Entreprendre n’est jamais un échec
Quand je lis aux détours d’un post facebook ou d’une photo Instagram qu’une créatrice dont je suis le travail ne « peut plus continuer ainsi », je suis triste. Triste comme beaucoup d’entre vous sans doute parce que les mauvaises nouvelles, ça ne fait jamais sourire, ça ne fait jamais du bien. Je suis triste mais j’ai aussi la gorge nouée, l’estomac serré, je n’aime pas ces nouvelles parce qu’à travers leur échec nommé, je le vis aussi comme mon échec. C’est con parce que des fois, ces filles ne me connaissent même pas, pour d’autres je les ai à peine aidées, certaines ont du lire nos livres et si je ne suis directement pour rien dans cette aventure malheureuse, je me sens concernée. Je ne peux m’empêcher de me dire qu’en écrivant nos guides, je leur vends du rêve, je leur donne un espoir faux, je les encourage sur un chemin de toute façon hasardeux et sinueux. Alors à quoi bon ? A quoi bon donner tous ces conseils pour qu’au final rien n’y fasse. Il n’y a pas de recettes magiques, encore moins en marketing. Je vois tous ces talents qui resteront inconnus, toutes ces créations qui
Je n’ai pas envie d’encourager les créatives à entreprendre si c’est pour échouer, comme on peut le lire. Je n’ai pas envie d’être complice passive de cette mésaventure parce que je veux pour elles ce que nous voulons toutes pour soi : l’épanouissement. Se sentir bien dans ce que l’on fait, kiffer chaque matin en se disant qu’on a le plus beau taf du monde parce qu’on l’a créé soi-même et qu’on est la plus forte, que rien ne nous arrêtera. Mais je sais combien la réalité est différente, celle des chiffres, des factures et des comptes en banque. Celle de l’évidence d’une équation qui ne tombe pas ou plus juste. Et quand les comptes ne sont plus bons, l’heure des décisions sonne comme une punition infligeant le pire : l’abandon de sa création. Je ne veux pas de ce fatalisme, et pourtant il faut aussi du réalisme me direz-vous.
Alors j’ai envie de dire à toutes celles qui pensent échouer que quand on entreprend ce n’est jamais un échec. C’est une expérience formatrice. C’est une leçon de vie, celle que vous n’auriez jamais apprise à l’école, celle qui ne se récite pas mais qui se vit. J’ai envie de vous dire de vous arrêter un instant et de vous retourner : regardez tout ce chemin parcouru ! Tous ces marchés de créateurs, tous ces posts en ligne, toutes ces nouveautés, non vous n’avez pas échoué. Vous avez avancé, vous vous êtes démenées, surpassées, perdues, retrouvées. Vous avez fait tout ça, quand d’autres ont fait quoi ??? Rien de comparable croyez-moi parce que par-dessus tout vous avez fait tout cela sans injonction ou ordre supérieur, sans obligation et pour couronner le tout vous l’avez même des fois sans vous payer. Votre courage, votre acharnement parfois, votre ténacité ne sont en rien des éléments d’échec. Si vous cherchez la définition du mot échec, Larousse vous dira : « Résultat négatif d’une tentative ». Qu’est-ce que le résultat ? Est-il seulement mesurable en euros ? Alors oui c’est facile à dire, on joue sur les mots, on philosophe, mais ce que vous avez et vous aurez appris en entreprenant ça n’a pas de pris et ça vous pourrez le revendre. Vous pouvez et pourrez transférer vos connaissances et compétences acquises dans un autre domaine. Les carrières ne seront de toute façon plus rectiligne, le mot parcours professionnel prendra alors tout son sens : on prendra une route puis on rebroussera chemin pour retrouver sa direction.
Arrêter d’entreprendre n’est pas un échec, c’est une décision et comment peut-on parler d’échec quand tout ce que vous savez faire, c’est justement FAIRE. Alors soyez fière, soyez fière d’entreprendre encore, d’avoir entrepris ou d’entreprendre demain.
Retrouvez ce sujet et d’autres comme le « burn-out créatif » et le syndrôme de l’imposteur chez la créatrice dans mon prochain livre “Le guide des entrepreneuses créatives” aux éd. Eyrolles dès le 21 novembre en librairie.
Solenne
10 novembre 2019 at 22 h 11 minMerci pour cet article. L’échec est effectivement là où on décide de le mettre.
Je trouve que l’échec, ce serait de ne pas essayer. Mais c’est un point de vue très personnel.
Sophie
11 novembre 2019 at 15 h 57 minAh je te comprends ça me fait mal au cœur. Tu sais qu’on soit entrepreneuse ou salariée rien est garantie. Pour moi la liberté, la possibilité de vivre ses rêves pèsent plus lourds dans la balance que les fins de mois difficiles. Mais chacune est maîtresse de ses choix et ce qui est vécu comme un échec ajd (et dieu sait que je me suis cassée la gueule plus d’une fois) n’est en fait qu’une étape du chemin. Parfois il faut savoir prendre un chemin détourné pour éviter le Burnout et déplacer le poids du stress des angoisses ou encore la responsabilité de travailler seule…