C’est Florie du collectif normand et engagé My Peek qui a dit à Lucie de me contacter. Et je crois qu’elle a bien fait car c’est toujours un plaisir que d’accueillir sur ce blog, des entrepreneuses aussi talentueuse que cette maman qui a lancé un jeu de cartes pas comme les autres. BALA est un jeu de 7 familles à créer soi-même avec sa propre famille. On y met qui on veut et c’est ça qui est top, car après tout qu’est-ce que la famille ? C’est une notion personnelle, on ne la choisit pas certes mais on peut la construire et aussi l’imaginer comme on le souhaite. Quand nous avons reçu le jeu (et j’en ai commandé deux autres pour offrir), nous avons rajouté nos animaux, nos amis et même des lieux que nous aimons particulièrement !
Je suis ravie de vous présenter ici le parcours de Lucie et de sa vie de maman entrepreneuse….
1.Quel est ton parcours et comment t’es venue l’idée de ce jeu de sept familles personnalisable?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré bricoler, faire, créer. Que se soit des boucles d’oreille peintes sur du polystyrène pour mon orthodontiste, des faux vernis à ongles à base de boue et de peinture, de la couture pour mon sac qui m’accompagnerait pour mon premier voyage seule… J’ai toujours adoré ça. Mes parents m’avait même installé un petit coin dans un garage pourtant déjà très plein…
J’ai grandi dans différents endroits, nous déménagions tous les deux ans avec mes parents et frères et sœur, et lorsque je vivais à Londres, j’avais un super groupe de copines, le club des 5. Il y avait dans le groupe Clémence, qui dessinait très très bien.
On avait réalisé notre propre jeu de sept familles, autour des animaux. Je l’aimais tellement ce jeu que je le décalquais (je dessine pour le coup assez mal…) pour en avoir plusieurs éditions.
J’ai grandi, arrêté un temps de faire travailler ma créativité (je ne sais pas pourquoi, pour rentrer dans un moule d’adulte?), eu un boulot très classique au service des relations internationales d’une université après un master 2 en relations internationales, mais ce côté créatif me manquait…
A la naissance de mon premier enfant, en 2014, j’ai eu envie de retrouver ce plaisir de développer ma créativité. J’ai commencé à animer des ateliers DIY, d’abord avec mes amies à la maison, puis dans différents lieux parisiens, pour des EVJF, avec les enfants autour de l’upcycling…
A la naissance de ma fille en 2017, je me suis rendue compte que je n’avais vraiment plus ma place dans ce job à l’université, j’ai quitté mon boulot, suis devenue autoentrepreneur et ai débuté un superbe aventure entrepreneuriale au côté de Juliette, créatrice du Pigeon-Coq. Depuis septembre 2017, j’y anime des ateliers pour vous guider dans la création de votre sac à main en cuir.
J’avais depuis longtemps en tête de pouvoir proposer à mon grand (5 ans en juin) un jeu de sept familles pour lequel il choisirait tout, un peu comme je l’avais fait à Londres. Le thème du jeu bien sur, mais aussi la constitution de sa famille. S’il avait envie d’avoir une famille voiture, mais aussi une famille chevalier, une autre pokemon et une autre autour de la couleur bleue, sa préférée, il fallait que cela soit possible. Et puis si il pouvait choisir le thème des familles, je me suis dit qu’il pouvait aussi choisir la constitution de celle-ci. Nous sommes 5 enfants chez moi, et aucun jeu ne propose une famille avec 5 enfants. Pourquoi?
J’ai donc eu envie de proposer à tous les enfants un jeu de sept familles qui puisse leur ressembler. Surtout avec la diversité qu’implique aujourd’hui le mot famille. L’idée de ce jeu de CETTE famille était née!
2. Tu es une maman parisienne, à quoi ressemble tes journées, toi qui a fait le choix de t’occuper de tes deux enfants tout en menant un projet créatif en parallèle?
J’ai la chance de pouvoir compter sur mon mari qui assure nos revenus mensuels. Bien sûr, un boulot important et bien payé dans une entreprise classique nous permettrait de vivre dans plus grand, d’avoir plus de flexibilités dans nos dépenses. Mais le temps que je consacre à mes enfants n’a à mes yeux pas de prix. De plus, je reste convaincue qu’une maman heureuse fait des enfants heureux, et je ne serais pas heureuse dans un boulot qui me prend tout mon temps au détriment de mes enfants.
Comme je pense que tout est une question de choix, j’ai fait le choix, en accord avec mon mari, de gérer mon temps en fonction de celui de mes enfants. Je les garde donc le mercredi, et suis à la sortie de l’école chaque jour
à 16h30. Il m’arrive donc de travailler, un peu, lorsque je suis avec eux, mon fils me dit parfois de lâcher mon téléphone, mais il commence à comprendre que mon boulot ne s’arrête pas une fois la porte de “l’atelier” ou de la maison franchie, et que ces moments partagés avec eux, malgré quelques mails de temps en temps, sont précieux.
Je travaille également avec Juliette, créatrice du Pigeon-coq, en animant des ateliers DIY de maroquinerie, et cela peut avoir lieu le soir et le weekend. Je vois cela comme une opportunité pour mes enfants de partager des moments seuls avec leur papa, lui qui pour le coup a un boulot “classique” avec de gros horaires du lundi au vendredi.
La journée pendant que les enfants sont à l’école et à la crèche, je travaille à la création et au développement de BALA, ou à l’atelier du Pigeon-coq. Nous avons trouvé un équilibre familial, et malgré le fait pour moi d’avoir une situation financière peu stable et assez précaire, je ne changerais ma place pour rien au monde.
3 – Quelle est ta vision du travail aujourd’hui et quelles sont les valeurs que portent BALAJEUX?
J’ai été élevé par un papa qui adore son travail et par une maman qui ne travaille pas. Nous avons été expatriés, avec des déménagements tous les deux ans. J’ai donc eu une maman très présente et un papa travailleur, présent lorsqu’il était à la maison, mais beaucoup en déplacement et avec de gros horaires. Je vous raconte ça car cela a été déterminant dans ma vision du travail et de la gestion d’une vie de famille (nombreuse pour ma part). J’ai appris que la valeur travail était très importante, au delà du salaire à la fin du mois, et que c’était un lieu d’épanouissement et de dépassement de soi. J’ai appris qu’il fallait aimer son travail pour être “bon”, performant.
Cela n’était pas le cas dans mon ancien travail, et je m’arrachais les cheveux d’être si peu épanouie dans mon boulot à même pas 30 ans…
Ma vision du travail se résume donc à cela, de l’épanouissement, un enrichissement, un lieu à soi ou on peut grandir, mûrir. Avec le lancement de BALA, je garde en tête ses valeurs, mais comme c’est un peu comme mon troisième bébé, j’y ai ajouté ce qui me semble important aujourd’hui : une indépendance au niveau de l’organisation qui n’a pas de prix à mes yeux, du temps pour ma vie de famille, et une vision humaine et écologique : ce jeu de sept familles est le plus possible (j’aimerais rapidement que cela devienne vrai pour la totalité du jeu) éco-conçu. Il est imprimé et monté en France à Paris, le pochon est réalisé à partir de tissus chinés, et il cousu dans un quartier populaire de Paris, la goutte d’or, là où nous vivons. Le carton de la boite de crayons de couleur est en papier recyclé.
Il est pour moi essentiel aujourd’hui de réfléchir à la façon dont nos consommons et je souhaitais vraiment proposer un produit qui va dans ce sens.
4 – Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui souhaitent comme toi concilier les deux : vie de famille et vie professionnelle indépendante?
Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour donner des conseils, mais de mon côté, j’ai priorisé, en donnant une durée dans le temps à mes priorités.
Ma priorité numéro 1 est et sera toujours mes enfants. C’est bateau je sais. Mais tout mes choix découlent de cette priorité. Par exemple, lorsque j’ai quitté mon job en CDI pour le risque de l’autoentrepreneuriat, alors que nous avions deux enfants petits, un prêt immobilier, et ce dans une grande ville où le coût de la vie est chère, j’ai choisi pendant un an d’équilibrer avec mon mari notre présence auprès de nos enfants. Il fallait que j’assure ce choix d’un statut et revenus instables, et j’ai donc beaucoup travaillé le soir et le weekend. Tout en étant toujours à la sortie de l’école
à 16h30 et le mercredi avec eux. Mon mari travaillait beaucoup la semaine mais sortait plus tôt du boulot pour prendre la relève et les gardait 5 heures seul le samedi et le dimanche. Cela faisait beaucoup pour lui, pour eux, pour moi, mais j’ai priorisé ce nouveau statut pour un délai d’un an pour assurer ma situation pour la suite.
Je n’aurais pas pu être autant absente le weekend plus longtemps. J’adore mon activité, mais je souffrais de ce manque de temps à 4 et d’imposer à mon mari un rythme très soutenu entre le boulot intensif et la gestion seul des enfants le weekend.
Je crois que le fait d’être en phase avec mon mari nous a beaucoup aidé. Cela a parfois été difficile pour lui de gérer mes choix professionnels (qui sont devenus nos choix), mais une fois que la machine fut lancée, le fait de sentir que nous étions chacun à notre juste place nous a permis d’être sereins.
Nous vivons encore dans une société où la place des femmes, et encore plus lorsqu’elles sont mères, est difficile. On attend beaucoup de nous, tout et son contraire. Je suis très à l’aise avec ma situation professionnelle aujourd’hui, bien plus que je ne l’ai jamais été, mais les questions, les remarques sont sans cesse là, pour moi et également pour mon mari. Je sais que cela est vrai pour toutes les situations, que l’on soit mère passionnée par un boulot très prenant, mère au foyer, créatrice d’entreprise… Chacun a une place, il suffit (oui je sais, pas si simple) de trouver la sienne… Oser et faire quelque chose qui ait du sens pour nous.
Depuis quelques mois, j’ai ajouté l’aventure BALA à mes agendas, et je suis très fière d’avoir menée ce projet, seule mais bien entourée. C’est encore le début, et cela est parfois compliqué de gérer toutes mes vies, mère, épouse, femme, animatrice d’atelier et créatrice de BALA, mais je me régale! j’ai été élevée dans l’idée que nous sommes meilleurs si nous sommes heureux de ce que l’on fait, et c’est le cas pour moi!
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