Mieux se connaître à travers le deuil animal
L’année 2019 touche à sa fin et avec elle ma série de posts sur la connaissance de soi. J’avais en effet placé cette année sous cette intention : celle d’apprendre à mieux comprendre qui je suis. Ce post est donc le douzième de l’année. Un par mois, le compte est bon mais quelque chose me dit que ce thème reviendra certainement dans les pages de ce blog en 2020…
Ce dernier post pourra vous paraître un peu tiré par les cheveux mais peu m’importe parce que je sais combien il est important de partager ses expériences pour aider d’autres personnes qui peuvent avoir vécu des souffrances similaires, même si – je vous l’accorde – le deuil est une épreuve très personnelle.
Nous y voilà donc : le deuil. Je n’aurais jamais cru écrire les lignes qui vont suivre et pourtant j’ai toujours eu et toujours aimé les animaux…. Mais quand on perd son père à 17 ans, on se dit naïvement que rien ne pourra être plus dur. Mon père est mort à 40 ans, et depuis pour moi, tout ceux qui meurent plus vieux sont chanceux parce qu’ils ont fait du rab’…. Le problème est bien là : mon référentiel est complètement faussé. La barre a été placée assez haute assez tôt et donc du coup rien ne pouvait égaler cette perte. Sauf que quand des événements de la vie surviennent, on a beau croire, la force n’est plus toujours là pour les surmonter.
Nous étions partis en Angleterre pour le début des vacances. J’avais laissé notre labrador chez une dame qui a l’habitude de garder des chiens. Le matin même, au pied de mon lit, en caressant mon chien, je me suis dit qu’elle me manquerait le jour où elle viendrait à disparaître. Je l’ai laissée confiante, j’ai fait nos valises et nous sommes partis le dimanche. Le mardi matin suivant, je me suis réveillée avec une petite voix dans la tête qui me disait de prendre des nouvelles de Gisèle (oui ce nom a fait rire tout le monde tout au long des huit années de son existence). J’ai eu le temps de me lever et de filer dans la salle de bain quand mon téléphone a sonné. La dame qui la gardait m’informait que ma chienne n’était pas en forme… Je n’ai pas voulu inquiéter les enfants et j’ai mis cela sur le compte des nouvelles croquettes. Quand mon téléphone a re-sonné en début d’après-midi, j’ai vite compris que les nouvelles n’étaient pas bonne. Notre labrador venait d’être prise en charge en urgence par le vétérinaire qui avait besoin de connaître son historique de santé. Quelques allergies, une stérilisation, son traitement en cours…. Elle était semi-comateuse et son état semblait bien critique.
Nous étions à Londres, bien loin d’elle, incapables et inutiles. Trente longues minutes se sont écoulées avant d’apprendre sa mort. Tout à foutu le camp dans son gros corps de poils. Le véto lui-même n’a rien compris. Non, ce n’était pas un empoisonnement, peut-être une tumeur ou une pathologie cachée par son obésité naissante…. je ne le saurais pas. Je n’ai pas opté pour l’autopsie. Toute vérité est-elle finalement utile ? La vérité, c’est que j’avais l’impression d’une déchirure énorme. Moi qui avais tant râlé sur ce satané chien qui s’échappait si souvent. Elle savait reconnaître les paquets de la boulangerie et ne manquait pas une occasion de nous voler nos pâtisseries. Ce chien était un stress permanent, une corvée qui me pesait souvent. Je l’avais pris trop tôt alors que j’étais encore dans les couches et les biberons de mes garçons. Je l’ai maudite mille fois et sa mort m’a peinée comme je ne l’aurais jamais imaginé.
Nous étions au début des vacances et je venais de perdre une partie si présente de ma vie que je n’avais pas vu grandir en moi. Quelle tristesse de se rendre compte de l’importante des choses, une fois qu’elles ne sont plus. N’ai-je donc rien appris en 38 ans de vie ? Mon chien avait fait son trou parmi nous malgré tout (et dans toute la clôture). J’avais pris un chien pour me sentir plus en sécurité, j’avais pris un chien parce que j’en avais toujours eus avant, avant être adulte, avant d’être maman. Je l’ai pris comme on prend une alarme. Je n’ai su que cet été que ma mère et ma soeur s’étaient demandées à quoi je pensais en m’encombrant d’un chien alors que j’avais déjà deux enfants de deux et quatre ans (et que le troisième allait pointer le bout de son nez). Oui ce chien m’a encombrée. J’ai maudit ce chien qui m’a rendue la vie difficile en s’enfuyant si souvent chez les voisins. Mais c’est grâce à elle que j’ai rencontré mes voisins et suis désormais amie avec eux. C’est avec elle que je me suis retrouvée quand j’étais seule et c’est très (trop) tardivement que j’ai compris son rôle dans ma vie. Celui d’un compagnon avec ses défauts et ses qualités, comme toute personne avec qui on partage finalement sa vie. Elle était encombrante mais elle était présente et malgré tout vraiment aimante.
Je recommande ce livre pour parler de la mort à vos enfants et notamment dans le cas de la mort d’un animal : Tu vivras dans nos coeurs pour toujours
C’est mon petit dernier qui a eu le plus de mal avec son départ, contre toute attente, lui qui paraît toujours si fort et si insensible. Mais quand lui est arrivé dans notre famille, elle était déjà là, je me rappelle le lui avoir présenté, elle l’avait reniflé et avait compris. Il n’avait en réalité jamais vécu sans elle. Elle avait toujours été là pour lui, à ses côtés. Huit ans de vie, ce n’est pas rien. Le lien qui unit un animal à l’être humain ne peut être que vécu pour être compris. Une étude récente mettait en lumière (ce que beaucoup de propriétaires d’animaux savaient déjà) que la perte d’un chien fait aussi mal que la perte d’un proche et cette douleur est souvent sous-estimée. Pour moi, elle fût une épreuve que je n’avais pas vu venir. Et si certains préfèreront ne pas reprendre un chien parce que la souffrance de la perte future sera trop importante, je préfère encore avoir à m’y confronter à nouveau en accueillant un autre chien, car c’est aussi le propre de toute relation d’amitié : elle se termine inévitablement un jour par la mort de l’un des deux.
ARLETTE DOROTHEE
1 avril 2020 at 15 h 42 minBien à vous
je ne prends qu’aujourd’hui connaissance de ce post qui me touche particulièrement,
comme vous j’ai perdu un labrador mais à bientôt 14 ans
et en 2018 un golden retriever, 13 ans
oui nous avions repris un” cousin ” perdu alors que nous préparions nos valises et l’emmenions au portugal où depuis la retraite nous y passons 4 à 6 semaines
vous exprimez exactement ce que nous avions ressenti très fortement, n’ayant plus d’enfants à la maison, ce golden représentait beaucoup – nous ne sommes pas larmoyant, ayant fait beaucoup pour lui enfin le plus normal
il était si agréable, doux calme aucune parole nécessaire pour faire ce que nous avions à faire avec lui jusqu’à l’emmener en voiture avec 2 nuits à l’hôtel aller et retour, soit 4 pour un chien ouiii
certains ……je ne vous dirais rien d’autre
c’était pour nous une évidence, jusqu’à la véto qui savait que rien ne me ferait changer d’avis, et au retour elle savait et nous comprenait.
Aujourd’hui plus de chien, c’est une violence pour moi que je m’impose je n’aime que les gros chiens, mon mari a des soucis de santé et pour les déplacements plus facile mais…nous gardons le golden de notre fils
j’arrive à ne pas faire ou ressentir de comparaison, ainsi je ne souffre pas mais….bientôt 2 ans après je ne dis plus JAMAIS je regarde les chiens, qui m’approchent d’ailleurs alors qui sait ……….
cordialement