ENTREPRENDRE, Parcours, Photographie

Photographie – Montre-moi tes mains

Maeva est photographe et son travail a tout de suite attiré mon attention, me rappelant le projet d’expo photo que j’ai monté avec une autre photographe de talent – Sarah Couturier – en 2016. L’important des mains dans le travail des entrepreneuses créatives est si central qu’il en devient banal. On oublie trop souvent leur importance capitale. Sans elles rien de tout cela n’existerait. Maeva capture ces parties de nous qui nous gouvernent pourtant. Elle publie sur son site les portraits d’artisans dont elle a su capturer la sensibilité.
“C’est ici que je partage avec vous les rencontres que j’ai pu faire. Chaque article est une porte ouverte sur un atelier et est accompagné d’un texte, d’une captation sonore et de photos pour une immersion totale. Détails, textures et gestes racontent les personnes qui m’ont fait confiance.”
1. Quelle est votre histoire et votre parcours ?
 
J’ai un parcours très atypique et avec le recul, je me rends compte qu’il fait de moi qui je suis aujourd’hui et de comment j’en suis arrivée à sauter le pas pour vivre de ma passion. J’ai passé une grande partie de mon enfance à l’étranger avec mes parents. Lorsque nous sommes revenus en France, j’entrais au lycée et tout ne s’est pas très bien passé. J’ai eu énormément de mal à m’intégrer dans une classe où la plupart des élèves avaient beaucoup d’aprioris et peu d’ouverture d’esprit. J’ai très vite été pointée du doigt puisque je revenais d’un pays musulman. Mon année de première littéraire s’est très mal passée et c’est en milieu de terminale que j’ai décidé d’arrêter le lycée et de ne pas passer mon bac. J’ai très vite trouvé un poste d’assistante communication dans le Centre social de la vie où j’habitais. Pendant six mois j’ai énormément appris mais surtout, j’ai été formée au graphisme et au web. Je m’occupais également de faire les photos des activités pendant les vacances scolaires.
 
Mon contrat terminé, j’ai décidé de monter sur Paris. J’ai alors retrouvé le même poste dans une association d’ateliers cinéma où je suis restée trois ans. Le fait de ne plus être sur le terrain dans mon boulot m’ennuyait beaucoup et je n’aime pas être assise devant un ordinateur toute la journée. J’ai très vite ressenti le besoin de rencontrer de nouvelles personnes et de recommencer la photo que j’avais abandonné (Paris ne m’inspirait pas du tout à cette époque). J’ai pensé qu’un blog était l’endroit idéal afin de regrouper toutes mes passions et un bon prétexte pour aller vers les autres. Malheureusement, le manque de confiance en moi et la peur de l’autre m’ont très vite bloqué. Complètement perdue dans ma vie professionnelle et personnelle, j’ai fait appel à Anouk du blog Talented girls afin de suivre un coaching d’un mois pour me permettre de réfléchir à mon projet et de le lancer.
 
Deux mois plus tard est né mon premier blog « Montre moi tes mains » sur lequel je n’ai publié qu’un seul portrait, celui d’un cafetier colombien. En novembre 2016, mon contrat de travail arrivait à son terme. J’ai donc décidé de me lancer dans l’entreprenariat et de devenir photographe de reportages et portraits pour les artisans / créateurs. 
 
 
2. Pourquoi vous intéressez-vous au fait-main et à l’artisanat et plus particulièrement aux femmes ?
 
L’Art et l’artisanat m’ont toujours touché. Petite déjà, j’adorais créer avec mes mains, faire du bricolage, des collages, des herbiers… À l’école, ma matière préférée a toujours été l’art plastique et c’est donc tout naturellement qu’au lycée, j’ai suivi une section littéraire option Arts. L’artisanat a constamment été présent les dimanches après-midi avec les reportages de TF1. Les artisans / créateurs sont des personnes qui s’expriment par leur art et leur savoir-faire. Chaque création est bien plus qu’un simple objet, il contient l’histoire de la personne qui l’a façonné. Je trouve que tout est touchant dans cet univers : les gestes, les matières, les sons.
 
Lorsque je me suis lancée en tant que photographe, il fallait que je me crée un portfolio. J’ai pris contact avec des créatrices dont le travail m’inspirait et que je suivais sur Instagram. Aurélia de la marque Whole Paris a été la première à me faire confiance et à m’ouvrir les portes de son atelier / boutique. De fil en aiguille, je n’ai rencontré que des femmes, sans forcément le vouloir. Aujourd’hui, je réfléchis sérieusement à m’orienter uniquement pour les créatrices / entrepreneuses. Toutes les rencontres que j’ai pu faire ont été super enrichissantes et m’ont énormément apporté. Lorsque je discute avec ces femmes, nous parlons non seulement de leur savoir-faire mais aussi de leur parcours, leurs problèmes d’entrepreneuses, leurs projets, etc. Étant moi-même concernée, j’aimerais leur donner davantage la parole : partager et transmettre leurs histoires afin d’inspirer d’autres femmes.
 
 
3. Quel est ce projet que l’on découvre en image sur votre site ?
 
Sur mon site, je propose différentes séances photo de plusieurs durées différentes. Je suis convaincue que lorsque l’on est une petite entreprise, il est important de partager ses valeurs et son histoire si l’on souhaite attirer des clients qui nous ressemblent. Aujourd’hui, il est beaucoup plus impactant d’avoir de belles images pour toute sa communication (réseaux sociaux, site web, évènements) et pour sortir du lot. Acheter du fait-main c’est bien mais les gens adorent savoir qui se cache derrière la marque, comment les produits sont fabriqués, découvrir l’atelier, etc. Le but de ces séances c’est également de se faire plaisir, de prendre un moment pour soi et d’avoir de beaux souvenirs. D’ailleurs, je propose aussi des coffrets pour chaque séance commandée avec des tirages papier et un album photo.
 
Sur le journal, on peut retrouver les portraits des créatrices qui m’ont fait confiance. Chaque article est une porte ouverte sur un atelier. On découvre la rencontre, le lieu de travail, le savoir-faire, les gestes, les textures, les sons, ainsi qu’un portrait. L’idée étant de partager l’intimité de la personne sans la déranger mais surtout de créer une immersion pour que le lecteur se croit lui-même dans l’espace. À aucun moment du reportage on ne peut voir le visage de la créatrice et c’est une idée voulue. Lorsque j’étais assistante de communication, j’avais beaucoup de relations téléphoniques avec des prestataires et souvent, je m’amusais à deviner à quoi ils pouvaient ressembler. La plupart du temps, lorsque je les rencontrais, je me rendais compte qu’ils ne correspondaient absolument pas à l’image que je m’étais faite d’eux. J’ai voulu recréer ce petit jeu dans les articles. J’avais aussi envie de faire tomber ces préjugés que l’on peut tous avoir sur la beauté, la nationalité, la religion, la maladie…
 
 
4. Quels conseils donneriez-vous à celles qui ont comme vous une belle idée en tête et souhaitent passer à l’action ?
 
Je crois qu’avant tout, qu’importe notre idée, rien n’est fou. Si c’est quelque chose qui nous parle au fond, c’est pour une raison précise. Pour faire évoluer cette petite étincelle, il ne faut pas hésiter à être curieuse même sur des domaines qui ne sont pas forcément liés : lire des livres et notamment sur le développement personnel (les livres Eyrolles de la collection « Les blogueuses créatives » ou les Éditions Jouvence) mais aussi tout ce qui peut nous inspirer, se balader sur les réseaux sociaux (Pinterest, Instagram), les blogs, les sites web de formation (Blogschool, Empara) et faire du sport ou une activité artistique qui nous permet de nous exprimer différemment (danse, poterie, écriture, yoga…). Personnellement, ce qui m’a surtout boosté, c’est d’avoir le soutien sans faille de ma famille, de l’homme qui partage ma vie et de mes amis. Il est très dur de mener à bien ses projets lorsque vous êtes seule face au reste du monde et que les seules paroles que l’on vous dit sont :  « Mais c’est juste une passion ! Pas un métier ! », « Comment vas-tu pouvoir gagner ta vie ? » et j’en passe. Le dernier point est sans aucun doute d’aller à la rencontre d’entrepreneuses ou de femmes qui ont le projet de se lancer. Proposer d’aller boire un café pour échanger ne coûte rien et vous serez surprise des bénéfices que cela peut avoir ! C’est une bonne façon de se créer un réseau.
 
L’important c’est avant tout de s’écouter, d’écouter la petite voix au fond de soi et de ne pas avoir peur de la laisser s’exprimer. Au plus vous l’ignorerai, au plus elle reviendra à la charge. Depuis que j’ai crée mon entreprise, je fonctionne beaucoup à l’instinct et j’écoute mon cœur plus que ma raison. Ainsi, je ne regrette absolument pas tout ce qui a pu se présenter à moi. Grande fan de citations que je partage tous les jours dans mes stories instagram, je finirai par celle-ci : « Ne renoncez jamais à un rêve juste à cause du temps qu’il faudra pour l’accomplir. Le temps passera de toute façon. » – Earl Nightingale

1 Commentaire

  1. Maeva Allio, photographe des mains qui créent - Et si deux mains

    8 septembre 2018 at 14 h 40 min

    […] de ces articles est en effet conçu comme une « porte ouverte » sur l’atelier concerné. Avec la part belle faite aux photos, mais aussi, comme […]

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