Le mentoring pour entrepreneuse
Je vous ai déjà parlé ici de l’intérêt du bénévolat et de combien il est utile de donner de son temps. Moi qui était plutôt vénale, il le faut un peu je pense pour faire une école de commerce (!), je me plais depuis plusieurs années à intervenir de façon gracieuse pour différentes structures. C’est en fait l’école de commerce, NEOMA, dont je suis diplômée depuis 15 ans qui m’a sollicitée pour intervenir en tant que “mentor” auprès de groupes de jeunes en fin d’études, et faisant partie de la même “dominante” que celle que j’avais choisies à l’époque : l’entrepreneuriat. Pour la petite histoire, cette spécialisation (de mon temps) restait marginale (avec celle sur les ONG), bien loin derrière celles de Finances et d’Audit, qui ne m’attirait pas du tout.
Aujourd’hui, cette “majeure”, comme on les appelle aussi, dans le jargon des business schools, est devenue la plus demandée. L’entreprenariat a le vent en poupe chez les actifs mais aussi chez les étudiants, qui après plusieurs stages dans de grandes entreprises, ne se voient pas forcément bosser pour l’une d’entre elles. Ils sont donc plusieurs dizaines d’étudiants à travailler pendant les trois derniers mois de leurs études sur un projet de création d’entreprise. Pour les aider, ils rencontrent différents experts du juridique, du marketing, du business plan. L’école a cependant remarqué qu’il manquait à ses jeunes une vision globale sur leur projet. C’est alors qu’est née l’idée du recours à un mentor pouvant justement leur apporter une vison extérieure du projet dans son ensemble, notamment en soulevant des points qui peuvent paraître anodins mais qui pourtant pourraient compromettre toute la viabilité et la faisabilité de leur projet. Ce qui est top, c’est que j’ai pu à plusieurs reprises choisir le groupe à mentorer. Ainsi, j’ai eu la chance d’accompagner, entre autres, quatre jeunes étudiantes dans la soutenance de leur projet de création de robes en semi-sur-mesure, vous qui me suivez vous comprendrez que l’idée de commander sur Internet sa robe, en choisissant un modèle, un tissu et de la savoir cousue main par une couturière de ma région m’a tout de suite plu…
C’est dans ce contexte que j’ai découvert ce qu’est le “mentorat” ou “mentoring” en anglais, et donc le rôle que tient le “mentor” dans sa relation avec le ou les mentoré.e.s.
Le mentorat
Le mentorat est une forme s’accompagnement. Mais il se distingue du coaching ou du conseil. D’après Wikipédia, on trouve la définition suivante pour expliquer en quoi le mentorat consiste : cela “désigne une relation interpersonnelle de soutien, une relation d’aide, d’échanges et d’apprentissage, dans laquelle une personne d’expérience, le mentor, offre sa sagesse acquise et son expertise dans le but de favoriser le développement d’une autre personne, le mentoré, qui a des compétences ou des connaissances à acquérir et des objectifs professionnels à atteindre”.
Cette “aide est souvent apportée dans le cadre d’une relation professionnelle, en dehors de la ligne hiérarchique, répondant aux besoins particuliers du mentoré en fonction d’objectifs liés à son développement personnel ou professionnel.” On comprend donc aisément que le “mentor” est quelqu’un qui se porte normalement volontaire pour endosser ce rôle de partage. Les personnes qui apprécient la transmission de connaissances et d’expériences sont donc plus à-même de mentorer des candidats en demande. Mentorer doit être un plaisir et procurer une satisfaction personnelle. Selon moi cela relève à la fois du domaine professionnel et personnel, avec cette impression agréable d’avoir fait une “bonne action” en échangeant sur des sujets qui nous animent voire nous passionnent.
En France, le mentorat entrepreneurial est régi par une charte nationale, signée en 2013 (par Dominique Restino, président de l’association IME France, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif et Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l’innovation et de l’économie numérique à l’époque). C’est dans un contexte de volonté de croissance des PME que le gouvernement a souhaité que les entrepreneurs ayant réussi accompagnent ceux qui se lancent dans leur développement. Cette charte est là pour donner un cadre de référence c’est à dire pour encadrer les pratiques et éviter les dérives comme les abus possibles. Vous pouvez trouver le contenu de cette charte sur le site de l’Association Française des Instituts du Mentorat Entrepreneurial.
Un point divergent est celui de la monétisation de l’accompagnement apporté par le mentor. Un mentor doit être bénévole et donc ne devrait pas se faire rémunérer pour le temps d’aide et d’écoute qu’il engage envers le mentoré. Importé du Canada, cette pratique se veut sans contrepartie numéraire : “Dénué de tout intéressement financier – ni rémunération, ni participation dans la société du mentoré -, le mentor sert avant tout à “ouvrir le champ des possibles et de la réflexion” (source Chef d’Entreprise : Devenir Mentor Pourquoi Pas Vous ?). Ce point fondamental, selon moi, ne semble pas s’appliquer dans tous les organismes que vous pouvez trouver en ligne. Les pratiques changent cependant selon les pays.
Devenir mentor et où trouver un mentor
Si l’idée vous plait et si l’aventure du mentoring vous attire, je partage avec vous quelques adresses intéressantes pour poser votre candidature bénévole en tant que mentor ou pour rejoindre un programme de candidats mentorés.
- France Bénévolat : est un site généraliste sur lequel vous trouverez de nombreuses missions dont certaines de mentorat. Ces missions ne sont pas limitées à l’entre-aide entre entrepreneurs, ainsi il est possible de mentorer des jeunes en situation d’échec scolaire par exemple. Vous trouverez aussi une plaquette à télécharger sur le rôle d’un mentor.
- Moovjie : ce programme s’adresse aux étudiants et aux jeunes entre 18 et 30 ans. Cet organisme organise un tour de France du mentorat, il est dommage qu’ile ne passe que dans 4 villes mais c’est déjà ça !
Il existe aussi des structures spécialisées dans l’accompagnement des femmes entrepreneuses et qui proposent aussi des programmes de mentoring (liste non exhaustive) :
- Women Initiative Foundation : vous trouverez un article intéressant sur le sujet ici.
- Action’elles : Réseautage et Mentorat
- LeadHer : le programme de Mouves pour les femmes impliquées dans l’entrepreneuriat social
- Empow’her : propose le programme Women’Act auquel j’ai la chance de participer cette année. Vous trouverez la liste des mentors femmes 2019 ici.
Enfin, je vous recommande cet article, sur le site de la radio RTL, au sujet du mentorat entre femmes. J’espère avoir réussi à vous donner une première vision de ce qu’est le mentorat, et peut-être qui sait, vous avoir donné envie de devenir mentor ou mentorée à votre tour !
A lire aux éditions Eyrolles : Culture Mentoring, accompagner les femmes pour réussir.
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