ENTREPRENDRE, Parcours

Faut-il un diplôme pour entreprendre ?

La grande question…. qui revient finalement à se demander faut-il des diplômes tout court… ou encore finalement à quoi servent des diplômes ?? En tant que formatrice en école, il serait bien mal venu de vous dire le contraire. Un diplôme n’est pas juste un bout de papier ou encore une ligne à rajouter sur son CV : c’est l’aboutissement d’heures de formation théoriques et pratiques, dispensées par des intervenants compétents, pour apporter au participant les compétences et le savoir-faire dont il aura besoin dans la fonction qu’il occupera ou encore dans le métier qu’il exercera. Difficile en effet de s’imaginer dentiste, médecin ou architecte sans avoir fait au préalable des études adaptées. Tous les métiers ne jouissent cependant pas de la même impunité, ainsi certaines professions paramédicales voient fleurir de nombreux cabinets et praticiens aux cursus parfois douteux…. D’autres professions subissent aussi en France, la concurrence “déloyale” de jeunes formés à l’étranger dans des pays limitrophes chez qui les exigences seraient différentes mais dont l’exercice dans l’hexagone n’est pas interdit. La reconnaissance d’un diplôme semble donc très subjective et relative à son propre milieu d’évolution. Je fais partie de cette première catégorie de gens diplômés : bac scientifique, licence et master grande école. Presque la totale. Je ne regrette pas ce parcours ni le bac+5 qui m’a facilité mes recherches d’emploi. Et pourtant, je me reconnais désormais plus dans la mentalité anglo-saxonne qui érige l’échec au rang d’évaluation : n’est-ce pas après tout par l’erreur corrigée et comprise que nous pouvons progresser ?

Le droit à l’échec ou plus simplement le droit à l’erreur, le droit de se tromper est en effet une condition sinéquanone à un apprentissage réussi. Apprendre de ses erreurs comme apprendre de ses expériences positives est certainement le meilleur des apprentissages. Et entreprendre, ça y ressemble beaucoup en fait : c’est apprendre sur le tas, se tromper, recommencer…. Est-ce qu’un diplôme vous empêchera de vous tromper ? J’en doute. Un diplôme – s’il est adapté au monde de l’entreprenariat – vous fera cependant gagner du temps et ce sur plusieurs aspects : il vous économisera bien des démarches et des heures passées à essayer de comprendre les méandres du droit, de la compta, de la fiscalité. Il vous apprendra à calculer un coût de revient et à établir des tarifs judicieux, à décider d’un positionnement stratégique… Mais il ne vous donnera pas pour autant l’audace ou encore le goût du risque dont il faut souvent faire preuve quand on monte sa propre entreprise. L’entreprenariat s’immisce désormais dans de nombreux programmes : quand à mon époque, la spécialité du même nom restait marginale dans mon école de commerce, elle est devenue aujourd’hui la plus plébiscitée. Finances, contrôle de gestion et autres dominantes – si prisées il y a 15 ans – y sont désormais relayées au second plan et si les étudiants n’ont pas encore “l’idée géniale”, chacun y va de sa créativité pour tenter sa chance avant même la recherche d’un premier emploi salarié. Réalisme horrifiant d’une génération déjà désabusée du monde professionnel bien cruel.

En réalité, le diplôme n’a de gage que de rassurer : peut-être d’ailleurs plus votre banquier que vous-même. En revanche, la (les) formation(s) et votre professionnalisme reconnu restent des facteurs clés de succès pour tout entrepreneur soucieux de réussir. Faire l’impasse sur ses propres besoins de formation, c’est se voiler la face dès le départ. Quand on sait combien de métiers un entrepreneur devra exercer tour à tour et ce au jour le jour, on comprend qu’il est difficile de suivre autant de cursus que de fonctions à exercer. Mais acquérir des notions de base en comptabilité, en marketing, en droit, en vente, en informatique comme en digital est une vraie nécessité. Si un diplôme n’est en rien légalement obligatoire pour se lancer à son compte, l’entreprenariat – véritable école en réalité augmentée – mériterait une reconnaissance certifiante (sur le principe de la VAE : Validation des Acquis de l’Expérience). Tout entrepreneur passionné mériterait en effet de pouvoir convertir ses années d’expérience en un diplôme lui permettant de retrouver un emploi salarié s’il le devait. Le diplôme ne devrait en effet pas seulement être une première étape de la vie professionnelle mais aussi une conséquence logique des efforts fournis tout au long de son propre parcours. Les chronologies parfaites n’existent pas et si un diplôme ne peut en général n’être qu’un plus au départ, ne pas en avoir ne devrait pas être un handicap pour créer de toute pièce votre propre travail.

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