NEOPHOBIE ALIMENTAIRE
Ce matin, j’ai déposé à l’école primaire de mes garçons les trousses avec la ventoline et les chambres à air pour mon numéro trois qui est lui asthmatique. L’infirmière, en l’absence de médecin scolaire sur nos communes, passait valider les PAI (Plan d’Accueil Individualisé) mis en place pour les enfants souffrants d’allergie ou de pathologie et nécessitant une prise en charge particulière. La loi prévoit en effet (en théorie) que tout enfant doit pouvoir bénéficier des meilleurs conditions d’accueil dans son établissement scolaire et ce malgré ses troubles de santé, des adaptations pouvant être aménagées. Le directeur m’a appelé peu de temps après mon retour à la maison pour savoir ce qu’il en était du PAI de mon numéro deux. Plus informel, ce dernier n’est plus formalisé et il est toléré, comme il n’y mange qu’occasionnellement, que je dépose deux laitages pour son dessert. Mais pour lui, les choses n’ont pas toujours été aussi simples…
Retour sur les troubles alimentaires de mon fils
Nous sommes une famille franco-anglaise, nous vivons en France mais à la maison l’anglais domine. Mes deux plus grands sont maintenant à l’école mais étaient en crèche avant cela et c’est dès la seconde année de Nicho en crèche que j’ai compris qu’il y avait un problème… Lors de la diversification, il refusait systématiquement les morceaux, il ne voulait pas de compotes avec des petits bouts dedans et ce refus s’est généralisé sur toute son alimentation, il fallait que ce soit lisse dans les purées et les desserts. Il ne mangeait que de la purée et du jambon hâché. En dessert, il n’acceptait que des crèmes aux oeufs à la vanille d’une marque bien précise (impossible de le biaiser en utilisant le packaging, il savait très bien reconnaître l’odeur, la texture et le goût). Une fois que j’ai compris que cela poserait problème le midi à la crèche vers ses 18 mois, il était trop tard, la phobie était installée. La crèche estimait qu’il était en âge de manger comme les autres et donc ne lui servait rien d’autres que ce qu’il y avait au menu, jusqu’à ce qu’il s’étouffe devant eux un jour où ils l’avaient probablement forcé…. Quand j’y repense, j’en suis encore malade….
Tant qu’ils sont petits, on pense à du caprice, au bébé de maman sur-protégé parce que c’est le dernier blablabla on vous sort tout un tas d’âneries : ah c’est parce qu’il ne veut pas grandir ! il veut rester bébé…. Enfermez-le 2 semaines dans sa chambre au lieu de diner et il finira par descendre manger à table comme tout le monde. C’est sans doute en rapport avec le cancer de la bouche de son grand-père (mort 12 ans avant sa naissance). Le genre de psychologie à deux balles dont je me serais bien passée à l’époque.
J’ai eu la chance qu’il y ait un autre enfant dans le même cas dans cette crèche et nous échangions pas mal avec la maman du petit A. en question. Je ne suis pas du genre à me cacher ou à me taire, je pose des questions, je me renseigne mais j’étais devant une inconnue : pourquoi mon fils ne voulait-il pas mâcher, pourquoi ne voulait-il rien goûter, pourquoi avait-t-il autant de haut de cœurs et de fausses routes ? Je ne comprenais pas, il n’y avait aucune logique. Les repas se transformaient en carnage, mon ainée commençait elle aussi à devenir sélective sur la nourriture alors j’ai du arrêté de me focaliser sur ce point pour le bien-être de tous.
Nicho ne mangeait que des purées, du haché et des desserts de la même marque. Il était aussi très exigeant sur la température ou la couleur. Il aimait le rose (jambon), le vert ou l’orange (légumes) mais pas le marron (chocolat, pain, biscuits…). Aucun fruit, aucun gâteau, pas de pain, ni de fromage, ni de biscuit, ni de bonbon. Rien. Sauf son lait de croissance. Mais il avait faim. Il rentrait de la crèche affamé, il lui arrivait de passer dix heures avec un seul yaourt dans le ventre jusqu’à ce que je hausse le ton pour faire comprendre à l’équipe de la crèche qu’on se rapprochait de la maltraitance.
J’appréhendais l’entrée à l’école : comment allait-il se débrouiller à la cantine ? Contre toute attente, après l’expérience douloureuse de l crèche pour lui comme pour moi, j’ai eu la chance de tomber sur un directeur à l’écoute et pour qui la différence est une richesse et non un poids, ce qui est rare en collectivité. A la cantine, le personnel a même était compatissant envers moi, je n’étais plus tout à fait seule. L’équipe comprenait que si Nicholas n’avait pourtant pas de problème de croissance, l’aspect logistique de son alimentation relevait du casse-tête chinois (et je ne vous parle pas des déplacements trop loi née chez nous ou des vacances…). Il est rentré en maternelle avec un PAI alimentaire, Plan d’accueil individualisé, comme pour des allergies. C’est d’ailleurs le mot que j’employais pour paler des ces problèmes quand je voulais pas faire dans le détail devant des personnes peu collaborantes.
La mise en place du Plan d’Accueil Individualisé (PAI) pour lui permettre de manger à la cantine malgré son alimentation sélective.
S’il y a bien une chose qui m’a aidée dans mon rôle de maman d’un petit souffrant de troubles de l’oralité et de l’alimentation, c’est la mise en place d’un PAI : Projet d’Accueil Individualisé. Pour celles et ceux qui n’en ont jamais entendu parler, voici la définition donnée sur le site du Service Public :
« Un projet d’accueil individualisé (PAI) est mis en place pour l’enfant ou l’adolescent atteint de maladie chronique (asthme par exemple), d’allergie et d’intolérance alimentaire. Il doit lui permettre de suivre une scolarité normale ou d’être accueilli en collectivité. L’enfant pourra ainsi bénéficier de son régime alimentaire ou de son traitement, assurer sa sécurité et compenser les inconvénients liés à son état de santé. »
Si une maman de la crèche, il y a trois ans, ne m’avait pas dit qu’il était possible de mettre en place un PAI pour mon enfant du fait de ses difficultés pour s’alimenter, je n’aurais jamais pensé à y avoir recours. Je ne sais d’ailleurs pas comment j’aurais fait, ou plutôt comme mon fils aurait fait à son entrée à l’école…. Grâce au PAI, mon fils a pu faire sa rentrée sans aucune appréhension pour les jours de cantine (en dehors du fait qu’il préfèrait quand même manger à la maison). Je lui déposais sa nourriture dans des récipients hermétiques à son nom, à la cantine, les jours où je ne pouvais pas aller le chercher le midi. J’ai pris le temps d’expliquer au personnel de la cantine de quoi il « souffrait » et à ma grande surprise ils ont compris et compati ! Pour les personnes plus réticentes voire dubitatives, j’ai vite compris une chose : le corps enseignant et encadrant n’aime pas prendre de risque. Forcer mon fils à manger c’était s’exposer à son étouffement probable et à partir de là, personne ne s’y opposait plus !
Le PAI a donc permis à mon fils de manger la nourriture qu’il sait manger sans qu’on le force à essayer des aliments qui de toute façon lui font trop peur ! Cela évite aussi de recevoir des réflexions désobligeantes qui ne feront qu’empirer les choses, du type « En fait, tu es un bébé… ». Ces enfants ont ce que les anglais appellent des “safe food” = des aliments qui les sécurisent parce qu’ils savent qu’ils sont capables de les manger sans danger. Une sorte de comportement un peu animal selon moi mais protecteur.
La première année je n’ai eu besoin d’aucune justification médicale : j’ai exposé les faits au directeur de la maternelle et il a organisé le rendez-vous avec le médecin référent de l’école et le correspondant dans la mairie. Ce rdv a permis de formaliser au sein d’un même document toutes les indications et contre-indications concernant l’enfant ainsi que les précautions à prendre en cas de situation de « crise ».
La seconde année, le médecin de l’école ayant changé, elle m’a demandé des justificatifs médicaux attestant du besoin d’un PAI pour mon fils. Comment expliquer une phobie médicalement ? me suis-je dit…. Outre le fait de prétexter une malformation qui aurait disparu avec la croissance, j’aurais été bien coincée (et mon fils aussi surtout) s’il n’avait pas été suivi par une orthophoniste et un pédopscychiatre. Ce dernier a pu me faire une lettre demandant la mise en place d’un PAI pour mon fils dans le but de préserver son équilibre alimentaire et mental (je ne saurais vous redonner sa tournure exacte). Normalement le PAI doit être renouvelé tous les ans et est aussi valable pour les activités périscolaires tels que le centre aéré ou la garderie.
Certaines personnes pourront penser que ce n’est qu’une autre façon de surprotéger son enfant et que c’est justement en l’exposant aux règles et aux obligations de la communauté qu’il arrivera à passer outre ses peurs. Hors dans le cas d’une phobie, ancrée depuis des années sans aucune pleine conscience de l’enfant, cela n’y changera rien. La preuve est qu’après deux ans passés en crèche à manger autour d’une table avec d’autres enfants, mon fils n’avait fait aucun progrès…
Une chose est certaine : les institutions publiques n’aiment pas la prise de risque. Dans des cas d’asthme ou d’allergies bien connues, le PAI est pour eux une évidence. Mais dans le cas de phobies sévères pouvant avoir de sérieuses conséquences vitales (ingestion forcée d’un nouvel aliment) comme les fausses-routes ou l’étouffement. En exposant le risque important que représente une alimentation aléatoire pour votre enfant et en parlant de « dysoralité » (un mot qui fait savant et auquel les orthophonistes sont aujourd’hui sensibles), l’école ne devrait pas poser de problèmes pour la mise en place d’un PAI. Tout comme le médecin scolaire qui n’est pas là pour remettre en cause le bien fondé du PAI demandé mais pour s’assurer de la bonne mise en application de ce dernier.
Je sais que cette solution n’est que temporaire, il sera difficile pour lui, d’un point de vue social, arrivé au collège (si la situation ne s’est pas débloquée d’ici là !) de justifier d’un tel comportement. J’ai lu par ailleurs que c’est justement cette pression sociale qui peut déclencher chez l’adolescent l’envie d’essayer de nouveaux aliments pour être « comme les autres ».
Je ne peux que recommander aux parents dans le même cas de mettre en place un PAI pour le bien-être de l’enfant (sa santé et son moral) car un enfant qui a faim toute la journée ne pourra grandir et apprendre sereinement.
Apporté : de même quand nous allons au restaurant, nous lui ramenons toujours son repas en expliquant au serveur que notre enfant souffre d’allergies et cela n’a jamais posé de problème ! Un petit mensonge peut parfois vous simplifier la vie …
Les séances d’orthophonie pour l’aider à parler et à mâcher
Son langage en pâtissait et nous parlons deux langues à la maison, ce qui en soi n’est pas un problème mais n’aide en rien si l’enfant présente des difficultés. Ne mâchant pas, il n’articulait pas bien, des séances d’orthophonie l’ont beaucoup aidé dès la petite section et ce pendant cinq ans. Il a ainsi appris à souffler (ça paraît fou mais il ne savait pas souffler et donc se brûlait sur ses aliments), à appréhender toute sa sphère ORL et il y a alors eu quelques améliorations côté nourriture : il pouvait et savait désormais mâcher (il n’avait jamais petit mordillé de jouets ou fait ses dents sur des objets, il suçait simplement les oreilles de son lapin qui y ont d’ailleurs survécu). Son orthophoniste déménageant, j’ai trouvé une autre orthophoniste plus près de la maison et vraisemblablement au fait des problèmes de dysoralité. Hors le courant n’est pas passé, mon fils sortait souvent en pleurs des séances, fatigué et ayant faim (séance de 11h30 à 12h00) jusqu’au jour où devant les propos tenus par la spécialiste (mon fils ayant apparemment des troubles du comportement et des traits autistiques), la pédiatre (outrée de ses propos brutaux et sans ménagement) m’a conseillé d’en changer. Les places sont chères chez les orthophonistes, comprenez la liste d’attente est longue mais j’ai patienté et mon fils a pu être prise en charge par une adorable et douce orthophoniste qui l’a accompagné jusqu’en milieu de CE2 où il a refait un bilan. Les résultats étaient au rdv, Nicholas était désormais dans la moyenne en lecture et en language.
Je m’étais aussi aperçue aussi qu’il était très sensible aux odeurs : il ne supporte pas celle du chocolat, et aux couleurs : le vert, l’orange et le rose sont importantes pour lui. Parmi les jeux proposés par l’orthophoniste, il a découvert le loto des odeurs et il est ressorti qu’il aimait en effet bien plus certaines odeurs que d’autres, souvent associés à des textures, la vanille est quelque chose d’assez “velouté” , ainsi nous lui avons proposé de la moutarde douce, dont l’aspect (couleur et texture) lui correspondait et il a ainsi goûté. Ne serait-ce que goûter une minuscule bouchée était déjà pour nous une énorme victoire !
Certains orthophonistes formés à des techniques de “désensibilisation” par Mme Senez sont capables de pratiques des massages de la bouche pour désensibiliser le palais et les zones responsables des hauts de coeur. Pour en savoir plus, voici son site : www.aod-formation.fr . Il existe même une forme de “brosse sensorielle“, permettant d’effectuer ces massage plutôt qu’avec le doigt. Nous ne l’avons pas testé correctement, le processus est contraignant, devant être répété plusieurs fois par jour. Et par expérience focalisé sur le problème d’alimentation chaque jour n’a fait qu’aggraver les choses. De plus mon fils ne souffrait d’aucun retard de croissance, alors des fois je laissais tomber devant la lenteur des progrès.
Suivi psychologique pour l’ouvrir aux autres
Mon fils avait aussi des réactions “bizarres” face à l’eau froide, le toucher de certains objets ou aliments, des discours très matures pour son âge, un questionnement perpétuel. Il n’était pas toujours très ouvert aux autres, de nature sérieuse il avait les personnes qu’il affectionnait de façon très marquée ne laissant pas de place aux autres. Dans l’année de son entrée en maternelle, une amie m’a parlé d’un psychiatre qui aidait les enfants dans son cas, j’ai alors pris rdv et mon petit bonhomme d’à peine quatre ans allait une fois par semaine dans le bureau de ce grand monsieur pendant quinze minutes sans que je sache trop ce qui s’y passe. Mais les progrès sont apparus et ont été remarqués par des amis qui ne nous voyaient pas souvent et ont noté combien mon fils était devenu plus accessible. A l’aide de ce pédopsychiatre, Nicho s’est ouvert au monde extérieur, il est devenu plus sociable et a accepté quelques nouveautés dans son alimentation : comme des saucisses et de nouveau yaourts.
L’hypnose pour traiter l’alimentation sélective
Toujours en recherches d’informations sur le sujet, et ayant découvert le site Phobie Alimentaire, créé par une jeune femme ayant souffert de néophobie alimentaire elle-même, j’ai rejoint un groupe Facebook privé regroupant des parents d’enfants et patients dans le même cas que mon fils. J’ai ainsi découvert qu’il existait des hypnothérapeuthes anglais spécialisés sur le sujet. Ayant ma belle famille habitant près de Londres, j’ai pu prendre rdv avec Elaine Hodgkins . En novembre 2014, mon fils a alors cinq ans, je l’ai rencontrée à Londres dans une petite pièce pour une séance d’hypnothérapie. Je ne dirais pas que cela a marché, Nicholas ne s’est pas laissé “prendre au jeu” même s’il comprenait bien la langue anglaise, mais avec toute l’agitation environnante de la capitale, le calme était difficile, il a cependant joué sur le sol avec ses cartes pokemon pendant qu’Elaine lui parlait et me donner des conseils. Parmi ces conseils, j’ai retenu celui de l’importance de la vue dans l’alimentation des enfants. Je savais que mon fils était sensible aux couleurs dans son alimentations et donc commence par lui propose les mêmes aliments de la couleur orange par exemple sous la forme solide à côté de sa purée orange était déjà une étape, il faut en effet une accoutumance visuelle, qui ne peut se faire qu’à force de nombreuses répétitions. Elaine m’a aussi suggéré de lui proposer toujours plusieurs options côte à côte dans des petites assiettes différentes puis dans la même : purée et riz, purée et haricot, purée et semoule, purée et pâtes encore une fois pour l’habituer visuellement sans pour autant lui demander de goûter et ne jamais le forcer. Un autre conseil reçu était celui de lui demander ce qu’il aimerait manger, et quand il a été en âge de me répondre, je me souviens avoir été extrêmement surprise de sa réponse : des burgers et des pizzas ! Elaine m’a enfin suggéré de noter dans un carnet avec lui ce qu’il mangeait, mais il était encore petit (cependant vous pouvez le faire sous forme de collage si vous avez tous les aliments en photo sous la main).
Je viens de retrouver plusieurs emails envoyés à Elaine dans les semaines qui ont suivi notre rencontre. Voici mon texte :
“Dear Elaine,
Just a quick email before going to bed to let you know that N. has now tried : coquillette pasta, orange colored pasta, a huge sausage, and a 100% vitamin orange juice. “
Le 100% était très important pour mon fils qui adore les chiffres. Plus je comprenais sa logique et son raisonnement intérieur, qui plus est : inconscient et non volontaire à cet âge, mieux les choses se déroulaient. Lui parler avec des chiffres nous a aidé dans notre cheminement. Nous avons ainsi échangé plusieurs emails et en les relisant, je réalise combien j’ai oublié ces tout petits petits progrès qu’il faisait lentement.
Enfin pendant la consultation, Elaine m’a fait remarqué ce que mon fils venait de faire au sol : trier et disposer ses cartes Pokemon par couleurs (type nuancier). Elle m’a alors suggéré d’explorer la piste du haut-potentiel intellectuel : hyper développement des sens, grande sensibilité et intellect étant intiment lié.
Aparté 1 : il faut savoir que la dysoralité et ce type de troubles de l’alimentation sont connus chez les enfants du spectre autistique mais bien plus méconnus chez les “enfants à développement normal”.
Aparté 2 : j’ai aussi essayé l’ostéopathie et une magnétiseuse pour l’aider à varier son alimentation. Le problème quand on mange toujours la même chose et du semi-liquide, ce sont les gastros . Les probiotiques nous ont sauvé l’année dernière alors qu’il manquait pas mal à l’école de par ses problèmes de digestion associés.
Les problèmes de vue et l’orthoptie : un handicap pour l’alimentation
Compte tenu du caractère un peu décalé de mon fils très porté sur les chiffres, l’univers, la création du monde, de ses obsessions pour certains sujets qui tournaient en boucle dans sa tête, j’ai décidé de le faire “tester”. Je venais moi-même d’être diagnostiquée à haut potentiel intellectuel (à l’âge de 34 ans). Il n’est pas ressorti de ce test un haut potentiel avéré, certes un QI élevé mais des scores hétérogènes ne permettant pas un diagnostique tranché.
Hors toujours en recherche d’information, mon chemin a croisé celui d’une autre orthophoniste sur Facebook, et de ma région qui plus est. Elle est l’auteur du site : www.oralite-alimentaire.fr qui connaît aussi la précocité intellectuelle chez l’enfant et m’a proposé d’analyser les résultats du test de mon fils. En est ressorti une faiblesse dans les tests sollicitant la vue. Elle m’a alors dirigée vers une orthoptiste de ma région au fait de ces troubles. Mon fils a ainsi entamé une ré-éducation car son oeil gauche sa fatiguait plus vite et avait tendance à partir sur le côté, problème plus probant depuis l’apprentissage de la lecture. Nicholas a alors été équipé de lunettes avec un prisme sur le verre de l’oeil a ré-éduquer.
Encore une fois, la vue joue un rôle plus important que nous le pensons en tant que parent dans l’apprentissage de la parole et dans l’alimentation. Depuis la fin du CE1, il porte donc des lunettes et les progrès dans son alimentation sont de plus en plus fréquents. Il demande lui même à goûter de nouveaux aliments et nous surprend toujours par ses choix : salade et vinaigrette, big mac, poulet sauce coco/curry, des chips nature salées, de la compote de pommes chaudes faite maison….
Nous sommes partis cet été en vacances à New-York et contrairement à d’habitude quand nous partons en Angleterre où je peux emmener avec nous ces produits laitiers pour le dessert ou ces plats préférés de chez Picard, il a du faire face tous les jours à de la nouveauté et il a pu gérer sans problème. L’ouverture à la diversité et à la nouveauté en général est un point important à considérer.
Mes lectures anglophones sur la dysoralité
De lectures en lectures sur le blog Phobie Alimentaire, sur lequel vous trouverez de nombreux témoignages, j’ai compris que mon fils n’était pas du tout un cas isolé et que je n’étais pas non plus la seule maman désemparée devant une telle situation dont les médecins n’ont que faire et qui finalement ne gêne que nous, jusqu’à un certain point…. En grandissant, je sais que Nicholas devra surmonter son blocage, pour faire comme les autres, être moins dépendant de telle ou telle marque de yaourts….
Et puis, il y avait toujours cette incompréhension entre lui et moi, et lui et son père. Pourquoi ne mangeait-t-il pas comme nous ? Préparer un repas pour lui, un pour le petit-frère et trois autres pour les autres ça commençait à agacer malgré tout surtout en fin de journée quand la fatigue de la semaine s’accumule. Quand dans le frigo il n’y a plus de desserts comme il faut, c’est le drame, les pleurs, la crise….
Alors quand je suis tombée sur des articles en anglais parlant de livres dédiés au SED (Selective Eating Disorders) et écrits par des anglais, je me suis dit que c’était l’occasion de me pencher sur la question pour avoir les bons mots (en anglais) pour que mon mari prenne aussi conscience de la réalité. Je voulais comprendre de quoi il s’agissait, pourquoi et comment ça pouvait arriver, comment faire pour l’aider…. Je voulais des solutions pour lui, pour nous, je voulais qu’il devienne « normal ». Je m’en suis procurée deux :
Le premier est écrit pour des ados : ce sont des ados mis en scène qui racontent leurs différents rapports avec l’alimentation. Je me suis dit que le point de vue était intéressant et fait pour aider les enfants à se comprendre et à se faire comprendre quelque soit leur régime.
Je me suis aperçue que l’auteur avait aussi écrit un livre pour les « grands » : un guide pour les parents. Mon mari, à ma grande surprise, m’a dit de l’acheter pour qu’on en sache plus. J’ai eu la chance que cet auteur soit londonien et que cela inspire confiance à mon mari de par ses origines britanniques.
Le premier livre m’a permis de comprendre que le problème de mon fils était une vraie pathologie, pas juste une phase, pas un caprice, pas un trait de caractère pourri. C’était une réalité qui avait valu le coup d’en parler dans un livre au même titre que la boulimie et l’anorexie, et là je me suis dit que c’était sérieux voire grave….
Le second livre m’a rassurée, car de toutes les formes de troubles de l’alimentation, l’alimentation sélective (SED) était peut-être la « moins pire ». Elle n’engendrait pas de dommages physiques irréversibles, l’alimentation bien que sélective restait toujours équilibrée, que ces enfants ne manquaient de rien et que tout s’arrangeait souvent avec l’adolescence (ce qui n’est peut-être pas si certain…)
Mais ce qui m’a aussi intéressée et intriguée, c’est que finalement cette alimentation sélective n’était peut-être que la face visible de l’iceberg. Mon fils est très émotif, il pleure beaucoup, a peu confiance en lui et a aussi tous ses sens en éveil : il sent et voit beaucoup de choses avant nous. Il n’aime pas le bruit, aime son lit, n’aime pas l’eau froide qui coule dans le bain, toutes ces choses bizarres qui le rende un peu spécial prenait alors du sens : elle formaient un tout. Et il n’était pas le seul dans ce cas-là, alors il n’était pas si différent si d’autres aussi réagissaient de la sorte.
J’ai compris qu’il fallait être patient, ne pas le forcer, ne jamais le forcer. J’ai compris que ce n’était pas ma faute et que seul lui pouvait décider de s’aider mais que son corps et son inconscient pouvaient l’en empêcher. J’ai compris qu’on ne maitrisait pas son corps et sa tête, j’ai compris qu’il y a des phobies qu’on ne traite pas toujours.
S’en est suivi une période de doutes et d’inquiétudes encore plus grande, moi qui avait laissé tomber, j’avais repris espoir en trouvant ses lectures … Mais en refocalisant sur son problème, je rendais de nouveau la situation difficile, il réduisait à nouveau son champs d’aliments. J’ai dû lâcher prise malgré moi.
En écrivant ces lignes, tout me paraît loin, même si je viens encore déposer ces deux laitages à la cantine. Au point que désormais quand nous partons quelque part en vadrouille, j’en oublie même de prendre son sac glacière car nous pouvons désormais presque partout lui trouver quelque chose à son goût. Il ne mange pas encore de tout mais comme beaucoup d’enfants de son âge en réalité, il a cependant une alimentaire plus que saine car il mange une quantité faramineuse de légumes et il aime le poisson. Aucune gourmandise sucrée, aucune carrie. Il y a finalement des avantages à ce fonctionnement très particulier. En partageant cette expérience de près de dix ans, j’espère pouvoir aider d’autres parents qui peuvent se trouver aussi démunis que je l’ai été mais heureusement, le problème est de plus en plus connu et pris en charge plus sérieusement par les professions médicales et para-médicales.
Marie
18 septembre 2018 at 13 h 26 minBravo et merci pour ce témoignage très complet qui en aidera plus d’un, c’est certain !!! Ce type de trouble est malheureusement peu connu et peu accompagné… ????
Parce que mon passé d’orthophoniste en CAMSP m’a sensibilisée à ce problème, j’ai tout de suite perçu les difficultés de mon dernier face à l’alimentation. La diversification n’a pas pu se faire avant ses 10 mois… Et les morceaux n’ont pas pu être intégrés avant 1 an 1/2 ou 2 ! Aujourd’hui encore, certaines textures peuvent être refusées… Et il garde ce comportement étrange de sentir et toucher les aliments qu’il ne connaît pas encore… ????
J’avais heureusement quelques outils et une certaine confiance en moi. J’ai donc passé beaucoup de temps à imaginer des assiettes créatives qui lui ont petit à petit permis de se familiariser avec la nourriture. Il a suffi en outre d’une séance de soin énergétique pour que les choses rentrent dans l’ordre.
Depuis une dizaine de mois, mon petit garçon (qui va sur ses 4 ans) est devenu gourmand ! Que dis-je glouton ! ????
Cette expérience, couplée à mon ancienne activité d’orthophoniste, m’a laissée le goût des belles assiettes et l’envie de faire de chaque repas un moment joyeux !
Je vous souhaite patience, force et imagination pour continuer d’accompagner ce petit bonhomme ! ????
Linda
10 octobre 2021 at 12 h 29 minBonjour j ai un bébé de 3 mois qui ne prend pas son biberon intégralement j ai tout essayé changement de lait ostéopathe….pouvez vous m aider
Sophie-Charlotte
24 octobre 2022 at 8 h 24 minJe ne suis malheureusement pas médecin ni spécialiste, essayez avec un orthophoniste spécialisé en disoralité,