ENTREPRENDRE, Parcours

Parcours : elle met des mots sur vos vies

C’est au détour de mes balades quotidiennes sur Instagram, et cette fois via mon nouveau compte dédié aux femmes veuves : @vcommevie, créé récemment, que j’ai découvert le travail de Julie. Au moment où je vous écris, son nouveau site Murmures, pour sa seconde entreprise, n’est pas encore opérationnel mais son compte Instagram @m.urmures en dit déjà long sur son potentiel mais surtout sur l’importance de sa mission. Plus qu’une entrepreneuse, Julie est une femme inspirante qui a su puiser dans sa vie, l’énergie nécessaire pour créer, transmettre et être utile aux autres dans les moments les plus forts de notre existence.

1. Qui est-tu : ton parcours de vie ? ton travail ? ta première entreprise ?

Enchantée, je m’appelle Julie. Comme bon nombre, ma vie a été bousculée de départs marquants. Je suis née au printemps il y a 37 ans, peu après la disparition de ma grand-mère maternelle. Ce deuil a tout soufflé sur son passage, j’ai grandi en regardant les adultes autour de moi se débattre comme ils pouvaient avec leurs émotions. Tout était fermé à double tour, un unique portrait pour dessiner des contours à ce prénom et un silence qui pesait lourd.

Mais je n’avais de cesse de me poser des questions, surtout quand la nuit tombait, faute de pouvoir leur en poser à eux. J’ai eu la chance de passer énormément de temps chez mes grands-parents paternels. Auprès d’eux, j’ai compris que la mort faisait partie de la vie. Entamer la journée en regardant la rubrique nécro, passer du temps chaque mercredi au cimetière à jardiner sur la tombe familiale, utiliser des mots francs sans détour pour parler de la mort. Mon grand père adoré est mort lorsque j’avais vingt ans et ce moment a été particulièrement fondateur. J’avais à coeur de lui rendre hommage, de lui offrir des obsèques plus personnalisées que toutes celles auxquelles j’avais assisté.

Choisir des musiques qui faisaient sens, imprimer des photos et des textes à distribuer, vouloir des fleurs qui lui ressemblaient, demander à ce que les deux autres prêtres qui avaient compté dans sa vie soient présents… non sans mal, mais je n’ai pas baissé les bras. C’est la première fois que je rendais public les mots que j’écrivais dans des carnets. Vite après, on m’en a demandé d’autres pour ceux à qui le verbe manquait. J’ai refusé, je n’étais pas prête.

J’ai eu trois enfants : maman de deux et mamandeuillée d’un. Un deuil périnatal, une interruption médicale de grossesse à traverser, et une solitude . Un tabou que j’avais envie de briser. J’étais dévastée et révoltée. Je m’étais promise qu’un jour, quand je m’en sentirai capable je voudrais être utile, aider les endeuillés.

Depuis sept ans, je suis connue dans le monde du mariage sous mon double créatif : Plume. Je suis officiante de cérémonie laïque. J’accompagne des couples dans ce rite de passage : le mariage. Je sonde les coeurs humains et j’éclaire de mes mots et de ma voix leurs histoires d’amour. Et bien souvent, j’ai rendu hommage ces jours là aux défunts qui ont comptés dans la vie de ces amoureux.

J’ai tant aimé mon métier de diseuse de belles aventures à mettre du beau entre les gens. En parallèle, cette envie profonde de donner vie à cette seconde activité ne me quittait pas.

2. Comment est né Murmures ? pourquoi ce nom ? pourquoi parler de mission de vie ?

Je cherchais un nom, un qui résonnerait en moi. En parcourant un de mesnombreux carnet, celui-là a fait boum-boum ! Murmures pour moi ce sont des secrets chuchotés au creux d’une oreille complice, des battements de coeur, une vibration qui perdure longtemps après que les mots ait été prononcés. Et comme j’aime la sonorité de ce mot ! Son effet sur nos lèvres. Deux labiales qui sonnent comme un petit baiser tout doux que l’on fait bruisser deux fois. Ca matchait, ça faisait sens avec tout ce que je voulais lui faire dire poétiquement. A chacun d’y piocher la sémantique qui lui plaira.

J’ignore si je suis faite pour ça mais je sais que je suis faite de ça. J’ai toujours eu la manie de chercher un sens à la vie, d’interroger régulièrement pourquoi ces humains sont sur mon chemin et quel rôle je joue sur le leur. La conscience que le temps m’est compté m’encourage à suivre mon coeur là où il bat fort. J’ai toujours craint de ne pas vieillir, alors j’empoigne la vie tant qu’elle est là.

Pas un soir où je me couche en pensant que peut être ce sera le dernier (le sommeil et moi, nous sommes des faux amis ) et pas un matin sans que je ne me lève en pensant : « ok, je suis encore là. Voyons ce qu’on peut faire aujourd’hui ! » Je crois fort que nous avons tous une mission de vie. Ma spiritualité me pousse même à croire que nous avons une mission d’âme. Mais si je veux être plus terre à terre, je dirai que je suis à l’écoute de mes ressentis. Pour me sentir vivante, j’ai besoin d’aligner ce que je suis à ce que je fais. Je réajuste régulièrement le calque pour qu’il se superpose de mieux en mieux.

En octobre 2019, j’ai réalisé que je m’étais éloignée de mon chemin. J’ai rebranché ma conscience sur ce que ma petite voix me dictait. Je savais que le moment était venu d’oser. J’ai regardé mon parcours dans le rétro, ce qui s’inscrivait en filigrane chaque fois que je me suis sentie alignée. C’était évident à mes yeux, ma mission de vie repose sur ces 4 là. J’en ai extrait ce que je me plais à nommer avec malice « mes premières volontés » :

Apaiser

Accompagner les familles guidée par une volonté profonde d’ apaiser ces moments douloureux.

Eclairer

Avec respect et humanité, je suis la petite veilleuse utile quand la nuit est tombée. Une présence silencieuse ou bavarde.

Honorer

Je suis une croque-vie. J’aime refaire vivre la mémoire des défunts en célébrant leur histoire et les empreintes laissées dans celles des autres.

Relier

Quand tout est éparpillé, les souvenirs, les émotions j’aime travailler à rassembler ce qui doit l’être et ceux qui doivent l’être. J’aime aussi accompagner du vivant en prêtant mes mots pour qu’ils soient transmis en héritage émotionnel pour ceux qui resteront.

3. Tu t’es lancée après 12 ans, comme quoi mûrir un projet et trouver la force nécessaire n’a pas de deadline idéale, quels conseils donnerais-tu à celles qui repoussent leurs idées, attendent, n’osent pas…. pour qu’elles sautent enfin le pas ?

Il y a dix huit ans mon grand-père mourrait. Il y a douze ans, je donnais naissance à mon enfant sans vie. J’y songeais en pointillé. Il y a 7 ans, je poussais la porte d’une agence de com avec mes deux projets sous le bras.

Plume est née sans attendre, comme un défi que je m’étais lancée. Deux jours après avoir célébré le mariage de mes amis, j’ai ouvert une auto entreprise sur une plage à Noirmoutiers. J’ai osé et je ne l’ai jamais regretté.Murmures c’est tout l’inverse. Parce qu’il touche à une part très sensible, parce qu’il était en accord parfait avec ma personne toute entière. Je n’étais pas prête à me montrer ainsi.

Alors je dirais qu’il m’a réellement fallu 7 années pour mûrir et mettre toute mon énergie au service de ce qui m’appelait intérieurement. A mon sens, la seule deadline valable est celle du coeur : quand vous sentez qu’il devient vital de suivre ce qui vous allume l’âme. Je n’ai aucun conseil à donner car je crois fort que chacun puise en lui les ressources nécessaires à son chemin. Mais j’aime énormément cette citation de Xavier Dolan qui dit que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais.

Faites vous confiance, et au pire, ça fonctionne !

https://murmures-memoire.fr/

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