  Jusqu’au jour où j’ai été contacté par la Caf de Paris pour réaliser une exposition pour l’ inauguration d’un nouveau bâtiment. Ce jour là, j’ai du accueillir et présenter mon travail à Agnès Buzyn, ministre de la santé.

Voir autant d’enthousiasme devant mes illus, et autant de professionnels intéressés par mes dessins m’a fait l’effet d’un électrochoc ! Bien évidement il y a eu des obstacles. Cela n’a pas été simple de faire mon master à Paris alors qu’à l’époque mes enfants avaient 2 ans et 6 ans. Je passais la semaine sur Paris et rentrait le uniquement le weekend. C’était très compliqué niveau organisation.

Un autre obstacle, quand je me suis lancée à mon compte au départ j’avais du mal à chiffrer mes prestations . Au début on n’ose pas forcément demander de gros montants. Mais avec l’expérience, j’ai appris à vendre mes services à leurs justes valeurs (cela n’a pas été simple).

4. Quels conseils donnerais-tu à celles qui souhaitent se lancer ?

Mon premier conseil serait de bien se préparer. Ne pas se lancer sans s’être un minimum organisé et sans prévoir de filet de sécurité. Mes 8 années en banque m’ont appris à me structurer et à faire attention à mes finances et à mes budgets. Ce qui m’a été très utile car au moment de me lancer vers mes nouvelles activités, j’avais baliser le terrain pour prendre le moins de risque possible.

Mon second conseil est de se mettre en action. Cogiter pendant des jours, des mois, des années sur ses rêves c’est bien, mais au bout d’un certain temps il faut passer à l’action pour espérer voir nos désirs se réaliser. Les premiers pas sont les plus durs.

Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des professionnels surtout si les proches et la familles ne suivent pas.  Parfois, il suffit d’un conseil pertinent, ou d’une suggestion à laquelle on n’aurait jamais penser pour avancer et faire un énorme bond en avant.

Voici mon conseil pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’illustration : nous sommes à l’ère du web et des réseaux sociaux. Vous avez  la possibilité de montrer vos créations au monde entier. Cela ouvre vraiment le champs des possibles et des opportunités.  Créez votre site web, partagez vos dessins sur Instagram, Facebook ou même Twitter. Et surtout n’attendez pas d’atteindre la perfection pour les publier, car on s’améliore sans cesse, notre art évolue, et notre technique aussi. Et c’est intéressant pour la communauté de suivre cette évolution.