ITW PARCOURS PRO : elles ont lancé leur concept d’auto-édition
Anne-Gaëlle m’a contactée pour rejoindre le Carnet d’Adresses des Entrepreneuses Créatives en tant que graphiste. Toujours très curieuse et intriguée par son agence de graphisme à l’identité artistique et moderne dans laquelle le monde végétal et animal semblent être très présente, je suis allée me balader par chez elle et de liens en liens je suis tombée sur le site du Zèbre Vert donc je n’avais pas encore entendu parler, un regroupement de spécialistes de l’édition qui propose un service d’auto-édition. Un autre visuel de son portfolio a attiré mon attention : la couverture du livre “Ma vie de marketeuse repentie” que j’ai eu envie de commander. Le titre me parlait déjà beaucoup… J’ai dévoré ce petit livre et suis revenue vers le Zèbre vert pour en savoir plus sur les services que cette entreprise proposait (moi qui est rêve d’écrire un roman…) mais aussi sur qui se cachait derrière ce projet aux valeurs responsables.
1. Quels sont vos parcours respectifs ? Racontez-nous votre rencontre.
Hélène : Après des études de philosophie, je démarre un stage dans une start-up parisienne, une des pionnières dans le lancement du livre numérique en France. Nous sommes en 2000, en pleine explosion de la bulle Internet. Après 4 ans faits de pluridisciplinarité, où je serai tour à tour responsable de fabrication, secrétaire d’édition et directrice de collection, je décide de partir respirer l’air du large en Bretagne, afin d’offrir un meilleur cadre de vie à mes enfants. Je travaille alors en free lance, en tant qu’éditrice, pour diverses maisons parisiennes. Je touche aussi du doigt le secrétariat de rédaction, et interviewe pendant deux ans des artistes peintres bretons pour divers magazines d’art. L’édition et la presse étant ce qu’elles sont, 2010 est une année de virage, je cherche des outils pour apaiser mon stress et mieux concilier vies professionnelle et personnelle. La sophrologie entre dans ma vie et, assez naturellement, s’impose à moi comme nouvelle activité professionnelle. Voilà cinq ans que je suis sophrologue, avec beaucoup de bonheur… tout en gardant dans un coin de ma tête l’envie de revenir à l’écrit, d’une façon ou d’une autre. Entre-temps, je rencontre Anne-Gaëlle dans le cadre d’un projet regroupant 5 femmes de talent, pour proposer un team building orienté bien-être et découverte du littoral breton aux actifs stressés… Progressivement et naturellement, le projet Zèbre vert émerge. Anne-Gaëlle rencontre de son côté Myriam, que je rencontre à mon tour. La boucle est bouclée ! Et le retour aux premières amours rendu possible, grâce à ce collectif !
Anne-Gaëlle : Après 6 années d’études consacrées à l’art et au design graphique, j’ai intégré en 2003 une agence de communication alsacienne comme graphiste et directrice artistique. Pendant près de 10 ans, j’ai travaillé sur des projets extrêmement variés avec un rythme de travail soutenu, sautant d’un projet à un autre, parfois même d’une heure à l’autre. Un rythme usant pour la créativité, qui a besoin de temps pour s’épanouir. En parallèle, en 2007, avec les membres de l’agence, nous avons monté une maison d’édition qui proposait un projet novateur d’édition en ligne personnalisable destinée aux enfants. Faute de moyens et en pleine crise économique, le projet pourtant bien parti, a périclité. Puis, fin 2012, un licenciement économique a finalement été l’opportunité de concrétiser un besoin non négociable de changer de vie et de rythme : avant tout ralentir. Ma famille et moi avons donc décidé de déménager d’Alsace pour poser nos valises au grand air, en Bretagne. Avec des enfants en bas âge, le fait de travailler comme graphiste free lance s’est imposé afin de pouvoir concilier vie familiale et professionnelle. En trame de fond, restait cette frustration de ne pas avoir pu aller plus loin dans le développement de projets éditoriaux. En même temps, à l’évidence, il n’y avait que très peu d’opportunités dans ce domaine dans la région. Mais c’était sans compter sur notre rencontre avec Hélène à la fin de l’année 2014, lors d’une réunion professionnelle. Nous avons tout de suite « accroché » et parmi nos nombreuses affinités personnelles et professionnelles, l’envie de monter un projet autour de l’édition s’est imposée très rapidement. Le projet Zèbre vert a germé en janvier 2015 et était prêt à naître dès l’été. Nos activités principales ont cependant pris le pas sur le projet et puis, il manquait encore un ingrédient, un je-ne-sais-quoi pour le finaliser. En avril 2016, j’ai fait la rencontre de Myriam dans un réseau féminin ; elle aussi souhaitait mettre en place un projet d’édition. Spontanément, je lui ai proposé de lui présenter notre projet et tout naturellement, l’approche de Myriam est venue compléter l’offre de Zèbre vert.
Myriam : Après des études littéraires et de psychologie, complétées par une formation d’assistante de direction, j’ai commencé à travailler dans un organisme de formation pour les ingénieurs-conseils en région parisienne. J’étais déjà un drôle de zèbre qui cherchait sa voie et peu satisfaite par celle que j’étais en train de prendre. En 1999, j’ai eu l’occasion de rejoindre une maison d’édition spécialisée dans les sciences humaines et la spiritualité protestante. J’y suis restée 13 ans à des postes divers : responsable de fabrication, responsable d’édition et responsable communication. Je me suis formée en partie en autodidacte et grâce à de nombreuses formations professionnelles. Enfin, j’étais comme un poisson dans l’eau dans un univers qui me correspondait. Les 5 dernières années, dès 2005, j’avais exporté mon poste en télétravail pour retrouver le bon air marin et breton qui me manquait. Tout comme Anne-Gaëlle, le licenciement économique m’a donné l’occasion de franchir le pas de l’entrepreneuriat. Ma première idée était de monter une maison d’édition, mais j’ai senti très rapidement qu’il était préférable de proposer des services externalisés aux maisons d’édition pressurisées dont les effectifs diminuaient comme peau de chagrin. Je l’ai fait en rejoignant la coopérative d’activités « Avant-Premières » pendant 3 ans. L’orange et la plume, ainsi bien accompagnée, s’est développée rapidement. J’y propose des services d’édition déléguée et du conseil en communication destinés à l’édition. Seul hic de taille, aucun de mes clients n’était local ni même breton. Le travail à distance m’essoufflait parfois et un sentiment inconfortable de solitude gâtait les encouragements. Comme tout point bloquant, il m’a poussée à trouver des solutions pour le dépasser. Fin 2015, j’ai ressenti l’urgence de rejoindre des réseaux de femmes entrepreneures afin de garder le cap… Une belle rencontre professionnelle et amicale a vu le jour lorsque j’ai rencontré Anne-Gaëlle. Des combats similaires, des valeurs proches, des affinités fortes se profilaient… En échangeant sur nos métiers et aussi nos frustrations, j’ai découvert le projet Zèbre vert, très prometteur. Depuis quelques temps, je commençais à recevoir des demandes de conseils de la part d’auteurs souhaitant publier en auto-édition… J’étais de plus en plus convaincue de l’importance de les équiper et l’initiative de Zèbre vert y répondait. Anne-Gaëlle m’a proposé de réfléchir à un possible volet communication et de rencontrer Hélène. Ça a tout de suite fonctionné entre nous trois. On était sur la même longueur d’onde et en même temps très complémentaires. Il y a des moments qu’il faut savoir saisir, et très vite, j’ai rejoint ce collectif Zèbre vert que nous avons enrichi ensemble pour lui donner des ailes !
2. Qu’est-ce que « Zèbre vert », comment vous est venu cette idée 😕
Notre envie de départ était de renouer avec l’édition et de travailler à des projets qui soient proches de nos valeurs, de nos envies et centres d’intérêts, de manière souple. Nous avons donc décidé d’intervenir uniquement sur des projets liés à des sujets alternatifs comme le développement durable, le bien-être, la santé, l’éducation, les sciences sociales, la cuisine, l’art et la création.
Ensuite, nous sommes parties de ce constat : plus de 90 % des projets éditoriaux ne trouvent pas d’éditeur. Pourtant, parmi ces 90 %, il y a des pépites, des projets différents qui mériteraient d’être diffusés. Une solution alternative est alors souvent pour l’auteur de s’auto-éditer. De nombreuses plates-formes proposent aujourd’hui d’auto-éditer et imprimer un manuscrit. Mais force est de constater qu’éditer et imprimer un livre ne suffisent pas pour qu’il soit diffusé et acheté. Il faut aller plus loin pour se démarquer dans le monde escarpé de l’édition. En particulier connaître et comprendre ses codes et ses rouages. Et seul, le parcours est difficile. C’est là qu’intervient Zèbre vert.
Pour qu’un livre puisse devenir un succès, il est intéressant de combiner plusieurs compétences, pour qu’il devienne :
– fluide à lire, sans fautes d’orthographe – sous le regard affûté d’Hélène ;
– agréable à regarder – avec les créations de couverture et mises en pages d’Anne-Gaëlle ;
– facile à diffuser – grâce à sa connaissance de la communication et des réseaux d’édition, Myriam coache l’auteur.
Zèbre vert offre ces trois compétences, à combiner et composer sur mesure, selon les besoins de l’auteur.
Il l’entoure, le soutient et l’aide à apporter une qualité professionnelle à son projet. Nous tenions également à favoriser l’autonomie de l’auteur. Et en devenant son propre éditeur, notre approche lui permet de conserver l’intégralité de ses droits d’auteur puisque nous intervenons uniquement comme prestataires. Notre collectif aide donc les auteurs à mettre au monde des livres différents grâce à l’auto-édition – un zèbre – sur des thématiques alternatives – vert – : un Zèbre vert !
3. Quels challenges rencontrez-vous dans cette activité à six mains ? Comment accordez-vous vos compétences respectives ?
À côté de Zèbre vert, nous avons chacune nos entreprises individuelles : Hélène est sophrologue, Myriam accompagne les maisons d’édition dans les domaines de l’éditorial et de la communication, Anne-Gaëlle est graphiste.
Le fait d’entreprendre à trois autour d’un projet commun est stimulant. Quand l’une manque de temps ou d’énergie, l’autre prend le relais naturellement. Nous avançons sans doute plus lentement mais plus assurées aussi ensemble : six mains, trois cerveaux, trois paires d’yeux nous permettent de trouver des solutions sur les points qui peuvent être bloquants, de démultiplier les points de vue, les potentialiser et mettre en commun les réseaux.
Le principal challenge est de trouver du temps pour se réunir. Notre temps étant compté, nous utilisons donc des outils collaboratifs en ligne, des dossiers partagés et des e-mails pour communiquer et transmettre les informations. Nous essayons d’aller à l’essentiel sans partir dans des cycles de décision compliqués. Finalement, quand une décision doit être prise, nous faisons confiance à l’expertise et à la responsabilité de l’autre. Notre fonctionnement est horizontal. Ce cercle vertueux fonctionne plutôt bien jusqu’à maintenant.
Par chance, nos compétences se superposent sans se faire concurrence. La répartition des rôles de chacune s’est donc faite naturellement. Nous apportons aux unes et aux autres les critiques et améliorations nécessaires à l’aboutissement du projet.
Gaëlle Lefèvre
16 mai 2017 at 11 h 17 minMerci, Sophie Charlotte, pour avoir partagé la belle histoire de ce trio que je côtoie régulièrement et qui a le bonheur de réunir de drôles de zèbres bretons. Pour ma part, Anne-Gaëlle m’a permis de donner une identité graphique à mon image grâce à une sensibilité et un professionnalisme sans cesse renouvelés.
Longue vie au zèbre vert!
languille
4 décembre 2017 at 11 h 13 minEt merci de m’avoir lue 😉
Belle journée
Véronique, la marketeuse repentie.