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MIEUX SE CONNAITRE : GRACE A SES ENFANTS

Je poursuis ma série d’article sur comment mieux apprendre à se connaître, toujours persuadée que le développement personnel fait partie entièrement de l’entrepreneuriat, qu’on entreprenne d’ailleurs seule ou à plusieurs. En effet, se connaître c’est aussi améliorer sa perception des autres, c’est comprendre leurs réactions vis à vis de nous, leurs attentes aussi.

Savoir qui nous sommes vraiment, qui se cache au fond de nous, cette personne qui a tant changé depuis notre enfance et qui a vécu bien des choses qui nous ont façonnées, des fois même à notre insu…

La maternité fût pour moi une étape importante sur mon développement personnel. Une transformation pour laquelle je n’était pas prête et encore moins préparée (si ce n’est via les cours de prépa à l’accouchement, autant vous dire que finalement dans la maternité, la grossesse et la naissance sont certainement ce qu’il y a de plus facile !). Mes enfants m’ont amenée à me remettre en question, à m’interroger sur mon fonctionnement, ma façon d’être et de penser. On est obligée de s’adapter, de lâcher prise et c’est toute une aventure qui commence, et recommence avec chaque enfant.

Je me suis donc (re)découverte à travers les miens et c’est auprès de Karine, créatrice de la marque Les Enfants Nomades, et auteur du livre 50 activités pour éveiller nos enfants (ed. Hachette) que je suis allée chercher conseils pour comprendre un peu mieux en quoi nos enfants pouvaient eux aussi nous aider à mieux nous connaître..

1. En quoi le fonctionnement de l’enfant peut-il, selon toi, être révélateur de notre propre potentiel ?

On a tous entendu parler d’histoire d’accidents où les parents ont eu la force de soulever une voiture pour sauver leur enfant… on ne sait que croire mais au fond de nous on a envie d’y croire car on sait que pour nos enfants on peut soulever des montagnes.

Je pense qu’on prend conscience de notre potentiel quand on est face à une difficulté avec notre enfant (maladie, problème d’apprentissage ou de comportement etc.) ou tout ce qui ne correspond pas à une situation lisse et normé que les photos sur papier glacé aimeraient nous imposer comme modèle. Mais la vraie vie, celle de tout le monde en fait, apporte son lot de difficultés, toutes différentes certes, mais comme face à la douleur, nous n’avons pas tous le même seuil de tolérance, et c’est quand ce seuil est dépassé que, pour notre enfant, nous sommes capable de nous surpasser et de là on découvre notre potentiel. Le « mini-moi » n’existe pas et ce sont ces phases où l’enfant révèle ses propres différences que nous prenons conscience des nôtres.

Les processus d’assimilation (le fait d’intégrer un nouveau savoir aux anciens en le comparant et en le modifiant pour qu’il devienne sien en fonction des savoirs existants, par exemple : mon enfant a peur du noir, je me rappelle que moi aussi à son âge je n’étais pas vraiment rassurée) et d’accomodation (le fait d’ajuster les savoirs anciens en fonction d’un nouveau savoir ou d’une nouvelle situation qui montre qu’il faut les mettre à jour, par exemple : je ne donnerai jamais de bonbon à mon enfant quand je serai parent… mouais mouais) sont les bases de l’apprentissage chez l’enfant… il semblerait que devenir parent c’est refaire connaissance avec ces deux processus… en permanence.

Parfois il y a des situations où nous devons faire accompagner notre enfant par des professionnels et c’est en lisant les comptes rendus d’experts que l’on se rend compte qu’en fait nous sommes comme lui (je pense notamment à tous ceux qui apprennent que leur enfant est Haut Potentiel ou bien a un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité et qui se rendent compte qu’ils le sont aussi. Cette révélation va permettre aux parents de mieux vivre le présent et parfois de suivre eux même un accompagnement pour apprendre à se connaitre.)

2. L’enfant peut nous surprendre, nous challenger, nous pousser quelquefois jusqu’à nos limites, il nous force inconsciemment à trouver des solutions pour que la vie ensemble soit possible. L’adulte pourtant pense, par son âge et son statut, avoir raison et prédominer par nature, mais en quoi finalement avons-nous (tout) à apprendre de nos enfants ? de chaque enfant ? 

Elle n’est pas simple cette question car elle dépend, je pense, beaucoup de l’éducation que chacun a reçu et qu’il a envie de transmettre. La place de l’enfant a énormément changé en un siècle, le XXème est surnommé le siècle de l’enfant. Durant ce siècle, la scolarité est devenue obligatoire – pour les garçons puis pour les filles – la mortalité infantile a diminué drastiquement, les moyens de contraception ont permis aux familles de choisir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent, les experts de l’enfance (inexistants auparavant) ont émergé. Les enfants sont passés de source de revenus à consommateurs. Les enfants, garçons comme filles, ont beaucoup plus de pouvoir sur leurs parents et un droit de parole impossible à imaginer dans les siècles antérieurs. La question de la discipline a donc évolué et l’anxiété parentale a considérablement augmenté… Aussi pour répondre à ta question je vais te parler de style parental d’éducation. Dans les années 90, Diana Baumrind psychologue clinicienne et chercheur en psychologie du développement, a initié des études scientifiques sur les styles parentaux en s’intéressant aux rapports entre les conduites parentales et les comportements des enfants. Son approche est intéressante par son interprétation de la notion du contrôle : le contrôle exercé par les parents n’est pas uniquement restrictif, il s’exerce pour permettre à l’enfant de mieux se socialiser. A la suite de ses travaux de recherche 3 types parentaux (pour des familles tout venant, sans difficultés particulières) ont été définis selon deux facteurs :-        l’exigence des parents (décrite aussi comme leur contrôle : discipliner, superviser, exiger de l’enfant un comportement mature, et faire face à la désobéissance de l’enfant c’est-à-dire ne pas éviter le problème). L’exigence parentale est associée à un meilleur contrôle comportemental chez les enfants (performance scolaire, comportements déviants) –        la réactivité des parents (décrite aussi comme leur sensibilité, chaleur ou soutien : écouter les besoins de l’enfant, soutenir, encourager l’enfant). La réactivité des parents est associée au fonctionnement psychologique et aux compétences sociales des enfants.

  1. Le style parental démocratique (ou directif) est le résultat d’une forte réactivité parentale et de fortes exigences parentales. Le parent démocratique/directif est donc exigeant et réactif : Les parents démocratiques peuvent comprendre comment leurs enfants se sentent et leur apprendre à réguler leurs émotions. Malgré leurs fortes attentes à l’égard de la maturité de l’enfant, ces parents sont généralement prompts à pardonner d’éventuelles lacunes. Ils aident souvent leurs enfants à trouver des solutions pour résoudre leurs problèmes. Ils encouragent leurs enfants à être indépendants mais tout en continuant à imposer des limites à leurs actions. Les longs échanges verbaux ne leur sont pas refusés. Ils essaient de se montrer chaleureux et soutenants envers leurs enfants. Les parents démocratiques exercent généralement moins de contrôle psychologique que les parents autoritaires permettant à leur enfant d’explorer plus librement, ce qui leur permet de prendre leurs décisions sur la base de leur raisonnement. Ils vont définir des normes claires pour leurs enfants, ou encore surveiller les limites qu’ils fixent, tout en permettant à leurs enfants de développer leur autonomie. Les punitionspour mauvaise conduite sont mesurées et cohérentes, ni arbitraires, ni violentes. Souvent, les comportements ne sont pas punis, mais les conséquences naturelles du comportement de l’enfant sont explorées et discutées avec lui, permettant ainsi à l’enfant de voir que le comportement est inapproprié et ne doit pas se répéter, plutôt que de ne pas répéter le comportement simplement pour éviter des conséquences désagréables (une punition). La parentalité positive, très en vogue mais dont le style n’est pas décrit et dont le fondement théorique n’est pas encore suffisamment étayé scientifiquement, est très proche de ce style démocratique.
  2. Le style parental autoritaire: Les parents autoritaires privilégient l’obéissance : ils exigent de leurs enfants de suivre leur direction avec peu ou pas d’explications ou de commentaires, sans intérêt pour les conditions et perceptions de l’enfant. Le but de ces parents, quand ils sont bien intentionnés, est d’apprendre à l’enfant à bien se comporter, de survivre et de s’épanouir comme un adulte dans une société hostile et impitoyable, en préparant l’enfant à faire face aux réactions négatives telles que la colère et de l’agressivité, auxquelles il fera face si son comportement est inapproprié. Les enfants élevés par des parents autoritaires ont tendance à être conformistes, très obéissants, calmes, renfermés. Ils peuvent faire preuve de compétences sociales moindres, parce que le parent indique souvent à l’enfant ce qu’il doit faire, plutôt que de permettre à l’enfant de choisir par lui-même. Il peut sembler exceller dans le court terme, mais ce style limite son développement. La réussite scolaire est moins bonne que celles d’enfants élevés par des parents démocratiques, en particulier parce que les motivations pour réussir sont extrinsèques plutôt qu’intrinsèques. Le style parental autoritaire impose la discipline en exigeant de l’enfant l’obéissance et l’acceptation des décisions sans poser de questions : le contrôle psychologique y est élevé. Pour autant dans ce style parental, l’affection est très présente. (je fais l’impasse volontairement des cas de familles autoritaires où les châtiments corporels sont présents)
  3. Le style parental indulgent (ou permissif) : les parents sont des parents réactifs (ou sensibles) à leurs enfants mais peu exigeants. Ce style est caractérisé comme ayant peu d’attentes comportementales de l’enfant, les parents essayent d’être amisavec leurs enfants et ne jouent pas un rôle parental. Ils permettent aux enfants de prendre leurs décisions et leur donnent des conseils, comme un ami le ferait. Les attentes quant à l’enfant sont très faibles. Il y a peu de  Les parents permissifs ont parfois tendance à donner à leurs enfants ce qu’ils veulent dans l’espoir d’être appréciés. Les enfants sont plus souvent immatures, moins responsables et moins capables de contrôler leurs impulsions. Cependant, ils ont globalement une bonne estime d’eux-mêmes, de meilleures compétences sociales et de bas niveaux de dépression (comparés aux enfants de parents autoritaires). Dans le meilleur des cas, ils sont émotionnellement sécurisés, indépendants et sont disposés à apprendre et à accepter la défaite. Ils grandissent rapidement et sont en mesure de vivre une vie sans l’aide de quelqu’un d’autre.

Dans les études menées suites à ces résultats (depuis 2000), on observe qu’au sein d’une même famille il peut exister différents styles parentaux car le tempérament de l’enfant influe sur le style parental. Et pour relativiser, comme le dit Baumrind elle-même : « « L’éducation selon le style démocratique, bien que suffisante, n’est pas une condition nécessaire pour avoir des enfants compétents ».

Comme je le disais tout à l’heure, le stress parental a grandi en 100 ans, il nous vient de partout l’injonction d’être de bons parents sans vraiment nous donner le mode d’emploi ou au contraire en multipliant les « il faut… ». Je vois, dans mes ateliers parent/enfant, des parents tous pleins de bonne volonté mais qui n’osent plus reprendre leur enfant qui dépassent les limites (perturbent le bon déroulement de l’atelier, ne respectent pas le matériel etc.) de peur d’être à côté de la « parentalité bienveillante ». Ne pas crier (et encore on a tous le droit d’être fatigué !) ne veut pas dire laisser l’enfant faire. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité présenter ces 3 styles parentaux : à travers ces recherches, on comprend que les enfants ont besoin d’écoute et ils ont besoin aussi d’un cadre bien défini dans lequel ils vont se sentir libre d’évoluer. Les plus curieux d’entre eux vont tester ces limites en tentant de les dépasser « pour voir »… c’est à ce moment-là qu’il peut convenir de discuter avec eux sur le fait que le cadre est toujours le même quelle que soit la situation mais aussi sur son besoin de transgresser la limite (parfois en franchissant la limite certains enfants expriment leur besoin d’être rassuré, qu’on leur dise que oui le cadre est toujours le même, que ça ne change pas…). Ce cadre, c’est ce qui va permettre à nos enfants de grandir et de vivre en harmonie dans notre société. Notre expérience en tant qu’adulte, notre rôle de guide pour nos enfants, d’instructeur de ce qui convient de faire ou pas (comment l’enfant pourrait-il savoir tout ça tout seul ?) nous amène à transmettre ce cadre à nos enfants. Les études montrent donc qu’il y a plus de chance que ce cadre soit intégré rapidement et durablement en passant par le dialogue et la démonstration que par l’injonction. Il semble aussi que selon l’enfant, il faille adapter notre façon de faire, la personnalité de l’un peut nécessiter un ajustement sur ce qui pourtant fonctionne bien avec l’autre. Encore une fois, le rôle de parent nous fait découvrir notre potentiel d’adaptation face à nos enfants.

3. Tu animes des ateliers créatifs pour enfants, et même parents-enfants, depuis plusieurs années, tu as même écrit un livre aux éd. Hachette sur le sujet et un almanach avec 316 activités aux éd. 365, peux tu nous expliquer pourquoi ces activités sont des moments privilégiés aussi bénéfiques aux enfants qu’aux parents ?

Quand les deux parents travaillent c’est parfois très dur dans la routine quotidienne de partager un moment avec son enfant… et pourtant seulement une activité même courte apporte tellement à l’enfant. Je ne vais pas me faire des amis encore une fois mais l’école n’est pas suffisante au bon développement de l’enfant. En dehors du fait que partager l’activité avec son enfant, se connecter à lui va renforcer son estime de soi, réaliser des activités créatives va permettre de l’aider aussi à exprimer ses émotions, à se connaitre, à favoriser son ouverture aux autres et à son environnement. Alors qu’en maternelle, il y a beaucoup d’activités manuelles, dès que l’enfant passe en primaire, cette activité est réduite … c’est dommage car faire preuve de créativité c’est aussi trouver une réponse à un problème donné et plus on entraine cette compétence chez nos enfants plus ils pourront faire preuve d’ingéniosité dans leur vie d’adulte. Les entreprises qui recrutent ont à l’heure actuelle dans leurs tests de recrutement des questions pour mesurer la créativité des postulants : elles ont besoin de personnes novatrices, qui sauront sortir du cadre pour trouver une solution que n’aura pas la concurrence.

Pour nous parents, partager une activité avec son enfant va nous permettre d’apprendre à mieux le connaitre, à découvrir des facettes de sa personnalité qu’on ne connaissait pas, à découvrir parfois son talent. Certains découvrent que leur enfant par exemple a une compétence innée en musique juste en lui ayant, par hasard, proposé de jouer sur un clavier… Nous avons tous 8 intelligences et l’école, notre repère en terme de compétences de nos enfants, n’en évalue surtout que 2 (intelligences linguistique et logico-mathématique). Et pourtant il y en 6 très importantes : les intelligences kinesthésique (aptitudes sportives mais aussi tout ce qui relève de la motricité fine comme dans les activités manuelles par exemple), naturaliste (certains enfants sont incollables sur la vie des animaux), musicale, visuo-spatiale (les enfants hyper forts en construction de kappla, lego ou qui font des bricolages en 3D avec du carton ou du papier), interpersonnelle (ceux qui savent résoudre les conflits chez leur camarade, qui sont empathiques), intrapersonnelle (ceux qui savent bien maitriser leurs émotions, qui savent ce qui est bon pour eux ou pas). Partager des activités va permettre de découvrir quelles sont les intelligences dominantes de son enfant et peut être aussi va nous donner envie de découvrir quelles sont les notres.

Partager une activité avec son enfant c’est se retrouver à son tour dans cet espace où le temps s’arrête : je le constate souvent en atelier : au début les parents sont centrés sur leur enfant, veulent faire à sa place, mais je veille… ils ne doivent être que ses mains quand l’enfant n’y arrive pas. Là encore laisser son enfant faire ne va pas toujours de soi : il faut lâcher prise, accepter que son enfant se trompe, même pour moi qui ait l’habitude je dois parfois me faire violence pour ne pas intervenir : en tant que parent on souhaite le meilleur pour notre enfant, nous souhaitons qu’il réussisse ce qu’il entreprend, mais dans le processus créatif ce n’est pas le résultat qui compte mais bien la façon d’y parvenir, se tromper fait partie du processus, faire avec ses erreurs, apprendre à faire avec la difficulté, trouver seul la solution, transformer ses erreurs pour que le résultat concorde avec l’objectif… tout ceci permettra à l’enfant d’être fier de lui quand le but sera atteint. Peu importe au final à quoi cela ressemble, il aura appris beaucoup et ce chemin aura été une belle aventure. C’est quand au fur et à mesure que les parents lâchent prise et réalisent l’activité pour eux-mêmes que le partage est réel et ressourçant.

1 Commentaire

  1. Olivia

    20 mai 2019 at 9 h 36 min

    Merci beaucoup pour cet article qui est très complet! Des fois j’ai pu penser qu’être mère pouvait m’empêcher de faire certaines choses, surtout au début de ma reconversion professionnelle et dans ma création d’entreprise. Grâce a cette reconversion et grâce à mon fils je me connais enfin mieux moi même, c’était peut-être ça ma plus grande peur !!

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