My Peek : le dépôt-vente revisité
Florie est une camarade de collège. Comme moi, elle est restée et évolue en Normandie. Elle a travaillé 13 ans dans le “Prêtap’ “, comprenez le Prêt à porter. C’est d’ailleurs dans l’une des boutiques de la marque pour laquelle elle a travaillé que je l’avais retrouvée, en qualité de responsable de magasin. En 2013, c’est l’effondrement du bâtiment le Ranna Plaza dans la capitale du Baglendesh qui fait 1127 morts dans des usines de production de H&M, qu’elle réalise les véritables conditions dans lesquelles les vêtements qu’elle vend tous les jours sont fabriqués. Elle se renseigne auprès de sa direction de l’époque, les réponses ne viennent pas et sa prise de conscience la rend rapidement complice et coupable de cette industrie meurtrière. En dehors des terribles conditions de production dans lesquelles nos vêtements “fashion et pas chers” sont fabriqués (voir l’expérience menée par le collectif Fashion Revolution avec son distributeur de T-shrits à 2 euros) , la Mode (et plus particulièrement les acteurs de la “fast-fashion”) est aujourd’hui le second secteur le plus polluant au monde après le pétrole… de quoi nous faire réfléchir.
Florie entame alors sa propre réflexion : comment continuer à évoluer dans le secteur de l’habillement qu’elle connaît bien en lui donnant une vraie dimension humaine et éthique. Sur son site My Peek (de l’anglais “coup d’oeil”) elle explique ce cheminement personnel et professionnel : “Le projet a mûri au rythme des rencontres que j’ai pu faire et je me suis vite rendue compte de la croissance exponentielle du mouvement de la « slow-life » et de la « slow-fashion ». Nous sommes nombreux à avoir débuté une consommation en pleine conscience, à avoir investit un cercle vertueux valorisant le savoir-faire, le savoir-consommer, à avoir une certaine idée des valeurs que nous souhaitons véhiculer et transmettre. Et plus vous vous informez sur les supply-chain, plus vous ouvrez les yeux sur « l’étrange pouvoir des petits riens » sur les impacts que votre consommation peut entraîner. Alors, j’ai décidé d’apporter une petite pierre au pont que nous essayons de bâtir pour demain”. “La seconde-main est apparue comme évidente au vu de la quantité démesurée d’achats dans le secteur du prêt à porter.” Au vu de ce constat, Florie organise depuis plus d’un an sur Rouen des événements privés thématiques, véritable expérience féminine au sein d’un lieu exceptionnel, qui font parler d’eux et pour lesquels la queue de visiteuses s’impatiente avant l’ouverture. A chaque vente sont invités des créateurs mode et accessoire français (et désormais belges). Une façon pour elle de promouvoir les savoir-faire qui souffrent de ce système mondialisant qui, si nous n’agissons pas à notre niveau en repensant notre consommation, les mettra à terre un jour ou l’autre.
Le principe est simple : la semaine précédant la vente de vêtements d’occasion en bon état, Florie procède à la collecte des pièces qui seront mis en vente. Trois marques sont cependant boycottées car impliquées dans les catastrophes humaines que la production intensive de pièces low-cost. Mettre ses vêtements en vente de cette façon à un coût forfaitaire qui couvre les frais de fonctionnement et principalement de communication des événements. La fondatrice se rémunère ensuite sur une commission prise sur chaque article vendu. Les prix sont bien entendu avantageux et en plus de se faire plaisir, la cliente agit responsablement. En diminuant notre demande ainsi, il faut espérer que les géants de cette mode pas chère, polluante et sans éthique revoit sa copie d’un point de vue humain et social. Le prix ne devrai en effet pas être le seul critère de décision dans nos achats. Acheter moins mais acheter mieux, telles sont aussi les valeurs de cette entreprise rouennaise. My Peek s’impose donc désormais comme l’une des seules alternatives locales dont nous disposons ici à Rouen. Retrouvez tout son parcours ici.
Laisser un commentaire