Novembre : on s’initie à la teinture végétale
Je vous ai déjà un peu parlé de teinture naturelle à travers le parcours d’une entrepreneuse créative, Gaëlle, que j’ai eu la chance d’accueillir ici sur le blog. Etant moi-même en pleine réflexion sur mon rapport à la nature et la place que cette dernière devrait occuper dans ma vie, j’ai eu envie de vous reparler de cette technique mais cette fois pour vous la faire découvrir et peut-être même qui sait, vous donner envie de vous initier en cette fin d’année ou en 2019 (et oui déjà !).
J’ai donc posé quelques questions, comme à mon habitude désormais depuis le début de ma série “Une année pour s’initier” à une nouvelle pratique créative. Il s’agit cette fois de Lili Bohême qui a su répondre avec précision à mes questions. Vous pourrez aussi aller découvrir son univers sur son compte Instagram, nul doute que vous aurez comme moi vite envie de plonger les mains dans la couleur… naturelle de préférence !
1.Qu’est-ce que la teinture végétale ? D’où cette pratique vient-elle ? Comment l’avez-vous découverte ?
Pour moi la teinture végétale est avant tout une magie des couleurs et un jeu. J’y suis venue naturellement puisque mon travail (et ma philosophie de vie) consiste à utiliser ce qui existe déjà ainsi que la nature, pour créer mes tissus et des objets de décoration. Je n’ai rien inventé car cette pratique existe depuis la préhistoire avec l’usage des ocres (colorant minéral) et autres plantes colorantes. Durant toute l’histoire, que ce soit en Asie, en Egypte ou en Europe, l’utilisation des plantes (indigo, garance …) pour teinter les tissus est connue. L’époque de la culture du vers à soie en Asie, vers 3000 avant JC marque également le développement des ateliers de tissage et de la teinture végétale. Les Romains vont ensuite industrialiser et amener la technicité.
Au Moyen-Age, la teinture sera même considérée comme une activité diabolique par l’Eglise car assimilée à de la magie maléfique. Puis l’ère industrielle et la chimie auront raison de la teinture végétale pour donner naissance aux teintures chimiques plus performantes et plus économiques. Je suis arrivée à la teinture végétale car je cherchais un procédé pour teinter mes coupons de lin et de chanvre sans passer par les teintures chimiques. Je me suis renseignée et j’ai surtout commencé mes essais toutes seules (après tout on tâche bien ses vêtements en ramassant des mûres, pourquoi ne pas utiliser ce fruit pour obtenir un violet ?)
2.De quel matériel a-t-on besoin pour commencer ? Où peut-on exercer cette discipline ? Dans quelles conditions ?
Pour commencer, il faut savoir que le matériel utilisé pour la teinture ne pourra plus être utilisé pour la cuisine (tâches, plantes utilisées non comestibles …)
Il faut de grandes marmites (type faitout), en émail, aluminium ou cuivre, des cuillères en bois, une balance, une passoire et de vieux linges pour filtrer les bains, des gants, un tablier et des mordants (type alun). Concernant les mordants, il s’agit d’une étape préparatoire à la teinture qui permet d’obtenir différentes nuances avec la même plante et de fixer la teinture. Cette activité peut se pratiquer chez soi, dans sa cuisine. Il faut toujours avoir en tête que la teinture tâche donc faites place nette, protéger votre plan de travail et attention aux éclaboussures. Evidemment, un espace type ancien évier dans une buanderie ou un atelier est l’idéal mais tout le monde n’en possède pas.
C’est une activité simple à faire, qui ne nécessite pas d’investissement importants et qui se pratique facilement chez soi. Et puis même quand on débute et que l’on tâtonne, les erreurs sont la plupart du temps jolies même si le résultat obtenu est différent de ce que l’on avait imaginé. Je conseille également de se renseigner sur les bases de la teinture avant de se lancer (livres, internet, atelier …)
3.Quels sont les bienfaits de cette activité créative ? En quoi cette discipline se distingue-t-elle des autres que vous pratiquez aussi ?
J’aime la teinture végétale avant tout pour son côté magique. Je ne me lasse jamais du tissu que je plonge dans le bain de teinture et des nuances qui le colorent. J’adore faire des mélanges de bains pour obtenir des nuances différentes. C’est une activité qu’il faut pratiquer pour pouvoir se l’approprier et avoir ensuite son propre nuancier. Et puis c’est une activité estivale et automnale en ce qui me concerne, au moment où la nature est la plus généreuse pour y récolter les plantes et les fleurs. C’est la partie de mon travail qui me connecte le plus à la nature et en ce point elle est différente de mon travail de créations ou de chine, mais elles se complètent à merveille.
4.Quels sont les 3 raisons pour lesquelles vous recommanderiez de s’initier à cette pratique en 2019 ?
Certes, la teinture végétale est très tendance mais elle aide surtout à comprendre le monde qui nous entoure et à y être attentif : récolter les végétaux permet de se reconnecter à la terre et au vivant. On ralentit le rythme car la teinture végétale est aussi une école de la patience (il faut parfois attendre plusieurs jours pour obtenir la nuance voulue).
Je vais à nouveau parler de la magie mais c’est pourtant un des points qui me fascine le plus dans cette pratique : obtenir une couleur à partir d’une plante, d’une fleur ou d’un fruit procure un bonheur immense.
Et pour terminer, je dirais que la teinture végétale évite les fautes de goût : en effet, les teintes obtenues avec ce procédé se marient à la perfection entre elles. C’est le pouvoir de la teinture naturelle, les couleurs se parlent entre elles sans jamais se contredire.
Pour suivre Lili Bohême :
- son site : Lili Bohème
- son Instagram : @lili.boheme
Pour approfondir la teinture végétale et le magie des plantes :
- le magazine américain : Plants are magic
- Teintures Végétales aux ed. Eyrolles d’Aurélia Wolff
A l'ombre du cactus
27 novembre 2018 at 10 h 07 minMerci pour ce bel article. Je suis Lili Bohème depuis quelques temps maintenant et c’est un bonheur de lire ces lignes sur la teinture végétale 🙂