PARCOURS : ELLE LANCE SON E-MAG CHRETIEN & FEMININ
En reprenant Pitimana, j’ai aussi reprise toute la boîte email de la plateforme et j’arrive enfin à la fin de tous les “non-lus”. J’ai toujours un peu de mal avec la messagerie de Gmail et ses onglets : notifications, promotions,… qui je trouve ne classe pas toujours comme je le souhaiterais les messages que je reçois. Alors une fois par semaine, je jette un oeil pour être sûre de ne pas manquer de messages importants et cette semaine je suis tombée sur la newsletter de l’e-mag : Zélie que je ne connaissais pas. J’ai vite identifié qu’il avait été lancé par une femme et que son profil pourrait être tout aussi intéressant que ceux des entrepreneuses que je présente habituellement ici. Voici donc le parcours et le projet de Solange (prénom de ma grand-mère qui me manque tant en ce moment) qui a accepté de répondre à mes questions.
1.Quel est votre parcours, comment en êtes-vous venue au lancement de cet e-mag qui affiche près de 40 numéros au compteur ? Pourquoi ce nom ? Est-ce votre activité principale ou annexe ?
Écrire un magazine a toujours été une passion pour moi. De mes 10 ans à mes 18 ans, j’ai rédigé un mensuel qui s’appelait Le Petit Journal de Gris-Gris – un écureuil, oui, c’est plus logique quand on a 10 ans – et que j’imprimais pour une vingtaine de proches. J’aime l’idée d’une publication régulière, un peu comme un cadeau qu’on reçoit chaque mois, avec de nombreux articles à découvrir !
Après avoir voulu devenir professeur d’histoire, je me suis finalement dirigée, après un bac littéraire, vers la voie du journalisme : suite à deux ans de prépa littéraire et une Licence 3 d’histoire à la Sorbonne, j’ai suivi un Master de Journalisme au Celsa.
Puis j’ai passé un an et demi apprentissage chez Livres Hebdo, le magazine des professionnels du livre. Cherchant par la suite du travail, je suis sortie un jour d’un entretien où l’on m’avait dit qu’il n’y avait pas vraiment de poste disponible chez eux pour l’instant. Je me suis donc dit : “Puisque c’est ainsi, je vais lancer mon propre magazine !” En effet depuis quelques années, j’avais remarqué qu’il n’y avait pas de magazine féminin et chrétien catholique. Après une étude de marché grâce à un sondage en ligne, Zélie a été lancé en septembre 2015. Ce mensuel est numérique (sous forme d’un fichier) et, de ce fait, gratuit. Il compte plus de 12 000 abonnées aujourd’hui.
Zélie vient du nom de Zélie Martin, la mère de sainte Thérèse de Lisieux : elle a été déclarée sainte par l’Église peu après le lancement du magazine. Elle a vécu au XIXe siècle mais nous est assez proche : comme nombre de femmes d’aujourd’hui, elle jonglait entre travail (son entreprise de dentelle), famille (5 enfants), joies et soucis.
Le magazine Zélie est mon activité principale car il demande beaucoup de tâches : lire des livres, faire des interviews, échanger avec les collaborateurs du magazine et écrire les articles bien sûr, mais aussi s’occuper de la mise en page, de la vente des espaces publicitaires, de la communication ou encore de l’administratif.
Surtout, ce statut d’indépendante me permet d’être flexible sur mes horaires et de passer du temps avec mes enfants (de 20 mois et 4 ans). Se sentir rarement frustrée, ni dans la vie professionnelle, ni dans la vie familiale, est très précieux !
2. Pourquoi ce concept “100% chrétien”, quelles valeurs défendez-vous ? quelle est la mission de votre magazine ?
Zélie répond à une place vide dans le monde de la presse : il n’y avait pas de féminin catholique, et quand je lisais des magazines féminins, j’étais frustrée par l’absence de dimension spirituelle chrétienne. En effet, nourrir et enrichir sa foi par des lectures et des réflexions est très important quand on est chrétienne. Sans négliger la mode ou la beauté, car habiter son corps est également capital. Zélie souhaite proposer un moment de ressourcement dans toutes les dimensions de la personne : corps, coeur, âme et esprit. Échapper à l’injonction consumériste, que l’on trouve dans de nombreux féminins, fait partie du projet. Nous sommes aussi attentifs à montrer ce qui est beau et bon dans le monde ; par exemple, l’actualité est traitée sous l’angle des bonnes nouvelles.
3. Comment choisissez-vous les femmes que vous y mettez en avant et les articles/dossiers que vous développez ? Où trouvez vous votre inspiration numéro après numéro ?
Concernant les femmes évoquées, en général il y en a trois dans les numéros : une sainte canonisée, qui peut nous inspirer dans notre relation à Dieu et aux autres – dernièrement, sainte Véronique – ; une “femme dans l’histoire”, qui a eu un rôle ou un parcours inspirant – par exemple Édith Stein, philosophe et religieuse – ; et une femme rencontrée aujourd’hui – Emmanuelle Marly, romancière et cavalière, dans le dernier numéro. Ces femmes sont repérées au fil des lectures et discussions. Une collaboratrice est spécialiste des vies de saintes dans Zélie et un historien des articles sur les femmes historiques.
Concernant l’inspiration, c’est la magie du réel qui joue : quand on creuse un sujet, d’autres apparaissent ! Je suis émerveillée par les découvertes que je fais au rythme de mes lectures, j’ai l’impression parfois d’une formation humaine en accéléré. Les plus récents dossiers étaient “Mieux connaître et aimer la Vierge Marie”, “Créer avec ses mains” et “Accompagner les femmes fragilisées”. Souvent, je relie plusieurs initiatives repérées ou livres parus : soit assez rapidement, soit en maturant le sujet au fil du temps, jusqu’à la parution du dossier.
4. De plus en plus de magazines indépendants se développent en ligne et en version papier, quels conseils donneriez-vous aux entrepreneuses qui souhaiteraient lancer le leur ?
Il est important de réfléchir longuement en amont : quelle est ma ligne éditoriale ? A qui veux-je m’adresser ? La ligne et le public ciblé doivent être clairement identifiables. La question du format est très importante, dans sa dimension économique notamment. Un magazine papier nécessite d’importants investissements financiers et c’est un secteur fragile. A vrai dire, je ne suis pas vraiment à même de donner des conseils économiques car le modèle de Zélie est minimaliste. Il me semble surtout important que Zélie soit pérenne, quitte à se développer davantage un jour si l’occasion se présente.
De même, quand on crée un média, mieux vaut ne pas hésiter à suivre une formation en journalisme, car quand ce n’est pas le cas, on voit tout de suite des erreurs professionnelles : articles promotionnels ou sponsorisés, questions mal posées, articles où l’on n’apprend rien… Cela dit, ce sont des écueils dans lesquels on peut facilement tomber.
Et surtout, ne pas hésiter à suivre son désir profond : réfléchir à la viabilité économique, oui, mais en étant alignée avec ses valeurs ! C’est une liberté qui n’a pas de prix, malgré les inconvénients du travail indépendant (solitude, porosité entre vie professionnelle et personnelle). Il y a une vraie joie à sentir qu’on a pu procurer un moment de bonheur, ou tout au moins de ressourcement, à ne serait-ce qu’une personne !
Pour découvrir le magazine
et le recevoir dans votre boite e-mail :
Anne
11 février 2019 at 8 h 41 minRavie de retrouver Zélie ici ! 🙂
Un grand Bravo à Solange !!